Les 5 000 hommes et femmes à bord du porte-avion USS Theodore Roosevelt sont condamnés à vivre avec nouveau coronavirus malgré une contamination galopante à bord. Malgré une lettre dramatique de quatre pages écrite par le commandant Brett Crozier (photo), le Pentagone a refusé ce mardi 31 mars de faire évacuer le porte-avion qui a jeté l’ancre à Guam, dans le Pacifique.

Dans sa correspondance au commandement de l’US Navy et qui a été publiée dans le San Francisco Chronicle, le capitaine dit comprendre que «retirer la majorité de l’équipage d’un porte-avions nucléaire américain en cours de déploiement et l’isoler pendant deux semaines peut paraître une mesure extraordinaire». Mais, dit-il, «c’est un risque nécessaire».

Le capitaine rappelle que le test au Covid-19 ne peut pas démontrer si un marin est infecté, mais seulement après qu’il ait été contaminé. Sept des trente-trois membres d’équipage avaient été testés négatifs avant d’être trouvés positifs trois jours plus tard, souligne-t-il. Ils sont actuellement près de 80 qui ont été testés positifs.

Réponse du ministre de la Défense Mark Esper qui dit n’avoir pas lu la lettre : «Nous envoyons beaucoup de matériel et d’assistance au porte-avions à Guam. Nous envoyons des renforts en personnel médical et je suis heureux d’annoncer qu’aucun d’entre eux n’est gravement malade».

Brett Crozier explique qu’après la découverte des trois premiers cas de Covid-19 à bord la semaine dernière et la mise à quai du porte-avions, le virus a continué de se propager et une centaine de marins ont été testés positifs. Il a aussi tenu à rappeler le cas du Diamond Princess, le paquebot bloqué au Japon, dont les conditions de mise à l’isolement étaient nettement meilleures.

Mettant en avant « l’espace limité inhérent» à un navire de guerre transportant près de 5 000 membres d’équipage, le commandant fait ressortir que «la propagation de la maladie se poursuit et s’accélère». «Nous ne sommes pas en guerre. Il n’y a aucune raison que de jeunes marins meurent», fait-il comprendre.

Interrogé mardi par CNN, le secrétaire à la Navy par intérim, Thomas Modly, a indiqué que la base américaine sur l’île de Guam ne disposait «pas de suffisamment de lits à l’heure actuelle» pour héberger tous les marins du porte-avions. «Nous discutons avec les autorités locales pour voir s’il y a des chambres d’hôtel disponibles», a-t-il déclaré en évoquant la nécessité de continuer à assurer la sécurité du bâtiment et ses avions.

L’USS Theodore Roosevelt avait fait escale dans le port de Danang, au Vietnam, le 4 mars dernier alors que l’épidémie de Covid-19 avait déjà gagné des pays de l’Asie du Sud-Est. L’administration Trump avait alors justifié cette mesure pour contrer l’influence géostratégique de la Chine dans la région, soutenant qu’il n’y avait encore que très peu de cas au Vietnam.

L’île de Guam, de son côté, est dépassée par la pandémie. Elle compte 58 cas d’infections et deux décès.

Photo : Stars and Stripes

Facebook Comments