Maurice doit revoir sa copie pour ce qui est de la représentation féminine en politique. C’est ce qu’a fait ressortir Anushka Virahsawmy devant le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, à Genève cette semaine.

L’activiste a souligné qu’il faut une «volonté politique» si l’on veut atteindre un quota «gender neutral» de 50% pour tout type d’élection. Entre-temps, la Local Government Act prévoit au moins 30% de femmes candidates. Ces dispositions, estime la porte-parole de plusieurs organisations non gouvernementales, doivent être utilisées dans le cadre des législatives en visant toutefois les 50% de femmes.

Anushka Virahsawmy estime, dans le même temps, que tous les partis politiques doivent inscrire le quota de 50% dans leurs constitutions. Et reconnaître les discriminations envers les femmes.

L’activiste a été entendue, le lundi 29 octobre, par l’organisme onusien dans le cadre de l’examen du rapport périodique de Maurice quant à l’application de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Soit la veille de l’audition de la délégation officielle présidée par la Vice Prime minister Fazila Jeewa-Daureeawoo. La ministre a indiqué, durant sa présentation, que la proposition de réforme électorale du gouvernement garantit une meilleure participation des femmes.

Au chapitre des droits reproductifs et sexuels, Virahsawmy demande l’introduction de l’éducation sexuelle dans les écoles et ailleurs pour les 7 à 19 ans. «Le sexe est un sujet hélas encore trop tabou», relève la porte-parole de Gender Links Mauritius, Media Watch, Young Queer Alliance et SOS Femmes. Or, les jeunes doivent être informés sur la grossesse précoce, les règles, l’avortement légal et illégal, la contraception, le VIH-sida et les maladies sexuellement transmissibles, dit-elle. Et les écoles dotées de douches et fournir des serviettes hygiéniques.

L’Etat mauricien devrait, par ailleurs, analyser les causes profondes de la grossesse précoce. Ce qui diminuerait, dans le même temps, les avortements illégaux, estime l’activiste.

Les femmes et filles lesbiennes, bisexuelles, transgenres et queer à Maurice «luttent pour leur survie», estime Virahsawmy. Elle souligne que «la haine n’a jamais été autant ressentie par la communauté queer que durant cette année». La porte-parole mentionnant au passage l’annulation de la Marche des fiertés, en juin dernier, et les menaces de mort qui ont circulé pendant un temps. Les auteurs courent toujours, a-t-elle indiqué.

Une experte du Comité a noté, face à la ministre Jeewa-Daureeawoo le lendemain, l’influence des religions monothéistes à Maurice aux dépens de personnes LGBTI. Et commenté la présence de l’article 250 du Code pénal qui criminalise l’homosexualité (la sodomie). La révision de la loi assimilant l’homosexualité à une forme de perversion est en cours, a indiqué la délégation officielle. Qui a ajouté que les personnes LGBTI qui estiment être victimes de discrimination peuvent se tourner vers la police.

Evoquant la maison d’accueil pour jeunes filles en détresse que gère Gender Links, Virahsawmy a souligné que les pensionnaires ne sont pas considérés par les autorités comme des victimes de violence domestique. Alors qu’elles ont subi des violences physiques, émotionnelles ou sexuelles. Safe Haven ne bénéficie d’aucune aide de l’Etat.

Des expertes du Comité onusien ont recommandé à l’Etat mauricien de dédier une enveloppe à la lutte contre la violence envers les femmes. Tout en soulignant que trois refuges pour femmes sont insuffisants. Une experte a aussi déploré que les tribunaux requièrent le plus souvent des femmes victimes de violence domestique de quitter le domicile plutôt que les agresseurs.

Un manque de capacités explique que Maurice n’ait pas encore évalué l’efficacité des mesures de lutte contre la violence domestique, a fait ressortir la délégation officielle.

Virahsawmy a aussi évoqué les entraves à l’accès à l’emploi et à l’éducation des personnes handicapées en l’absence d’infrastructures adaptées.

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