Dès que le coronavirus a commencé à se propager à travers le monde, au début de 2020, il est devenu de plus en plus clair que le seul moyen de sortir de la pandémie serait que la marjorité des personnes obtiennent une immunité – que ce soit par une infection naturelle ou par la vaccination. Le concept d’immunité collective est devenu l’objectif implicite dans de nombreux pays, considéré comme le terminus, le point où nous cesserions de nous inquiéter du virus et commencerions à vivre normalement.

Au début, le seuil d’immunité collective ciblé était estimé à environ 60 à 70 % de la population. Mais à mesure que les vaccins ont été développés et que la distribution s’est accélérée, les estimations du seuil ont commencé à augmenter. En effet, les calculs initiaux étaient basés sur la contagiosité de la version originale du virus. Les nouvelles variantes qui circulent actuellement dans un certain nombre de pays ont été jugées plus transmissibles. L’efficacité des vaccins a également un impact sur le seuil de l’’immunité collective, étant donné que la plupart des pays utilisent simplement les vaccins sur lesquels ils peuvent mettre la main, certains avec une efficacité aussi faible que 50 %. En conséquence, les experts calculent désormais le seuil d’immunité collective à au moins 80 %. Si des variantes encore plus contagieuses se développent, ou si les scientifiques constatent que les personnes immunisées peuvent encore transmettre le virus, le calcul devra être revu à la hausse. S’il est théoriquement possible d’obtenir une couverture vaccinale d’au moins 80 %, cela est peu probable.

À ce stade, les enfants et les femmes enceintes ne peuvent être vaccinés. Les personnes souffrant de certaines conditions médicales ont été avisées de ne pas se faire vacciner et un certain nombre de personnes ne veulent tout simplement pas être vaccinées. Il nous reste donc à nous demander si l’immunité collective est possible, que ce soit à Maurice ou dans d’autres pays.
Comme nous l’avons vu récemment aux Seychelles, le nombre de cas est en augmentation, même si plus de 60 % de la population a déjà été vaccinée. Plutôt que de considérer cela comme un échec du vaccin, il est important de comprendre le taux de transmission du virus, les variantes présentes et si les personnes contaminées ont effectivement reçu les deux doses du vaccin. 65 % des nouvelles contaminations aux Seychelles provenaient en effet de personnes non vaccinées ou n’ayant reçu qu’une seule dose.

Un point important à noter est que les vaccins sont destinés à réduire la probabilité de mourir du virus et à réduire la transmission du virus. Les vaccins ne sont pas et n’ont jamais été utilisés pour assurer une protection à 100 % contre la contamination.
Une chose qui devient de plus en plus claire est que le virus deviendra très probablement une menace gérable qui continuera à circuler pendant des années, provoquant toujours des hospitalisations et des décès, mais en beaucoup plus petit nombre.

Le virus évolue trop rapidement, de nouvelles variantes se propagent trop facilement et la vaccination progresse trop lentement pour que l’immunité collective soit à portée de main de sitôt.
Si le seuil d’immunité collective n’est pas atteignable, ce qui compte le plus, c’est le taux d’hospitalisations et de décès après l’assouplissement des restrictions pandémiques. En se concentrant sur la vaccination des plus vulnérables, ces chiffres devraient fortement diminuer. Si les niveaux de vaccination de ce groupe continuent d’augmenter, on s’attend à ce qu’au fil du temps, le coronavirus devienne saisonnier, comme la grippe.

Le terminus a changé, mais le défi le plus pressant reste le même : persuader autant de personnes que possible à se faire vacciner. Aujourd’hui, mettre l’accent sur les avantages de la vaccination pour leur vie, comme voir un membre de leur famille ou envoyer leurs enfants à l’école, pourrait être plus motivant que l’idée nébuleuse de l’immunité collective. Il est important que les gens comprennent qu’avec le temps, s’il n’y a pas assez de personnes protégées, des variantes hautement contagieuses peuvent se développer et peuvent ainsi briser la protection vaccinale, envoyer des personnes à l’hôpital et les exposer à un risque de mort.

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