La chanson « Ansam » se positionne comme un hymne à l’amour et à l’unité. Porteuse d’un puissant message de paix, elle dénonce aussi fermement la violence en milieu scolaire. À l’initiative de Rishi Nursimulu, fondateur des écoles Dukesbridge à Maurice, ce projet musical s’inscrit dans une tradition annuelle où chaque année un thème est choisi pour sensibiliser les enfants à travers la musique. Cette année, le thème met l’accent sur l’unité, avec le hashtag #TogetherMorein2024. Rappelons que cette semaine, Dukesbridge a célébré son 10e anniversaire à Maurice.

 

Après le succès de #Happy23 l’an dernier, qui a insufflé de la joie aux enfants et aux jeunes, le morceau « Ansam » prend une dimension plus large cette année. Elle vient répondre à une problématique grandissante dans la société : la violence en milieu scolaire. La chanson invite à la responsabilisation scolaire en promouvant non seulement l’amour et l’unité, mais aussi la solidarité, l’harmonie sociale et l’entraide parmi les élèves.

 

À travers des paroles engageantes de Murvin Clélie, le célèbre chanteur du groupe « The Prophecy », cette chanson invite à construire un environnement scolaire sain et chaleureux. Le chanteur est accompagné d’une chorale d’élèves de Dukesbridge et aussi des élèves de différents écoles du pays. Rishi Nursimulu, le compositeur de « Ansam », nous en dit plus long dans son entretien ci-dessous.

 

Rishi Nursimulu, compositeur de « Ansam » : « Unissons-nous et « Ansam » faisons de cette chanson un véritable succès »

 

*Vous avez déjà composé plusieurs chansons. Pouvez-vous nous expliquer l’idée derrière ce projet exceptionnel ?*

 

Chaque année, nous choisissons un thème différent pour notre école. L’an dernier, avec l’initiative #Happy23, nous avons cherché à insuffler la joie parmi nos élèves, ce qui a conduit à la composition de la chanson « Happy », interprétée par Laura Beg et nos élèves. Cette année, notre thème est axé sur l’unité, sous le hashtag #TogetherMorein2024.

 

Face à la montée de la violence dans de nombreuses écoles à Maurice, j’ai ressenti le besoin de réagir. Comment pouvons-nous réellement chanter « As one people, as one nation », comme le proclame notre hymne national, alors que nous constatons chaque jour des altercations déplorables parmi nos enfants dans les médias ? C’est dans ce contexte alarmant que j’ai composé « Ansam ». L’objectif est de sensibiliser les jeunes et les encourager à dire ‘non’ à la violence sous toutes ses formes, si l’on veut vraiment avoir une nation unie et prospère.

 

Au fait, je ne voulais pas que les enfants détournent leur regard de la violence ou attendent à ce que les enseignants ou les parents interviennent pour l’arrêter. Mais plutôt que les enfants prennent conscience de leur propre pouvoir d’enrayer eux-mêmes la violence. D’où l’objectif de cette chanson. Après que les enfants aient chanté « Ansam », j’ai été ravi de les entendre expliquer, à leur manière, le message que véhicule la chanson.

 

Si les paroles de « Ansam » est une réflexion à la paix pour construire une île Maurice meilleure, cependant la musique est un outil fascinant qui touche l’âme. Elle ne se limite pas au divertissement, mais elle constitue également une forme d’éducation alternative. En impliquant activement les élèves dans ce processus, nous leur donnons une voix pour défendre les droits des victimes.

 

*Et pourquoi avoir choisi le titre « Ansam » ?*

 

Le titre « Ansam » a été choisi parce que je trouve que ce terme est souvent utilisé de manière trop superficielle à Maurice. Nous avons souvent tendance à penser que le simple fait de vivre ensemble, avec nos différentes cultures et origines, fait de nous une nation unie. Cependant, c’est loin d’être la réalité. La véritable unité va bien au-delà de cette apparence. Elle nécessite une compréhension et une acceptation mutuelles, et non une destruction mutuelle à travers la violence.

 

Nous ne pouvons véritablement être « Ansam », « Enn sel lepep », « Enn sel nasyon » que si que si nous mettons fin à la violence. Autrement, nos discours sur l’unité et la solidarité ne sont qu’une blague, avec de vains mots, voire des mots en l’air.

 

C’est cette prise de conscience qui m’a conduit à composer « Ansam ». Au fait, je voulais exprimer qu’effectivement « Ansam », nous pouvons arrêter la violence. Je suis convaincu que les enfants peuvent non seulement rêver d’une île Maurice paisible, mais aussi d’être cette lumière étincelante qui guide ce changement. Tel est le message essentiel de ma chanson intitulée « Ansam ».

 

*Comment est venue l’idée de travailler avec Murvin Clélie ?*

 

La décision de travailler avec Murvin Clélie (The Prophecy) est venue naturellement et pour plusieurs raisons. Au cours de ces dernières années, Murvin nous a aidés à l’enregistrement de nos élèves en studio pour des chansons avec Jason Heerah et Laura Beg. À travers ses collaborations, nous avons découvert en lui une personne très humble, passionnée par les enfants et dotée d’une immense patience. Bref, Murvin possède vraiment des qualités essentielles pour travailler avec les enfants et les jeunes. Et nous avons une profonde admiration pour lui à cet égard.

 

En écrivant cette chanson, je n’aurais jamais pu imaginer un meilleur partenaire que Murvin pour se fondre avec les enfants. Sa voix, naturellement émotive, apporte une dimension unique aux paroles profondes que j’ai écrites. De plus, il partage notre vision et a déjà produit des succès, tels que « L’amour Paternel » et « Where We Belong ». Nous sommes extrêmement heureux et reconnaissants qu’il ait accepté de participer à cette noble cause, en sachant l’influence positive de ses chansons sur de nombreux jeunes. Ce fut un réel plaisir de collaborer avec Murvin Clélie sur ce projet.

 

*Combien d’élèves et de professeurs ont été impliqués dans ce projet ?*

 

J’ai d’abord rédigé les paroles et composé la musique de la chanson. Pendant ce temps, Géraldo Pierre, un musicien et parent d’élève de notre école, a fait l’arrangement musical. Ma femme Shannon et nos trois fils ont travaillé sur les harmonies vocales avant d’enseigner la chanson à nos 200 membres du personnel et aux 1500 enfants de l’école Dukesbridge. Lorsque Murvin est venu chez moi, je lui ai présenté la maquette et il l’a beaucoup appréciée. Il a ensuite rajouté sa voix. Nous avons eu l’idée de rassembler 500 enfants provenant de différentes écoles de l’île pour que le message de lutte contre la violence puisse être diffusé plus largement. Nous avons été heureux d’avoir la participation des collèges Lorette, MGI (Mahatma Gandhi Institute), entre autres.

 

*Quel a été le moment le plus intense de votre projet ?*

 

Cette semaine, nous avons célébré les 10 ans de Dukesbridge à Maurice. Et au cours de cette période, j’ai écrit plusieurs chansons pour aborder quelques questions d’ordre morale. Toutefois, le moment le plus fort a été lorsque 500 enfants venant de différentes écoles se sont réunis avec nos élèves de Dukesbridge. Ensemble, main dans la main, les pieds dans l’océan, ils ont formé une gigantesque chorale pour chanter d’une seule voix « Ansam ». Ce spectacle a été le plus beau cadeau d’anniversaire que nous pouvions espérer pour Dukesbridge.

 

Cela démontre que, grâce à la musique et les paroles de chansons, nous avons le pouvoir de transformer notre nation. À travers les voix des élèves, c’est l’avenir de notre pays qui se manifeste. Ce moment a été particulièrement émouvant pour tous qui étaient présents.

 

Qu’attendez-vous de la contribution des médias ?

 

Le message de « Ansam » est clair. Pour un véritable vivre-ensemble, en tant qu’un seul peuple et une seule nation, il est important de mettre fin à toutes formes de violence. Si la jeune génération arrive à saisir ce message, notre petite île pourra envisager un avenir meilleur pour tous.

 

Ayant accompli notre part, nous lançons humblement un appel à toutes les entreprises médiatiques, stations de radio et plateformes sociales pour diffuser largement cette chanson qui porte un profond message.

 

Transformons cette chanson en un hymne qui résonne dans le cœur de tous les Mauriciens, ici ou à l’étranger. Plus la chanson « Ansam » sera entendue, plus elle sensibilisera à l’urgence de mettre fin à la violence. Et plus elle contribuera à la création d’une nation unie et prospère.

 

Notre progrès dépend de notre solidarité. Alors, unissons-nous et « Ansam » faisons de ce projet musical un véritable succès.