Les divers protagonistes impliqués dans la rédaction des termes de la commission d’enquête qu’Ameenah Gurib-Fakim voulait mettre sur pied se succèdent à la barre. Au tour de Nadeem Hyderkhan de donner sa version des faits, ce jeudi 30 août.

Le juge Asraf Caunhye lui montre le communiqué émis le 17 mars. Etait-il responsable de la rédaction de l’ébauche des terms of reference ? Il a rédigé certains, d’autres non, répond Nadeem Hyderkhan, avocat au sein de Mohamed Chambers Law Offices. Il remet un document indiquant les parties qu’il a rédigées et sa première ébauche.

[blocktext align=”right”]Le juge Caunhye tance Yousuf Mohamed
Alors que Nadeem Hyderkhan est appelé à la barre des témoins, Yousuf Mohamed veut interroger l’avoué Gilbert Noël. Mais le juge Asraf Caunhye ne l’entend pas de cette oreille. Et le fait sèchement comprendre à Yousuf Mohamed. «Vous êtes un témoin. You should not interfere and interrupt the proceedings», lui a fait remarquer le président de la commission d’enquête alors que Me Mohamed demandait la permission de poser des questions. «This is interference, Mr Mohamed», assène le juge Caunhye. Yousuf Mohamed n’insiste pas : «In that case I give up, I will not insist.»[/blocktext]

«A good part of it was taken on board», fait remarquer le juge Caunhye, qui préside la commission d’enquête charge de faire la lumière sur les agissements de l’ex-présidente de la République. Oui, répond Hyderkhan. Qui précise cependant : «La première fois que j’ai vu le communiqué final, c’était lorsqu’il a été rendu public.»

Le juge Caunhye compare les différentes sections. Les tournures sont les plus mêmes, sauf pour un mot ou deux qui ont été modifiés çà et là. L’ébauche et le communiqué final sont presque identiques. A la demande du juge, Hyderkhan relate les circonstances dans lesquelles il a rédigé le draft terms of reference.

C’est Junaid Al-Khalifa, «une connaissance», qui l’a appelé le 14 mars, raconte l’avocat. Le message : Ameenah Gurib-Fakim souhaitait rencontrer Yousuf Mohamed. Hyderkhan le contacte comme demandé. Le Senior Counsel est d’accord  et les deux hommes se rendent le même jour à la State House, vers 18 heures. La locataire du Réduit est en compagnie de ses secrétaires et d’Al-Khalifa.

Ameenah Gurib-Fakim veut retenir les services de Yousuf Mohamed et leur relate les difficultés auxquelles elle fait face. «Il y a eu une discussion générale» entre le Senior Counsel et la présidente d’alors, se souvient Hyderkhan, «sur le tribunal et ses procédures». «Il n’y a eu aucune mention d’une commission d’enquête», précise l’avocat. Mohamed demande à la présidente de préparer une chronologie des événements et  indique qu’il rassemblera une équipe légale.

Une réunion a eu lieu le lendemain. Avec de nouveau le Senior Counsel, son junior, la présidente et Junaid Al-Khalifa. La chronologie des événements n’est pas encore prête. Hyderkhan, qui avait pris des notes la veille sur la mise sur pied d’un tribunal, les soumet à Gurib-Fakim qui y jette un œil. A la fin de la rencontre, elle s’entretient seule avec Yousuf Mohamed.

Celui-ci sort deux minutes plus tard. «Yousuf Mohamed m’a dit que la présidente réfléchissait à une commission d’enquête sur Sobrinho», raconte Hyderkhan. A qui il demande de rédiger des terms of reference. «Pour être honnête, je n’étais pas au courant de la législation autour d’une commission d’enquête», indique Hyderkhan aux juges Caunhye, Devat et Manna-Jugessur. Mais il se documente se soir-là. «So to me i twas clear tat cabinet approval was needed», poursuit le témoin. L’ébauche qu’il a rédigée était destinée à Yousuf Mohamed, précise-t-il : «Yousuf Mohamed asked to draft on Sobrinho and his companies.»

Le lendemain matin, Hyderkhan se rend à la State House, suivant deux appels manqués vers 8h30 et à la place de Yousuf Mohamed, qui ne pouvait s’y rendre. celui-ci lui indique avoir reçu l’ébauche des terms of reference de Gilbert Noël. L’avoué est déjà au Réduit lorsque Hyderkhan y débarque pour montrer son ébauche à la présidente, selon les instructions de Mohamed.

«La présidente m’a dit que je devais aider avec le ‘drafting’», déclare Hyderkhan. On lui montre une copie qu’a rédigée Noël. Hyderkhan leur indique qu’il a son ébauche sur son ordinateur portable, avec lui. La présidente veut y jeter un œil. «Je lui ai dit que pour instituer une commission d’enquête, elle avait besoin de l’aval du Cabinet», soutient Hyderkhan.

La suite du témoingnage de Nadeem Hyderkhan à suivre ici

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