L’hépatite virale, «un ‘silent killer’». Pour Nicolas Ritter, directeur de Pils, le qualificatif n’est pas exagéré. L’hépatite virale est considérée, depuis  2016, comme une menace pour la santé publique sur le plan mondial. Elle fait bien plus de morts que le virus du sida, note Nicolas Ritter, et est «dix fois plus transmissible».

Or, le directeur de Pils dit constater que le public n’est pas suffisamment informé, qu’il s’agisse des virus de l’hépatite (symptômes, modes de transmissions) ou des traitements.

Les hépatites B et C sont les plus fréquents, touchant quelque 325 millions de personnes selon les données récentes de l’OMS – et responsables de 96% des décès dus aux hépatites virales. Pourtant, il existe des traitements très efficaces – mais coûteux – et même un vaccin contre l’hépatite B. D’où l’appel de Pils pour un plan national de prise en charge des hépatites. «Nous souhaitons collaborer avec le ministère de la Santé pour qu’il y ait un vrai plan de prévention, de dépistage et de traitement», a déclaré Nicolas Ritter à l’issue d’un atelier de travail organisé par Pils en marge de la Journée mondiale contre l’hépatite.

A Maurice, l’échange de seringues et les relations sexuelles non protégées sont les deux causes principales de la propagation du virus. Les traitements coûtent cher mais selon le directeur de Pils, des génériques indiens seront bientôt disponibles.

Dans l’optique de réduire la propagation de l’hépatite C, Pils plaide également pour des amendements à la Dangerous Drugs Act. Cela afin que la possession d’accessoires liés à l’injection de drogue et, partant, la distribution de ce matériel propre dans le cadre des programmes de réduction des risques, soient décriminalisées. Un fonds existe pour cela, relève l’association.

L’un des axes de la Stratégie mondiale du secteur de la santé contre l’hépatite virale pour la période 2016-2021 prône une distribution plus équitable et mieux ciblées des interventions, explique Ajay Nundoochand. Mais aussi la promotion de bonnes pratiques et d’innovation, poursuit celui qui est National Professional Officer auprès de l’Organisation mondiale de la santé à Maurice.

L’objectif de la Stratégie mondiale, adoptée en mai 2016 : réduire le nombre de nouvelles infections de 90% et le nombre de décès de 65% d’ici 2030. Pour l’atteindre, le Global Report on Hepatitis 2017 recommande un meilleur accès aux tests de dépistage et aux soins.

Le Dr William Lederer souligne que la «prise en charge d’un patient doit être globale». Chef du service d’addictologie au Groupe hospitalier Est Réunion, à l’hôpital de St Benoit, il est l’un des deux médecins réunionnais qui intervenaient lors de l’atelier, hier.

Saluant l’ouverture sur la région sur la question des hépatites virales, le spécialiste insiste sur la collaboration. Au niveau de l’océan Indien et, pourquoi pas, du continent africain. «Les frontières ne sont étanches ni aux hommes, ni aux virus», fait le Dr Lederer.

Ce mercredi 9 août à l’hôtel Labourdonnais, une minute de silence a été observée avant que le Dr Sivalingum Ramen, Director Health Services au ministère de la Santé, ne déclare ouverte la journée de travail. Dans l’assistance, on notait la présence de représentants des ONG Kinouété, Ailes ou encore Lacaz A, ainsi que de médecins du National Aids Secretariat, des médecins de privé, de pharmaciens et de patients atteints d’hépatite.

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