Sinistrés après le passage de Carlos, des habitants de la capitale se sont rendus au poste de police de Pope Hennessy, aujourd’hui. C’est là que s’effectuent les démarches pour l’obtention d’une aide sociale. Rs 165 par personne pendant trois jours en cas de mauvais temps, si leurs affaires ont été abîmées.

Parmi la centaine de personnes qui ont fait le pied de grue devant le poste de police, pour certains depuis 10h, les trois quarts habitent le lieu-dit Crownland Tory, à Tranquebar. Une cinquantaine de familles, selon l’une des personnes interrogées, y vivent. Pour certains depuis une vingtaine d’années.

Les conditions sont précaires, d’autant qu’à proximité coule un ruisseau connu sous le nom de Bassin brûlé. Un ruisseau qui, durant les périodes de fortes averses, gonfle et menace de sortir de son lit.

Les maisons aux toits percés laissent passer la pluie, détrempant leurs affaires : vêtements, meubles, nourriture…

A chaque intempérie, l’angoisse les étreint. Et le même scenario se répète. On ne dort plus la nuit, attention que le ruisseau ne déborde. Et quand la menace devient trop grande, les habitants, les enfants et quelques affaires sous le bras, prennent la direction du centre de refuge de la localité.

Et comme à chaque fois, au lendemain des jours de mauvais temps, c’est en direction du poste de police de Pope Hennessy, qui dessert cette région, qu’ils se dirigent. C’est là que se remplissent les formulaires qui leur donneront droit à une allocation de subsistance pendant trois jours.

Les files sont longues devant les lucarnes du poste de police où l’on s’affaire sur les formulaires. Cette étape franchie, c’est l’attente. Certains habitants parlent familièrement avec des policiers présents. D’autres, le formulaire rempli, patientent de l’autre côté de la rue, en compagnie d’un officier ou deux.

Des enfants courent çà et là. Une jeune mère allaite son nourrisson. Une autre est venue avec sa mère, son compagnon, leur deuxième enfant. L’aînée, 8 ans, est à l’école et résidera, ces quelques jours, chez des proches.

Quelques voix s’élèvent. Fatigue, frustration. Et presque du désespoir, devant ces conditions de vie précaires qui mettent enfants et adultes constamment en danger. Alors qu’ils veulent être bien au chaud, chez eux. Le calme revient bien vite. L’attente se prolonge.

14h45. Les policiers en poste informent la cinquantaine de personnes encore sur les lieux que, selon les directives reçues des officiers de la Sécurité sociale, les formalités sont terminées pour aujourd’hui. Quelques femmes parviennent in extremis à toucher leurs chèques. Les autres devront revenir vendredi.

« On a l’habitude. A chaque fois qu’il y a de grosses pluies, c’est la même chose », confie l’une des sinistrées.

Au-delà du chèque et de la « maigre somme » auquel il donne droit, c’est d’un toit en dur dont rêvent ces habitants. Ils ont vu, tout récemment encore, d’autres squatters de Tranquebar être régularisés.

« A quand notre tour ? » s’interrogent certaines voix, désabusées. Qui se remémorent, avec une pointe d’amertume, les « fausses promesses » faites durant la campagne électorale de 2014. La déconvenue lorsque, au ministère de la Sécurité sociale, on les informe qu’il n’y a pas trace d’un quelconque dossier à leur nom. La réalisation qu’il faudra, encore une fois, tout recommencer à zéro. Et attendre.

Alors, ils s’arment une fois encore de patience. Ils suivent les procédures. Ils viennent toucher leur allocation par mauvais temps. Et espèrent que le ministre Soodhun verra les images de ces sinistrés, entendra leur détresse, viendra se rendre compte de leur situation par lui-même, et comprendra l’urgence de leur situation.

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