28. C’est le nombre d’appels échangés entre Vikash Rampoortab et un numéro de portable à la prison de Beau-Bassin. La carte SIM a été saisien. Ces appels ont valu à l’avocat d’être convoqué, ce jeudi 3 août, par la commission d’enquête sur les drogues.

Si Rampoortab soutient qu’il ne se souvient pas de ces coups de fil, l’ex-juge Paul Lam Shang Leen avoue ne pas comprendre comment l’avocat ne peut se rappeler. Surtout après un échange téléphonique qui a duré 14 minutes. L’assesseur Sam Lauthan a aussi repris ce point en fin d’audition pour interpeller l’avocat. Cela dans le but de lui faire comprendre que ses réponses manquent de véracité.

«Si vous parlez à quelqu’un pendant 14 minutes, et qu’ensuite vous le rappelez, allant même jusqu’à lui envoyer 2 messages, vous devez sûrement connaître l’identité de  la personne», a martelé Paul Lam Shang Leen. Rampoortab a expliqué qu’il recevait souvent des appels des proches de Curly Chowrimoothoo.

Celui-ci purge actuellement une peine d’emprisonnement de 22 ans pour trafic de drogue. Il est aussi en attente de sa sentence dans un procès pour blanchiment d’argent. Chowrimootoo est accusé d’avoir transféré de l’argent en Tanzanie par le biais de prête-nom. Des membres de la famille du jeune homme sont aussi incarcérés pour des affaires de drogue.

Rampoortab a également avoué qu’il a par le passé reçu un coup de fil de Chowrimootoo, qui a été son client. Mais il lui a fait comprendre qu’il lui faut passer par le Welfare Officer pour ses appels téléphoniques.

Paul Lam Shang Leen devait par la suite confronter l’homme de loi sur ses visites aux prisonniers. Notamment celles, jugées douteuses, à Preddy Chinien, l’ex-policier qui a déserté le pays suite à son implication dans le réseau de la drogue. Mais l’avocat niera en bloc.

Il n’a jamais rendu visite ou défendu Preddy Chinien, a affirmé Rampoortab. Par contre, il était souvent amené à rendre visite aux prisonniers lorsqu’il travaillait pour le compte de MNavin Ramchurn. Ce dernier était notamment l’avocat de Siddick Islam en 2009.

«Je n’arrive pas à me retrouver dans vos comptes bancaires», a déclaré par la suite Paul Lam Shang Leen. Ce dernier demandera à Rampoortab de fournir des explications quant aux grosses sommes d’argent qui étaient versées sur ses comptes. L’avocat rétorquera en affirmant que ceux-ci ont été vérifiés par la Mauritius Revenue Authority et qu’aucune maldonne n’a été relevée.

A l’issue de son audition, Vikash Rampoortab a déclaré que l’une des failles majeures relevées par la commission est l’accès des détenus aux portables en prison. Accès qu’il faut éliminer.

Sanjeev Nunkoo prend Me Kandhai à contrepied

Plus tôt dans l’après-midi, Sanjeev Nunkoo a été entendu par la commission d’enquête sur la drogue. Son audition fait suite à celle de Me Anupam Kandhai. Celui-ci l’avait défendu durant son procès pour complicité du meurtre d’Hélène Lam Po Tang.

Me Kandhai avait affirmé lors de son parution devant la commission d’enquête, que Sanjeev Nunkoo lui avait demandé de faciliter le paiement, début 2016, d’une amende de Jackson Kamasho. Nunkoo avait été codétenu du Tanzanien, incarcéré pour trafic de drogue.

Nunkoo a réfuté la version de Me Kandhai mais avoue avoir suggéré le nom de ce dernier au trafiquant de drogue. «Mon implication dans cette affaire s’arrête là», a souligné Sanjeev Nunkoo. Qui nie également avoir été en possession de la somme requise pour payer l’amende. L’argent, dit-il, c’est Kandhai qui l’avait.

Son audition s’est poursuivie à huis clos.

Accusé de complicité dans le meurtre d’Hélène Lam Po Tang, Sanjeev Nunkoo a été acquitté par le jury en juillet 2015. Il a passé quatre ans et huit mois en détention préventive.

Texte : Thevarajen Pillay et Dylan Uppiah

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