Reculer pour mieux sauter ? Le vote qui devait avoir lieu ce 4 mars à Vienne sur le cannabis, reconnaissant ses utilisations médicales, a été repoussé à nouveau. La Commission on Narcotic Drugs (CND) des Nations unies devrait, cette fois, se prononcer le 4 décembre 2020.

Les Etats membres représentés au sein de la CND ont demandé plus de temps pour considérer les changements préconisés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), leurs implications et leurs conséquences. Dans les coulisses, on laisse aussi entendre que l’OMS devra aussi revoir la formulation de certaines de ses recommandations soumises en 2018. Des amendements qui ne devraient toutefois rien changer sur le fond : soit la reclassification du cannabis et de la résine de cannabis afin de favoriser la recherche sur les utilisations dans un cadre médical. (la suite plus bas)

Le président de la CND, Mansoor Ahmad Khan, a justifié le report du vote en invoquant la nécessité de «préserver l’intégrité du système de classement international». (lire le document ici)

Le président de la CND, Mansoor Ahmad Khan, a justifié le report du vote en invoquant la nécessité de «préserver l’intégrité du système de classement international». (lire le document ici)

Ce vote ayant une portée symbolique importante, ce délai supplémentaire n’est pas une mauvaise chose en soi, fait comprendre Kunal Naïk. Le directeur de plaidoyer de l’organisation non gouvernementale Pils est actuellement en Autriche dans le cadre de la 63e session de la CND, pour participer aux événements destinés à la société civile.

Les 53 pays qui doivent passer au vote – après un premier report datant de mars 2019 – ne sont pas tous sur la même longueur d’onde, rappelle l’activiste. Le délai supplémentaire permettra de dégager un consensus en faveur du cannabis thérapeutique et de la recherche sur cette substance ainsi que les molécules associés, espère-t-il. Après que les contre et les indécis auront évalué plus en profondeur les changements requis au niveau des divers traités et conventions internationaux encadrant le cannabis et d’autres drogues.

En outre, l’épidémie de nouveau coronavirus n’est pas sans conséquence sur le déroulement des activités de la 63session de la CND, indique Kunal Naïk. De nombreuses délégations ont annulé leur déplacement à la dernière minute. A l’instar des Etats-Unis, dont le représentant permanent à Vienne participe aux séances plénières. Maurice est représenté par le Deputy Commissioner of police et chef de l’Anti Drug and Smuggling Unit, Choolun Bhojoo.

Le cannabis et la résine de cannabis sont inscrits aux annexes IV et I de la Convention unique de 1961 sur les stupéfiants. Le Comité d’experts de l’OMS sur la pharmacodépendance a recommandé qu’ils soient supprimés de l’annexe IV, la plus restrictive, qui concerne les substances ayant peu ou pas de valeur médicale. Il s’est aussi prononcé sur le cannabidiol (CBD), recommandation dès 2018 que celui-ci soit dé-réglementé.

Les Etats-Unis «regrette» que le vote ne puisse avoir lieu cette semaine. Tout en soulignant qu’il «est particulièrement important que la CND réagisse aux recommandations de l’OMS dans un délai raisonnable». Cela comprend la prise de «décisions difficiles» sur le cannabis, a déclaré James A. Walsh, Principal Deputy Assistant Secretary au Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs, le 2 mars à Vienne.

Plus près de chez nous, en juillet dernier, le ministre de la Santé d’alors Anwar Husnoo a fait valoir qu’un éventuel assouplissement de la loi à Maurice dépend des recommandations de la CND.

A fin 2019, plus de 35 pays ont jusqu’ici amendé leurs législations pour rendre le CBD accessible aux patients. Sans attendre les recommandations de la CND, fait pour sa part ressortir Kunal Naïk.

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