Le botaniste Pierre Poivre a fait sa renommée pour son engagement dans l’aventure des épices ainsi que dans la création du Jardin botanique de Pamplemousses. Cependant, l’intendant du roi à l’époque de l’Isle de France a également été un pionnier de la protection de l’environnement.

Pour le tricentenaire de sa naissance ce vendredi 23 août, la Société royale des arts et des sciences de Maurice (SRAS) compte bien mettre en lumière qu’il ait fait le lien de cause à effet entre l’activité humaine et la réduction de pluviosité. C’est que souligne en tout cas son président, Pierre de Boucherville Baissac.

Il a déjà consacré un ouvrage au botaniste intitulé «L’impératif écologique de Pierre Poivre». Il explique que celui-ci a rédigé Le Règlement Economique en 1769, ce qui est considéré comme la première loi écologique du monde. Cette loi obligeait les propriétaires de terrains à conserver 25% de leurs terres boisées, particulièrement ceux situés en montagnes et en bord de rivières.

Une telle loi visait à freiner la réduction des pluies et à limiter l’érosion des sols. Certaines mesures de cette loi sont toujours présentes dans la Forests and Reserves Act (1983), explique Pierre de Boucherville Baissac.

Dans son discours aux habitants de l’île lors de son arrivée à l’Isle de France en 1767, Pierre Poivre avait dit ceci : «La nature a tout fait pour l’Isle de France : les hommes y ont tout détruit». Un an plus tard, il introduisait le martin à Maurice, afin de contrôler la population de la sauterelle qui dévastait les champs agricoles.

Ce fut là la première tentative de contrôle de population biologique, estime Emmanuel Richon, conservateur du Blue Penny Museum. Quelques années plus tard, Pierre Poivre réglementa également la chasse et la pêche afin de protéger les espèces animales et marines.

Pour Pierre de Boucherville Baissac, les réalisations de Pierre Poivre dans le commerce des épices restent pour la postérité. Cependant, les recherches et les conclusions de l’intendant de l’Isle de France relèvent davantage de l’actualité. Il estime que Pierre Poivre est le premier à avoir constaté le changement climatique que l’activité humaine pouvait engendrer.

Pour célébrer la mémoire de Pierre Poivre, la SRAS, en collaboration avec le Jardin Botanique de Pamplemousses et le Blue Penny Museum lui consacrent une série d’événements. Le Blue Penny Museum organisera une exposition du 29 août jusqu’à la fin du mois octobre.

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