On peut lire dans le rapport que l’une des contraintes majeures rencontrées par la commission était l’absence d’enregistrements au niveau du ministère des Services financiers et de la bonne gouvernance et de recherche intégrale concernant la vente des actions Britam ainsi qu’au niveau de la SA, de la BDO et de toutes les personnes impliquées à l’époque des faits. Pourtant, il y avait eu réunions sur réunions relatives à la transaction au sein de ce ministère. Quelques témoins ont parlé de la manière singulière dont les affaires du ministère étaient conduites à l’époque, avec une introduction minimale des fonctionnaires et une dépendance maximale envers les conseillers politiques. Des témoins ont confirmé que tous les échanges de correspondance se faisaient par courriel. Contrairement aux affaires privées, les affaires publiques sont du domaine public. Lorsque la commission a demandé le dossier, celui-ci ne contenait presque rien concernant la vente.

Les autorités kenyanes jouent au chat et à la souris

Dès mars 2018, la commission, par l’intermédiaire du bureau de l’Attorney General de Maurice, avait sollicité l’aide des autorités kenyanes pour entendre des témoins identifiés au Kenya et qui, d’une manière ou d’une autre, étaient impliqués dans la vente des actions Britam. Ceux qui ont une expérience de la procédure de demande d’assistance dans le cadre d’une coopération judiciaire mutuelle entre différentes juridictions savent à quel point la procédure est longue et frustrante. Plus que cela, le temps qu’il faut pour lancer le processus même et le nombre de fois qu’il doit envoyer des rappels. Les témoins étrangers ne sont pas liés par les mesures coercitives du droit sur les commissions d’enquête si efficaces dans le cas des témoins locaux. Lorsque la voie normale a commencé à tergiverser, la commission a eu recours à la voie diplomatique pour obtenir des réponses. Après un premier engagement des Kenyans et une première communication écrite, ils sont commodément sortis du radar. Enfin, la commission a émis une convocation à chacun d’eux, en vain. La commission attend toujours leur réponse.

Lorsque les autorités kenyanes ont demandé la coopération de Maurice pour vendre aux actionnaires kényans, Maurice s’est plié en quatre pour plaire. Mais lorsque Maurice a cherché à savoir ce qui s’était passé et comment cela s’est passé, les Kenyans n’ont pas fait de même. Pourtant, la réciprocité est la règle dans les relations bilatérales entre deux pays amis.

Le rapport presque prêt avant les élections générales de 2019

La commission d’enquête sur l’affaire Britam était presque prête à publier son rapport en 2019. Cependant, il y a eu l’annonce des élections générales à l’Assemblée nationale. Il aurait été inapproprié de le faire alors que certains des témoins se présentaient comme candidats aux élections générales. Le rapport aurait été politisé, par tout le monde. Ce n’est pas l’objectif d’une commission d’enquête présidentielle. Son objectif est d’aller au fond des choses et de transmettre la vérité au peuple et de ne pas finir par faire une polémique plusieurs fois plus controversée. Entre le premier projet et le dernier projet, il y a eu deux événements majeurs sans conséquence qui ont eu une incidence sur les recommandations. L’une avait été nationale, les législatives de 2019, et la seconde mondiale, la pandémie de Covid-19 mettant le monde tel que nous le connaissons, à genoux.

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