Sir Anerood Jugnauth (SAJ), tout juste arrivé à sa place, discute avec Ivan Collendavelloo. Pravind Jugnauth est toutefois moins causant, à peine après avoir gagné son fauteuil, il se plonge dans ses dossiers. Le deputy Prime minister prend néanmoins de ses nouvelles.

La séance du jour débute par la Private Notice Question (PNQ) de Xavier Duval qui porte sur les finances du Sugar Insurance Fund Board (SIFB). La question est adressée à Pravind Jugnauth en sa capacité de ministre des Finances, mais celui-ci informe Duval que c’est le ministre de l’Agroindustrie qui répondra à la PNQ.

«Kot li ?», se demande Paul Bérenger. En effet, le fauteuil de Mahen Seeruttun est vide. «Minis la pa la ?», poursuit Arvin Boolell. Le chef du gouvernement note également l’absence du ministre. Ce qui agace davantage Xavier Duval. Selui lui, c’est Pravind Jugnauth qui aurait dû répondre à la question. Boolell dit son accord. Le leader du MMM est plongé dans les Standing Orders de l’Assemblée nationale.

Loin de ce ramdam, l’attention de Soodesh Callichurn est braquée sur tout autre chose. Il regarde avec insistance le micro suspendu au plafond de l’hémicycle et dont la fonction est de capter les bruits d’ambiance du Parlement. Alain Wong et le ministre du Travail semblent se passionner pour nouvelle installation.

Pendant ce temps, la discussion fait toujours rage autour de celui qui aurait dû répondre à la question du leader de l’opposition. «Oui madam, kestion la ti pou li», plaide Shakeel Mohamed. Duval s’apprête à intervenir mais croise le regard de Paul Bérenger qui voulait en faire de même. Le chef de l’opposition laisse du leader du MMM le soin de soulever un point of order. Maya Hanoomanjee clarifie l’article des Standing Orders qui permet aux questions parlementaires d’être transférées de manière discrétionnaire entre ministres.

Le Premier ministre explique à nouveau pourquoi il estime que c’est Mahen Seeruttun qui doit répondre à la PNQ. Pendant ce temps, le ministre de l’Agroindustrie arrive enfin. «Bizin pran randevou pou toi», nargue Patrice Armance. «Mo ti krwar sousouri inn atak toi», renchérit Rajesh Bhagwan.

Prem Koonjoo est aussi en retard. Il suit Seeruttun de quelques secondes. Le ministre de l’Economie océanique arrive toutefois dans l’indifférence. Soodesh Callichurn, qui doit se serrer légèrement pour laisser passer Koonjoo, cache à peine son agacement.

Plus loin, la Speaker met fin au débat sur l’identité du ministre qui doit répondre à la PNQ. On perd du temps, rappelle Maya Hanoomanjee qui finit par acter que c’est Mahen Seeruttun qui répondra à la question de Duval.

Le sujet est « settled » affirme la présidente de l’Assemblée nationale. « Not settled !» ; proteste Boolell qui invoque un point of order pour que le ministre explique la raison de son retard. «Metro Express sa, Donn li enn portab», plaisante Bérenger. Le ministre de l’Agroindustrie commence sa réponse.

Il est rapidement chahuté par l’opposition, ce qui le déconcentre. Il parle ainsi de consultations avec le Chief Entertainement Officer du SIFB puis se reprend. Quand Seeruttun répond vaguement aux questions du leader de l’opposition, un député bleu est toujours là pour le reprendre. « Reponn oui ou non » ; tance Armance. «Kan, when ? », surenchérit quelques instants plus tard Adrien Duval.

Xavier Duval cherche à acculer le ministre, qui vacille quelque peu. « Is there a problem with english ? », ironise le leader de l’opposition devant l’incapacité de son interlocuteur à répondre de manière précise à certaines questions.

Ivan Collendavelloo et Fazila Jeewa-Daureeawoo, impassibles, regardent l’échange. Le député travailliste de Belle-Rose/Quatre-Bornes (no 18) est plus actif. « Ferme to labous ! », assène-t-il au ministre quand celui-ci évoque le bilan du gouvernement travailliste dans l’agriculture.

« Eta ale do ta ! Narien to pann fout, al dormi », rétorque Pravind Jugnauth. Toujours prompt à en rajouter, Ravi Rutnah s’en mèle : « Al dormi ! ». Le Premier ministre n’en a pas fini avec Boolell. « Mo pou montre toi fer reform », lui lance-t-il. « Ferm to labous ale », réplique l’élu rouge.

Patrice Armance, Ravi Rutnah et Adrien Duval continuent à se chahuter. Pendant ce temps, Xavier Duval s’agace des réponses vagues et longues. Le député du Muvman Liberater défend à nouveau Seeruttun. Pendant que Shakeel Mohamed nargue à nouveau ce dernier : « Pe koz enn lot zafer and you were late. Blablabla ».

Le leader de l’opposition questionne le ministre sur un rapport. « Can you table the copy », suggère Seeruttun. Il est immédiatement reçu par un « to pena li ? », du député travailliste de Port-Louis Maritime/Est. Duval refuse, avant d’expliquer qu’il communiquera le document à la presse.

La phrase agace Pradeep Roopun qui estime que Duval doit « table » le document. Anil Gayan puis SAJ s’en mêlent : «Table it». Duval ne lâche pas Seeruttun : «Dir boss fer enn komision danket». Le ministre Mentor n’en a pas, non plus, fini avec Duval. «Table the report also, we want the report to be produced». Le leader du PMSD fait mine de ne pas entendre. «I want to know», s’époumone SAJ. « You should know ! », persiste le leader de l’opposition. Dépité, le ministre Mentor réplique «Kasiet rapor».

On s’achemine vers la fin du temps imparti pour la PNQ. Adrien Duval tente de siffler une dernière question à son père, mais Xavier Duval cède volontiers sa dernière interpellation à Arvin Boolell. Celui-ci demande à Seerutun de dire s’il compte mettre en place une commission d’enquête pour faire la lumière sur ce qu’il s’est passé au SIFB.

Le ministre réplique en critiquant à nouveau le bilan du précédemment gouvernement. «Reply to the specific question. You are an insult to the community of planters», tonne Boolell. «Yes or no ?», recadre également l’élu PMSD Salim Abbas Mamode. «Shame », crie Shakeel Mohamed. La scène amuse Nando Bodha, qui rit sous cape.

Adrien Duval croit avoir le mot de la fin. Compatissant, il lance au ministre « Plito to pa ti vini zordi ». Mais Boolell n’en a pas fini. «It was a waste of time. A waste of energy. Go to hell ». Rajesh Bhagwan prend le relais : «This country has become hell».

Contrarié par le commentaire de Boolell, Seeruttun en appelle à la Speaker. Précautionneuse, Maya Hanoomanjee ne demande pas à Boolell de retirer son propos sur le champ, préférant vérifier si c’est bien au ministre qu’il a demandé d’aller en enfer. «Abe don’t go», ricane Mohamed.

Entretemps, la présidente de l’Assemblée nationale finit par demander à Boolell de retirer son propos. Celui-ci tergiverse, sous les «capons» et «pena guts» de Pradeep Roopun et Anil Gayan. «Dir ! Lâche !», grogne Pravind Jugnauth.

Les mots «go to hell», fusent dans le Parlement. Arvin Boolell, Maneesh Gobin, Paul Bérenger balancent l’expression l’un après l’autre. Pendant que Maya Hanoomanjee tente de raisonner l’élu du no 18. Le leader du MMM en rajoute, il regarde Seeruttun et lui lance «you were in hell». Rutnah, à cout de «tir li, tir li, fou li deor» encourage la Speaker à tenir la ligne dure envers Boolell. Celui-ci finit toutefois par retirer ses propos.

La PNQ achevée, Xavier et Adrien Duval ainsi que Dan Baboo se lèvent et quittent l’hémicycle. Mahen Seeruttun leur emboîte le pas. Visiblement secoué, le ministre s’entretient notamment le responsable de la communication du bureau du Premier ministre et son propre conseiller en communication. Leur conciliabule dure une dizaine de minutes.

Le ministre regagne sa place après une dizaine de minutes. Etienne Sinatambou écoute avec empathie Mahen Seeruttun. En face d’eux, les travées de l’opposition sont moins denses qu’il y a 30 minutes. Plusieurs élus PMSD n’ayant toujours pas regagné leurs places.

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