Retour à l’école, en théorie du moins, pour quelque 15 millions de jeunes Ougandais après presque deux ans de fermeture pour cause de coronavirus. Dans les établissements de Kampala, la capitale, cette « rentrée », lundi 10 janvier, a été largement consacrée à encourager les écoliers à porter correctement leur masque, à se laver les mains et à respecter, si possible, les règles de distanciation sociale.

Les élèves ont repris les cours une classe au-dessus du niveau où ils avaient arrêté leur cursus. Pour ceux qui n’ont accédé à aucune forme d’étude dans l’intervalle, le programme sera abrégé pour se concentrer sur les matières de base et leur donner une chance de rattraper leur retard.

Une augmentation de près de 200 % des cas
Cette réouverture intervient pourtant au milieu d’une quatrième vague de Covid-19 qui a entraîné une augmentation de près de 200 % des cas au cours des 14 derniers jours. En dépit d’un taux de vaccination très faible dans la population, les autorités affirment que la plupart des enseignants sont désormais vaccinés. Ce qui permet de rouvrir les salles de classe.

Des organisations de défense des droits des enfants avaient dénoncé cette fermeture, décidée en mars 2020, la plus longue jamais observée dans le monde, en alertant notamment sur les risques de travail forcé, de mariages d’enfants et de grossesses d’adolescentes. « Nous avons peut-être perdu une génération », affirme Mary Goretti Nakabugo, directrice exécutive de l’ONG Uwezo. Selon l’Unesco, seuls cinq autres pays – les Bahamas, le Belize, Brunei, la République dominicaine et les Philippines – ont imposé de telles fermetures au long cours à l’échelle nationale.

Un tiers des écoliers risquent d’abandonner leurs études
Résultat, plus de la moitié des écoliers ougandais ont cessé d’étudier, faute de pouvoir accéder à des cours à distance via la télévision, la radio ou Internet. Et un tiers d’entre eux risquent à présent de ne pas les reprendre. Les uns, parce qu’ils continueront à travailler pour aider leurs familles, les autres parce que leurs écoles resteront fermées.

Des propriétaires d’écoles ont dû jeter l’éponge, faute de pouvoir payer le loyer de leurs locaux ou rembourser leurs prêts bancaires. Entre-temps, nombre d’enseignants se sont reconvertis dans d’autres métiers, souvent plus lucratifs. Le gouvernement a mis en garde les écoles privées contre une augmentation des frais d’inscription et de scolarité, de nombreux parents craignant de ne pas trouver l’argent pour payer.

Le système éducatif ougandais mêle écoles publiques et privées, ces dernières étant gérées par des individus ou des institutions religieuses. Les fermetures menacent d’annuler des décennies de progrès éducatifs en Ouganda, l’un des premiers pays africains à avoir offert, en 1997, la gratuité pour l’enseignement primaire. Cette politique, financée par des donateurs, avait permis d’augmenter les inscriptions, de recruter des enseignants et de construire des écoles.

Source : La Croix

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