On joue sur une guitare désaccordée depuis des lustres. Certains chantent faux, d’autres ronronnent pour ne pas changer. Et dans ce capharnaüm musical, on cultive et on arrose avec passion la plante de la contradiction. Avec le vote du Copyright Bill, la discordance musicale est à son paroxysme. Certains jouissent de cette situation où la Mauritius Society of Authors (MASA) est morte et enterrée, d’autres cherchent des stimulants afin de donner encore un peu de souffle et d’énergie pour conserver ce bâtiment des artistes… ou les magouilles en son sein.

Dans cette valse à temps variables, on joue la carte de la solidarité, remplaçant les rancunes d’hier par une grande complicité, prônant l’unité. Pour combien de temps encore ?

Et pour pimenter tout ça, Facebook brise un tantinet cet élan, en exposant deux écoles de pensées, les pros et les anti Rights Management Society (RMS). Certes, la vague de contestation prend forme, mais elle risque de s’écraser avec une douce violence sur la plage… pour faire place à une nouvelle page. Et forcément sur le mur du réseau social, les « like » vont s’agiter, mais la contestation ne sera qu’une bouteille à la mer.

Le combat est louable dans certaines perspectives, mais un peu trop tardif. Et l’expression tend à devenir culturelle chez nous : « Apre lamor latizann ». Je ne prends ici position ni contre les uns (les artistes), ni contre l’autre (l’Etat). On a longtemps décrié la gestion de la MASA, son manque de respect envers ses membres, les copinages et arrangements entre « petits copains », tout en dénonçant les « hidden agendas » des représentants siégeant sur le Board.

Et la liste d’accusations et d’allégations est longue. Les protagonistes des deux camps, sur l’actuel champ de bataille, ont à un moment ou à un autre tenu des propos virulents sur la société des auteurs. Alors, au final, on se pose la question : ils veulent quoi, ces artistes ? Une société corrompue jusqu’à l’os ? Ou un renouveau ? Tout en prenant compte que la Rights Management Society, emballée avec Choonee et ses acolytes, a tout l’air d’être un cadeau empoisonné.

En parlant de Choonee. Sieur le ministre de la Culture se la coule douce, jetant tous les torts de la gestion de la MASA sur ses membres, alors que la direction de la société est sa prérogative, pour ne pas dire sa chasse gardée. Son ministère a toujours eu la mainmise sur les décisions de la MASA à travers ses nominés. Le naufrage de cette société est en grande partie de sa faute aussi : la décision de placer Meera Mohun à la tête de l’institution était la sienne. Il s’agissait de « redresser la société »… et, au bout du compte, le bilan de Choonee se révèle catastrophique. Alors, tout comme les artistes, notre ministre se doit aussi partager les responsabilités dans la fin de la MASA.

Avec son nouveau jouet, la Rights Management Society, Choonee rêve de miracle.

Si ce sera toujours un nominé politique, aiguillé par le ministère des Arts et de la Culture, pas besoin de conseiller spécial pour dessiner les contours de la RMS. « Dilo swiv kanal ». Elle va forcément suivre les traces de la défunte MASA. Dans tous les cas de figure, il est indéniable que Choonee a été mal conseillé.

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