Il est 15 h 33 à Paris lorsque les programmes habituels de France 2 s’interrompent pour laisser place à un flash spécial annonçant plusieurs «explosions » retentissantes à New York, au World Trade Center, évoquant l’hypothèse d’un attentat alors que les premières images des tours jumelles en feu s’affichent à l’écran. À ce moment-là, les deux tours ont déjà été frappées, mais journalistes comme téléspectateurs n’imaginent pas encore l’ampleur inédite de ces attaques.

Trois ans ont été nécessaires à la commission nationale sur les attaques terroristes contre les États-Unis pour publier son rapport officiel retraçant précisément les événements de cette journée. A l’occasion du 20e anniversaire des attentats terroristes les plus meurtriers de l’histoire, nous en présentons une chronologie visuelle.

Un bilan de 2 977 morts

Si l’on exclut les 19 terroristes, ces quatre attaques ont causé 2 977 morts, selon le décompte communiqué par les autorités. La commission nationale rapporte que 2 973 personnes ont perdu la vie le jour des attentats – dont les passagers et les membres d’équipage à bord des avions piratés –, ce à quoi ont été ajoutées, quelques années plus tard, quatre personnes mortes après avoir été exposées au nuage de poussière.

Parmi les victimes figurent 348 pompiers, dont beaucoup sont morts à la suite de l’effondrement de la tour sud, qui a pris les secouristes par surprise. On compte également 62 policiers morts à l’intérieur ou au pied des tours jumelles, dont un membre des services secrets et un membre du FBI, 20 fonctionnaires travaillant pour la Port Authority of New York and New Jersey (l’administration propriétaire du World Trade Center) ou l’Etat de New York, et 10 secouristes employés dans le secteur privé, ainsi que le chien policier renifleur de la Port Authority, Sirius.

Au Pentagone, 125 personnes travaillant dans le bâtiment ont été tuées par l’impact du vol 77 d’American Airlines, dont 70 civils et 55 militaires. Toutes les victimes des attentats ne sont pas américaines, puisque 372 ressortissants de 77 pays ont péri dans ces attaques, représentant 12,5 % du bilan.

L’évacuation des tours a sauvé neuf personnes sur dix

Même si le bilan est très lourd, il aurait pu se révéler plus catastrophique encore, étant donné l’ampleur des destructions, sur le site du World Trade Center notamment.

Dans son rapport final sur les attentats, publié en 2005, le National Institute of Standards and Technology (NIST) a notamment souligné combien l’évacuation des tours jumelles avait été efficace le matin du 11 septembre 2001. Dans la tour nord, frappée en premier, à 8 h 46, la quasi-totalité (99 %) des 7 500 occupants situés sous la zone d’impact de l’avion a pu sortir avant son effondrement. Dans la tour sud, presque tous les occupants des étages en dessous la zone d’impact ont pu être sauvés, à l’exception de onze personnes.

En revanche, les personnes travaillant au-dessus des zones détruites par les crashs n’ont eu quasi aucune chance de survie. C’est particulièrement vrai pour la tour nord, dans laquelle aucune des 1 355 personnes situées au-delà du 91e étage n’a pu survivre.

Dans la tour sud, l’évacuation a commencé juste après que la tour nord a été frappée. Ces dix-sept minutes d’intervalle ont permis de sauver 2 281 des 2 900 occupants des étages supérieurs. Après l’impact, dix-huit personnes ont même pu descendre en empruntant le seul escalier qui n’avait pas été totalement détruit.

Avant l’attaque, 17 400 personnes étaient présentes dans la tour, loin des 40 000 à 50 000 occupants habituels en début de journée. Plusieurs explications à cela : c’était la rentrée scolaire et une élection primaire se tenait ce jour-là, ce qui a pu retarder l’arrivée de nombreux travailleurs. Si les deux tours avaient été pleinement occupées, le NIST estime que plus de trois heures auraient été nécessaires pour évacuer chacun des bâtiments, ce qui aurait pu porter le bilan humain à près de 14 000 morts.

La procédure d’évacuation avait été revue et améliorée depuis l’attentat à la bombe de terroristes islamistes contre les tours jumelles, le 26 février 1993, qui avait fait six morts et plus d’un millier de blessés. Plus des deux tiers des personnes présentes dans les tours jumelles avaient déjà procédé à des exercices.

Près de 3 800 survivants sont morts depuis les attentats

Le bilan officiel ne comprend que les personnes mortes le jour même des attentats. Mais les décès indirects ayant eu lieu les années suivantes sont également très nombreux, à cause de l’exposition au nuage de poussières toxiques généré par l’effondrement du World Trade Center – les tours jumelles et le bâtiment 7 – qui a recouvert le sud de Manhattan pendant plusieurs jours.

D’après les données du World Trade Center Health Program, 3 779 survivants ou secouristes du 11-Septembre sont morts d’une pathologie liée aux attentats : maladies des voies aérodigestives (41 %), cancers (40 %) ou maladies mentales (18 %). Les secouristes, qu’ils soient pompiers, policiers ou médecins, sont ceux qui ont payé le plus lourd tribut : 2 901 d’entre eux sont morts dans les vingt ans qui ont suivi l’attentat.

Les centres de contrôle et de prévention des maladies américains (CDC) estiment qu’environ 400 000 secouristes, survivants ou habitants ont inhalé les polluants contenus dans l’épais nuage de poussière (ciment, amiante, fibre de verre, plomb, mercure). Aujourd’hui encore, on estime qu’au moins 65 000 personnes bénéficiant du programme de santé du World Trade Center souffrent d’une maladie liée aux attentats.

Source : lemonde.fr

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