Le président Jair Bolsonaro et Luis Henrique Mandetta

Son sort ne tenait qu’à un fil. Le très populaire ministre de la Santé du Brésil, Luiz Henrique Mandetta, a été limogé dans la soirée de ce jeudi 16 avril. Le président Jair Bolsonaro qui qualifie le Covid-19 de «petite grippe» anodine et qui est à couteaux tirés avec les gouverneurs quasiment tout les états du Brésil n’apprécie que moindrement les appels à la distanciation sociale de ce médecin de formation.

Dimanche, lors d’une émission de télévision de grande écoute, le ministre connu pour son franc-parler avait exigé que le gouvernement parle d’une seule voix face au nouveau coronavirus. Il déplorait que les Brésiliens ne savaient s’ils doivent l’écouter ou le président. Ce dernier, à l’instar de Donald Trump qui n’aime pas les critiques, avait promis de «s’occuper du cas de la Santé».

C’est donc à travers un tweet que Luiz Henrique Mandetta a annoncé sa mise à pied après sa rencontre avec le chef de l’Etat qui, lui, précise qu’il préfère sauver l’économie en appelant les Brésiliens à reprendre le travail. Le Brésil est pourtant le pays le plus touché par la pandémie en Amérique Latine. 20 727 patients ont été infectés alors que 1 736 morts ont été recensés selon le dernier bilan du ministère de la Santé.

L’Imperial College de Londres prédit que le Brésil devra faire face à plus de 1,1 million de morts si aucune mesure de restriction n’est adoptée et 529 000 décès si seuls les personnes âgées sont appelées à s’auto-isoler. Ce nombre pourrait descendre à 44 200 si Jair Bolsonaro se ressaisit et ne se décide pour un couvre-feu sanitaire dans tout le pays.

La mise à pied de Luiz Henrique Mandetta pourrait coûter très cher à ce président populiste et d’extrême-droite. Un récent sondage indique que 76% des Brésiliens sont d’accord avec les positions de Mandetta face au Covid-19 contre les 33% qui se rallient derrière Bolsonaro. Le départ du ministre de la Santé n’augure rien de bon pour les 209 millions de Brésiliens.

Dans un papier d’opinion publié dans le quotidien britannique The Guardian lundi, le professeur en philosophie Robin Dembroff de l’université de Yale considérait qu’en ce temps de crise, les leaders politiques tels que Jair Bolsonaro ou Donald Trump, constituent une menace en ces temps de crise. Il rappelait les années Reagan où tout avait été fait pour minimiser les effets du VIH/Sida. A l’instar de Ronald Reagan qui affirmait que la maladie allait « s’en aller », c’est la même posture adoptée par Donald Trump et son bon ami Jair Bonsonaro qui représente une forme toxique de masculinité.

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