Cette décision pourrait avoir un effet domino sur une procédure similaire engagée à Maurice. La Haute cour commerciale d’Angleterre et du Pays de Galles, à Londres, a annulé le lundi 30 juillet le gel réclamé au niveau mondial par l’Angola, il y a trois mois, sur les actifs du groupe suisse Quantum Global. Celui-ci est dirigé par l’homme d’affaires Jean-Claude Bastos de Morais.

Luanda avait approché l’Hôtel du gouvernement en mettant de l’avant que Jean-Claude Bastos de Morais aurait obtenu frauduleusement la gestion du fonds souverain angolais, le Fundo Soberano de Angola (FSDEA). Rien que parce qu’il est l’ami et ex-associé de José Filomeno dos Santos, le fils de l’ex-président angolais José Eduardo dos Santos. Et qu’il a utilisé l’argent censé être réinvesti à travers des sociétés offshore installées à Maurice dans des projets personnels.

Après des années de règne sans partage, José Eduardo dos Santos avait cédé les rênes du pouvoir à Joao Lourenço. Celui-ci a remercié José Filomeno dos Santos de la direction du FSDEA en début d’année après avoir été alerté par la National Crime Agency (NCA) britannique d’un virement suspect de 500 millions de dollars sur le compte d’une de ses sociétés à Londres. Le nouvel homme fort angolais a alors estimé qu’il fallait retirer le contrat de gestion du FSDEA à Quantum Global.

Trois semaines après avoir saisi la Financial Intelligence Unit (FIU) mauricienne pour bloquer les Rs 17 milliards contenus dans différents comptes en banque dans l’île, Luanda s’est tourné vers la justice britannique. Elle a fait ressortir qu’un ordre doit être émis afin que Jean-Claude Bastos de Morais ne puisse disposer des 3 milliards de dollars, soit l’équivalent de Rs 101 milliards, qui lui ont été confiés en 2013, en disant craindre qu’il ne dilapide le tout.

Après avoir analysé les faits, la justice britannique considère que les représentants légaux du FSDEA l’ont induite en erreur. Notamment pour «breach of the duty of disclosure» sur sept points. Entre autres, le juge Andrew Popplewell souligne que Luanda a omis de lui préciser que Jean-Claude Bastos de Morais avait été désigné gestionnaire du Petroleum Fund angolais en 2012, soit bien avant que le fils de José Eduardo dos Santos n’ait été nommé à la direction du FSDEA.

Le juge Popplewell avance également que «there was non-disclosure and a failure to make a fair presentation» du «track record» de Quantum Global, lequel a géré le portefeuille de la Banco Nacional de Angola valant 2,3 milliards de dollars. Sans compter 1 milliard de dollars en «private equity». De plus, il fournissait à Luanda des rapports réguliers sur ses placements sur une base mensuelle.

Il déplore que Luanda ait voulu faire croire qu’en ayant recours à l’offshore mauricien, Quantum Global voulait masquer à Luanda ses transactions. «It is now accepted that Mauritian limited partnership structures are commonly used as private equity investment vehicles», écrit-il. Il a quand même émis une injonction temporaire jusqu’au 10 août sur une somme réduite de 560 millions de dollars afin de donner le temps à la FSDEA de se tourner vers la Cour d’appel.

Quantum Global, de son côté, indique avoir été désigné pour la gestion des fonds du FSDEA après un exercice de sélection rigoureux, que les frais qui lui ont été payés étaient aux normes et qu’on ne peut l’accuser de conflit d’intérêts.

Jean-Claude Bastos de Morais s’est réjoui de cette décision et explique que le gel de ses actifs a eu un impact négatif sur des investissements en Angola et sur le continent africain. Il ajoute que ses employés en Angola, à Maurice et en Suisse n’ont également pas été rémunérés depuis plusieurs mois et rappelle qu’il conteste également le gel de ses actifs par la cour suprême mauricienne. «Je reste ouvert à un règlement à l’amiable du litige qui nous oppose dans un souci de contribuer encore au développement économique de l’Angola et de l’Afrique», a-t-il fait savoir par le biais d’un communiqué.

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