La pauvreté n’est pas une excuse pour ne pas avancer. Issu d’une famille de sept enfants, son père était tailleur et sa mère femme au foyer, Jayen Cuttaree, Jaya Krishna Cuttaree pour l’état civil, a démontré qu’à force de persévérance et de dur labeur, un Mauricien peut gravir les échelons.

Né le 22 juin 1941 à Rose-Hill, l’ancien leader adjoint du Mouvement militant mauricien (MMM) a veillé à ce que sa fratrie ait une bonne éducation, quitte à travailler en Grande-Bretagne et ensuite en Suède afin de pouvoir envoyer de l’argent à ses parents alors qu’il était bénéficiaire d’une bourse du Commonwealth.

Son frère, Palmesh, a déjà confié comment, lorsqu’il est rentré à Maurice en 1966, Jayen Cuttaree a emmené sa fratrie au Champ-de-Mars après un passage chez un marchand de fruits pour offrir à chacun une pomme, un luxe qu’ils n’avaient jamais pu se permettre jusque-là.

«Il était le baobab de la famille», explique Palmesh, celui à qui il avait déconseillé de poursuivre des études d’art. Durant sa longue carrière, Jayen Cuttaree n’oubliera jamais ses racines, étant resté à l’écoute des plus vulnérables, confie son ancien camarade Jean Claude de l’Estrac.

Titulaire d’un baccalauréat en sciences forestières de l’université d’Edimburg, d’un masters et d’un doctorat en écologie de l’université d’Uppsala, en Suède, cela ne l’a nullement empêché de faire le droit, son ambition première. Ce, après un passage au sein de la fonction publique en tant qu’assistant du conservateur des bois et forêts et directeur de la Sugar Planters Mechanical Pool Corporation (SPMPC).

C’est son amour pour la politique qui le pousse à quitter son poste, ayant participé à un meeting. Une porte se ferme, mais d’autres s’ouvrent à lui. Il travaillera comme chef de la Division des ressources naturelles de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), à Addis-Abeba, et ensuite comme spécialiste des programmes, recherche et développement en ressources naturelles à l’Unesco, à Paris.

Il quittera tout de même un poste rémunérateur à l’Unesco pour revenir servir le pays qui passe par des moments troubles. Alors sympathisant travailliste, sir Satcam Boolell l’encourage à embrasser le droit. Il a alors la quarantaine lorsqu’il est reçu au Lincoln’s Inn. Sir Satcam disait toujours qu’il faut absolument pratiquer une profession libérale pour être politicien.

Devenu avocat, Jayen Cuttaree est élu député mauve à Stanley/Rose-Hill lors du raz-de-marée de 1982. Franc-maçon, ce fidèle de Paul Bérenger a œuvré en faveur de l’alliance Parti travailliste-MMM en 1995. Après avoir occupé des portefeuilles (Affaires étrangères, Industrie et Commerce, Justice, Logement et Terres), il s’était porté candidat au poste de directeur général de l’Organisation mondiale du commerce face à Pascal Lamy en 2005.

Il demandera à un journaliste étranger s’il estimait que la compétence était géographique lorsque ce dernier l’interrogeait sur ses chances du fait qu’il était issu de la zone Afrique. Affectueusement surnommé «mamé» par ses proches, Jayen Cuttaree était de nature conciliante et ne se prenait jamais la tête.

C’est après s’être officiellement retiré de la politique qu’il a publié sa fameuse «Behind the Purple Curtain: A Political Autobiography». Publié en 2011, ce livre revient sur son engagement de militant, mais aussi sa proximité avec les travaillistes. Navin Ramgoolam, alors Premier ministre, était présent au lancement du livre aux côtés de Paul Bérenger.

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