Il est aux alentours de 7h ce matin. Priscilla, Mauricienne, la trentaine, finit de se préparer. C’est qu’elle doit filer : elle suit des cours de commerce dans le centre de Bruxelles, non loin de la gare centrale. Elle est donc chez elle, à Ixelles, quand elle voit aux infos qu’il y a eu une explosion à l’aéroport. Non, deux. A quelques minutes d’intervalle.

«Angoissée» au départ en apprenant la nouvelle, elle tente de se rassurer en se disant que cela s’est produit hors de son parcours de la journée. Mais la peur revient très vite, ce matin du 22 mars, quand elle reçoit un coup de fil de son mari, qui travaille hors de la ville et veut savoir où elle est. C’est là qu’elle apprend pour l’explosion dans la station de métro de Maelbeek. Et qu’elle reste scotchée, comme d’autres dans la capitale belge et européenne, ailleurs dans le pays et dans le monde, devant la télé et le déroulé des événements de cette matinée fatidique et de cette journée noire.

Les transports ont été interrompus peu de temps après les déflagrations. Les services d’urgence et de police sont mobilisés. Priscilla, qui habite Bruxelles depuis cinq ans, entend d’ailleurs les sirènes des pompiers, des ambulances, des voitures de police, dehors. L’angoisse la reprend.

Depuis l’arrestation, le vendredi 18 mars, de Salah Abdeslam, Français de 26 ans qui faisait partie du commando djihadiste auteur des attentats de novembre à Paris, il y avait eu «comme un soulagement». Parce que les autorités estimaient que la capitale belge serait peut-être visée, raconte Priscilla, il y avait une présence militaire soutenue au niveau des grandes gares de Bruxelles «depuis la dernière alerte terroriste».

La police avait d’ailleurs découvert «beaucoup d’armes, des armes lourdes au cours des premières investigations», avait indiqué le ministre des Affaires étrangères belge, Didier Reynders, le 20 mars. Mais depuis l’arrestation d’Abdeslam à Molenbeek, une commune de Bruxelles, «on se sentait en sécurité», confie la jeune Mauricienne.

Priscilla est inquiète. «Maintenant que ça se passe chez nous, je comprends mieux comment les Français se sentaient.» Elle prend des nouvelles de ses amis. Certains étaient à l’université au moment des attaques. Ils ont finalement pu rentrer chez eux. Comme elle, ils ont été plusieurs à utiliser le Safety Check de Facebook, pour que les proches qui n’arrivent pas forcément à les joindre sachent qu’ils sont en sécurité. «Avec l’application, on peut les rassurer.»

Au moment de notre entretien, Priscilla ne savait pas encore comment son mari allait rentrer ce soir-là. Soulagée de le savoir en sécurité, elle s’interroge toutefois sur l’après-attentat, sur les réactions des gens vis-à-vis d’autrui. «Bientôt, on aura peur de sortir, on sera méfiant envers tout le monde. Et ça c’est triste, parce qu’on va d’office juger les gens dès qu’ils ressemblent un peu au style des terroristes.»

L’Etat islamique a, hier, revendiqué les attentats. Le dernier bilan provisoire, selon les chiffres fournis par la ministre fédérale de la Santé Maggie De Block, est de 31 morts (11 à l’aéroport et 20 à la station de métro) et 250 blessées.

Des images de vidéosurveillance montrant trois hommes suspectées d’être les auteurs des attaques à l’aéroport de Zaventem ont été diffusées hier par la police. La police belge a lancé un avis de recherche pour celui qui porte un chapeau ainsi qu’une chemise et veste claires. On suspecte les deux autres d’avoir commis un attentat suicide.

Photo: REUTERS/Youssef Boudlal via RFI.fr

Divers pays européens ont aussi revu leur niveau d’alerte.

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