Ce sont les pauvres et les plus vulnérables, soit les personnes âgées et les marginalisés, qui sont les plus touchés par la pandémie du Covid-19 qui déferle actuellement en Espagne. Le taux de contamination au sein des quartiers ouvriers est sept fois supérieur que dans les quartiers bourgeois à Barcelone indique le quotidien britannique The Guardian dans son édition de ce matin.

Une carte interactive dressée par le gouvernement régional du Catalan démontre que ce sont surtout les quartiers pauvres de la capitale espagnole qui sont les plus affectés. Le pays a pu rebondir après la crise économique de 2008, mais le taux de chômage est de 13,7%, ce qui est plus du double de la moyenne européenne alors que le chômage chez les jeunes atteint les 30,6%.

Près de la moitié de la population espagnole arrive difficilement à joindre les deux bouts et la pauvreté touche majoritairement les enfants, les migrants et les gitans. Le gouvernement catalan indique que sur 100 000 personnes, 533 de cas d’infections sont issus de la classe ouvrière. Comparativement, ils sont 77 de la bourgeoisie. Les chiffres pour le premier segment est de 604 à El Prat de Llobregat et 597 à Badalona.

Ce sont surtout ceux considérés comme faisant partie des services essentiels et qui sont mal payés qui sont les plus exposés au virus. «Il s’agit des gens qui travaillent dans les centres commerciaux, les supermarchés et dans les maisons de retraite. Notamment les cleaners qui n’ont aucun équipement de protection, ni masque », déplore Nani Vall-llosera, une généraliste de Barcelone.

«Ils sont infectés et rentrent chez eux pour contaminer leurs proches car ils n’ont pas possibilité de s’isoler s’ils vivent dans un minuscule appartement. Etre pauvre et avoir une santé défaillante est un cercle vicieux. Plus vous sombrez dans la précarité, plus vous avez la possibilité de tomber malade. Ce risque augmente dans un quartier où le coronavirus est concentré», explique-t-elle.

Comme elle, nombreux sont les médecins espagnols qui mettent à l’index les coupes dans les budgets de la Santé, à Madrid ou en Catalogne, soulignant que ces régions qui n’ont pas subi ces coupes gèrent mieux la pandémie. Manuel Franco, professeur en épidémiologie et l’université madrilène d’Alcalá et au Johns Hopkins School of Public Health, aux Etats-Unis, concède que les mesures d’austérité ont affaibli le système de santé publique.

Alors que l’Espagne entre dans sa troisième semaine de couvre-feu sanitaire, les inégalités sont plus apparentes. Ceux qui sont en première ligne, à l’instar des employés de supermarché, des agents de police, du personnel soignant et des pompiers, manquent de masques et d’épuisements de protection.

L’Espagne est aujourd’hui le troisième pays le plus infecté après les Etats-Unis et l’Italie. Il compte 104 118 cas d’infections pour 9 387 morts. Les Etats-Unis a recensé 215 344 cas d’infections pour 5 112 décès. L’Italie a enregistré 110 574 cas d’infections pour 13 155 morts. Six nouveaux cas viennent s’ajouter aux 3 312 décès en Chine dont le nombre de cas infectés est de 81 589.

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