Leur vision de Port-Louis a séduit le jury. Gillian Geneviève et Helena Lutchman sont les gagnants ex æquo du Prix de poésie Edouard Maunick.

‘Port Louis, ce qui demeure’, Gillian Geneviève l’a écrit comme une conversation entre le petit garçon qu’il était et l’homme qu’il est devenu. Lui qui n’a pas habité la capitale y venait souvent, enfant, avec son père. Le texte primé s’appuie sur ces évocations du temps passé d’un «petit garçon (…) au carrefour des épices, du rêve et de l’oubli malgré l’odeur nauséabonde des caniveaux».

L’homme qui se sent «mal à l’aise» à l’idée de se dire poète a été un collaborateur régulier de la revue Point barre. Auteur de nouvelles également, son recueil Elle a reçu le Prix Jean Fanchette en 2006.

Si Gillian Geneviève s’exprime en français dans une langue «ciselée» qui se déroule sur plusieurs feuillets, la toute jeune Helena Lutchman (22 ans) pose ces vers dans un texte plus concis, incisif, taillé dans la langue de Shakespeare. Dans ‘Louise Baby’, Port-Louis la belle prend des allures de femme qui, comme celles qui arpentent ses rues, se fait malmener parfois par des mains baladeuses.

Un texte qui a retenu l’œil d’Ananda Devi, présidente du jury, mais aussi des autres membres de ce panel, Shenaz Patel et Kavinien Karupudayyan. En ‘Louise Baby’, l’auteure qu’on ne présente plus voit une «féroce incursion» dans la «réalité d’aujourd’hui». Alors que «la mélancolie d’un passé» traverse ‘Port Louis, ce qui demeure’.

Helena Lutchman fait partie des jeunes plumes découvertes dans l’anthologie When young dodos meet young dragons, publiée en 2014.

Si de nombreux envois sur les 329 se sont confinés au «pittoresque» et à la description, cette première édition du prix lancé par l’agence Immedia a tout de même été marquée par des textes de qualité, souligne Ananda Devi. A tel point que le jury a choisi d’attribuer une mention spéciale à cinq auteurs :

  • Mohunparsad Bhurtun pour ‘Dan sey trase’. L’enseignant à la retraite contribue à la Collection Maurice. Il était notamment ex æquo du Prix Jean Fanchette en 2003, dédié cette année-là à la poésie.
  • Jean Lindsay Dhookit pour ‘Enn zardin Porlwi’. Ancien chargé de cours, il a reçu le Prix Jean Fanchette en 2015 pour sa pièce Cette brûlante envie de servir. Celle-ci a été jouée en mars dernier sous la direction de Gaston Valayden.
  • Aqiil Gopee pour ‘embrasser le goudron’. Le jeune auteur signe quatre publications et compte plusieurs prix à son actif, dont celui du Prix international du jeune écrivain de langue française par deux fois. Il poursuit actuellement ses études à l’université d’Amherst, aux USA.
  • le slammeur Fanio Guillaume pour ‘Jazz-la al sa Jalsa’.
  • Sylvestre Le Bon pour ‘Tes nuits de liberté’. Auteur de deux recueils de poésie et d’un roman, il a reçu le Prix Pierre Renaud en 1996 pour ses textes poétiques.

La remise des prix a eu lieu le vendredi 28 avril, en présence de la sœur d’Edouard Maunick qui a lu un bref message de l’auteur prolifique : «L’inspiration demeurera toujours la source de poèmes de valeur. Je crie seulement merci aux jongleurs de mots.»

Les deux gagnants auront chacun droit à Rs 35 000. Les textes mis en exergue ? Ils seront peut-être publiés. En tout cas, on l’espère.

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