Un quart de siècle que Nathalie «trase». Presque la moitié de sa vie : elle souffle ses cinquante bougies l’an prochain. Travailleuse du sexe, un métier qu’elle exerce parce qu’il y a les factures à payer. Parce qu’elle goûte peu de travailler pour des gens «dominer». Parce qu’à force, elle a ses habitudes et ses clients réguliers. Nathalie ne mène pas la belle vie. Elle vit. Sans parents ni fratrie – ils sont tous décédés –, elle mène sa barque au gré du vent en espérant qu’il n’y aura pas de mauvais temps.

Sa mésaventure avec la police, il y a presque vingt ans, pèse comme un nuage noir sur son existence. Nathalie n’a pas tellement peur des clients, bien qu’elle concède que certains puissent être vicieux, voire violents. Ceux-là, elle sait maintenant les repérer, contrairement à ses vertes années. Mais les policiers qui l’ont humiliée, menacée et auraient peut-être fait pire, elle ne les oublie pas. Interpellée en pleine rue sous prétexte de la ramener chez elle, Nathalie finit en cellule. Un des policiers lui intimera : «Tir to linz, danse.» Elle ne doit son salut, dit-elle, qu’à la panique qui lui fait piquer une crise et à sa présence d’esprit en comprenant la peur des policiers qu’elle ne soit «folle».

Ce genre d’incident, dit Nathalie, ne s’est pas répété. Mais elle vit depuis avec la peur que cela ne recommence. Ou que cela arrive à une autre travailleuse du sexe. Or, dit-elle, il faut que cessent les intimidations de la police vis-à-vis «bann dimounn ki trase». C’est aussi pour cela qu’elle est solidaire de la marche de Parapli rouz, qui a lieu ce 17 décembre dans la capitale. Date qui marque la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux travailleurs du sexe.

Rendez-vous est donné à 11h30 pour dire stop aux violences faites aux travailleurs du sexe.

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