La Tour Koenig, jeudi 26 mars. Le soleil tape fort, le sel brûle les yeux. Au Centre culturel Nelson Mandela pour la culture africaine, la température monte d’un cran au rez-de-chaussée malgré l’assemblée peu nombreuse. Pas de tension ni d’échauffourées mais de la chaleur, de la générosité, des musiciens, en partage. Au milieu de la salle, valiha en main – son instrument fétiche –, Rajery esquisse son enfance, sa main de bébé, la couleur de sa musique… Compose un chœur avec la salle – debout, car « on ne peut pas chanter assis » – sur des chants malgaches.

Derrière l’auteur-compositeur-interprète, roulèr, ravannes, maravannes et autres instruments vibrent, résonnent et prennent vie sous les doigts des musiciens. Des Mauriciens venus échanger avec des confrères d’autres contrées, en escale à Maurice le temps d’une représentation, celle de Li té ve’war, prévu ce samedi 28 mars. Dans la salle, on reconnaît le Réunionnais Davy Sicard, qui a également composé la musique de ce spectacle produit à l’île sœur. Mais aussi le chantre du séga seychellois, le « bwa nwar » Patrick Victor, et le roi du salegy, Jaojoby, rejoints un peu plus tard par Linzy Bacbotte.

Tous font partie de cette production qui, au départ, racontait les origines et l’histoire du peuplement de La Réunion. Et qui a fini par s’ouvrir sur les « îles sœurs » de l’océan Indien. Comme le relèvent nos artistes, celles-ci ont certes leurs spécificités. Elles partagent cependant une histoire, des racines, des valeurs, des musiques, des langues. Ce sont vers ces racines, celles du métissage, que remonte une petite fille durant ce spectacle choral de plus de deux heures. Un spectacle qui s’appuie sur les textes d’auteurs régionaux : Danyel Waro, Gilbert Pounia, Axel Gauvin, Alain Batis, Daniel Danis, Catherine Anne et J. M. G. Le Clézio.

C’est là l’histoire que nous chanteront, danseront, joueront plus de 100 personnes sur scène, ce samedi. Car oui, nos cinq compères sont très entourés sur scène, avec une importante chorale d’enfants réunionnais, qui seront rejoints par de jeunes Mauriciens. Tout comme de jeunes Malgaches et Seychellois sont aussi montés sur les planches quand Li té ve’war a fait escale chez eux.

A l’issue de leur journée d’ateliers – dans la matinée, des collégiens sont venus à leur rencontre –, les artistes de Li té ve’war nous ont chaleureusement reçus. Pour évoquer le spectacle, leur parcours ensemble. La nécessité pour les musiciens et artistes de la région de s’appuyer les uns sur les autres au lieu de toujours se tourner vers l’Europe. Mais aussi ces questions fondamentales que nous nous posons tous. Nous, peuples des îles aux origines bigarrées, métissées… Savons-nous seulement ce que cela signifie ?

L’unique représentation aura lieu ce samedi soir, à 19h30 tapantes, à l’auditorium J&J, à Phoenix. Billets en vente sur le Rezo Otayo à Rs 400 (latérale), Rs 500 (seconde), Rs 600 (première), Rs 800 (carré d’or) et Rs 1 000 (VIP). Allez voir !

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