Oui, Air Mauritius se trouve actuellement dans « une situation difficile », a déclaré Xavier Duval au Parlement aujourd’hui. Mais le board prendra les « actions nécessaires » pour assainir les finances de la compagnie d’aviation. Le Deputy Prime minister et ministre du Tourisme s’est toutefois voulu rassurant : Air Mauritius (MK) dispose de « suffisamment de fonds et de facilités de crédits bancaires » pour « honorer ses dettes et autres obligations financières ». De plus, le gearing ratio (ratio dettes/fonds propres) est « well within industry norms ». Il a cependant refuser de se prononcer sur les chiffres avancés depuis quelque temps quant aux pertes essuyées par MK, expliquant ne pas vouloir se baser sur des chiffres provisoires non audités.

Xavier Duval n’a pas été aussi rassurant quant à l’avenir de la filiale de MK, AirMate. Dont les employés, qui craignent de perdre leurs postes, sont montés au créneau en début de semaine. Paul Bérenger a voulu savoir si « des licenciements sont envisagés à ce stade ». Le ministre du Tourisme, qui se dit « compatissant » face à cette situation, s’est borné à répondre : « Nous étudierons toutes les mesures possibles. » Il reviendra au conseil d’administration de « prendre les décisions nécessaires », « mais ce n’est peut-être pas le moment pour la compagnie de faire des largesses », a ajouté Xavier Duval.

Air Mauritius, a-t-il tenu à rappeler dans sa réponse à la Private Notice Question du jour, opère dans un environnement « extrêmement volatile ». Car outre une économie morose, surtout en Europe, et des prix du carburant volatiles, la compagnie au paille-en-queue doit aussi faire face à la concurrence dans la région. Etihad Airways a, en effet, investi dans Air Seychelles tandis que South African Airways, Kenya Airways et Air Austral renfloués par leurs gouvernements.

Le facteur euro

Ce qui touche cependant MK de plein fouet : la quasi-parité du dollar et de l’euro. Car si le chiffre d’affaires de MK se compte en euros, le dollar domine du côté des dépenses. Ainsi, durant l’année 2014, le taux de change euro/dollar est passé de 1,38 à 1,08. Avec pour résultat un manque à gagner de 23,8 millions d’euros, comparé à la même période à fin décembre 2013, explique le ministre. Alors que la compagnie avait engrangé des profits de 7,3 millions pour la période 2013-2014 – « sans aide du gouvernement » –, elle a accusé des pertes de 9,1 millions d’euros pour les neuf mois se terminant à décembre 2014, a indiqué Xavier Duval.

Une croissance plus lente sur le marché chinois, a poursuivi le ministre, de même qu’une compétition accrue des opérateurs étrangers sur le marché local ont également contribué aux mauvais résultats de la compagnie.

Revenant sur la question du hedging, Xavier Duval a indiqué des pertes de l’ordre d’1,2 million d’euros, au 31 décembre 2014, pour les fuels and foreign exchange hedging. A mars de cette année, les chiffres étaient plus importants, notamment pour ce qui est de la couverture carburant. Avec des pertes de 10 millions d’euros pour cet item, contre des gains de 2,5 millions pour les opérations de couverture de change. Le ministre de préciser la politique actuelle de MK en matière de hedging, mise en place et appliquée avec les experts internationaux de Lazard Frères : « Un minimum de 30% et un maximum de 70% de hedge ratio par rapport aux besoins de la compagnie, sur une période maximale de deux ans on a rolling basis. »

Enquêtes en cours

Par ailleurs, le ministre de la Bonne gouvernance, à la demande de son collègue du Tourisme, a initié deux enquêtes concernant Air Mauritius. L’une portant sur l’achat des six A350-900 qui viennent renouveler la flotte vieillissante de la compagnie d’aviation nationale, l’autre sur le cargo department de MK (le rapport devrait être disponible ce vendredi). Si le memorandum pour l’achat des appareils a été signé en juillet 2014, la commande a, elle, suivie à une semaine du nomination day pour les dernières élections générales, n’a pas manqué de relever Xavier Duval.

Le conseil d’administration, a souligné de nouveau Xavier Duval en réponse à Shakeel Mohamed, étudie toutes les « cost containing measures ». « Personne ne sera épargné, a déclaré le ministre. Si la performance de quiconque n’est pas à la hauteur, cette personne devra s’attendre au pire. » Pour qu’Air Mauritius remonte la pente, « nous devons travailler ensemble, nous avons besoin de l’aide de chacun des 3 000 employés » de la compagnie.

Air Mauritius, dit Xavier Duval, compte sur le développement des marchés chinois, indien et africain.

Note : Les comptes audités d’Air Mauritius seront publiés le 18 juin 2015.

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