Ce virus, peu connu du grand public il y a encore quelques mois, est à ranger dans la même catégorie que le virus Ebola. Et constitue désormais une « urgence de santé publique de portée mondiale ». C’est ce qu’a déclaré Margaret Chan, directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé. L’organisme a tenu une réunion de crise convoquée, ce lundi 1er février, pour se pencher sur le sujet.

La personne infectée par le virus Zika peut souffrir, pendant 2 à 7 jours, de symptômes bénins tels que fatigue, fièvre modérée, éruptions cutanées, douleurs musculaires et articulaires, ressemblant à ceux de la grippe, ou encore de conjonctivite. Mais dans la majorité des cas, il n’y a aucun symptôme. Si le lien n’est pas encore formellement établi, il est toutefois soupçonné d’être à l’origine de troubles plus graves : des malformations congénitales (microcéphalies) chez le nourrisson et des troubles neurologiques (syndrome de Guillain-Barré). « Tous s’accordent sur le besoin urgent de coordonner les efforts internationaux pour poursuivre les investigations et comprendre mieux cette relation », a déclaré Margaret Chan.

Le virus est en train de se répandre en Amérique latine, où le Brésil est le plus touché avec environ 1,5 million de cas d’après l’OMS, et en Polynésie française. Le Zika, découvert en 1947 dans une forêt en Ouganda, se transmet via le moustique tigre, celui-là même qui peut aussi être un vecteur du chikungunya ou de la fièvre dengue.

Pour l’OMS, la priorité est d’assurer la protection de femmes enceintes et de leurs bébés. Margaret Chan leur recommande ainsi de renvoyer les séjours prévus dans les zones touchées par le virus Zika. Et de se tourner vers leur médecin si elles y habitent ainsi que de se protéger des moustiques. L’autre priorité : contrôler la population de moustiques.

Aedes_Albopictus moustique tigre

Le moustique tigre, ou Aedes Albopictus, est vecteur du virus Zika, mais aussi du chikungunya et de celui responsable de la fièvre dengue.

A Maurice, les autorités mauriciennes ont activé le protocole de veille sanitaire. Ainsi, les passagers en provenance de ou ayant transité par les Barbades, la Bolivie, le Brésil, le Cap Vert, la Colombie, la République dominicaine, l’Équateur, El Salvador, la Guinée française, la Guadeloupe, le Guatemala, la Guyane, Haïti, le Honduras, la Martinique, Mexico, le Panama, le Paraguay, Puerto Rico, Saint Martin, Surinam et le Vénézuela seront soumis à de stricts contrôles.

Le Brésil recommande, pour sa part, aux femmes enceintes de ne pas se rendre dans ce pays où se tiendront les Jeux olympiques, au mois d’août. Et auxquels quelque 500 000 touristes sont attendus. « Le risque, je dirais grave, est pour les femmes enceintes », a souligné Jacques Wagner. « Et donc il n’est évidemment pas recommandé (de venir au Brésil) parce qu’on ne va pas prendre de risques », a poursuivi le chef de Cabinet brésilien. Le pays a, par ailleurs, déconseillé aux femmes de tomber enceinte. A l’instar de l’Equateur, de la Jamaïque, du Salvador ou encore de la Colombie. Et pour cause : plus de 4 000 cas de microcéphalies, soit un sous-développement anormal du cerveau, sont suspectés au Brésil d’octobre 2015 à ce jour.

En Guyane française, 45 cas ont été « biologiquement confirmés, et 160 suspectés, dont quatre femmes enceintes ». Au Honduras, les autorités ont déclaré ce lundi 1er février l’état d’urgence : 3 649 cas suspects dus au virus Zika y ont été détectés en moins de trois mois.

Le virus Zika a aussi été signalé en Europe : 5 cas ont été signalés en France, et quelques autres au Portugal, en Italie, au Danemark, au Royaume-Uni, en Suisse de même qu’aux Pays-Bas.

Il n’existe, pour l’heure, aucun traitement contre ce virus que les scientifiques connaissent assez peu. Il semble cependant qu’après l’infection initiale, le patient soit par la suite immunisé. Deux des plus importantes entreprises pharmaceutiques mondiales étudient en ce moment s’il est possible que des vaccins actuels puissent être utilisés pour le contrer. Des chercheurs brésiliens collaborent avec des confrères US pour développer un vaccin. Mais à en croire Jacques Wagner, ce n’est pas pour tout de suite. « Si nous avons de la chance, cela prendra peut-être trois ans », a-t-il déclaré à la presse ce 1er février. Même si le vaccin pourrait prendre entre « trois et cinq ans ».

Photo (AP via smh.com.au) : Jose Wesley de Poco Fundo, au Brésil, pendant que sa mère lui donne son bain. L’enfant est né avec une microcéphalie, soit un développement anormal du cerveau et de la boîte crânienne.

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