«We won’t vote.» Le leader du MMM a tenu à le réitérer : les parlementaires mauves ne voteront pas le projet de réforme électorale. Paul Bérenger s’est dit «triste» qu’une fois de plus, le MSM et le parti du cœur – bien que n’étant pas au gouvernement – laisseront passer une nouvelle occasion de refonte de notre système politique.

«J’ai entendu des rumeurs que le gouvernement amenderait ses propositions», a relevé le chef des mauves. Et de poursuivre : mais celles-ci se maintiennent, au vu des interventions du Premier ministre Pravind Jugnauth et du ministre mentor, sir Anerood Jugnauth.

Affable, bonhomme, pédagogue, Paul Bérenger a d’abord revêtu son costume d’historien le temps d’un «short trip down memory lane». Le but du cours magistral : rappeler l’histoire des élections à Maurice pré- et postindépendance ainsi que les origines du Best Loser System (BLS). Pour mieux comprendre où nous en sommes aujourd’hui.

Les propos étaient mesurés, l’homme avenant, un sourire parfois aux lèvres en évoquant ce qui aurait pu être lorsque le MSM et le MMM étaient au pouvoir. Mais «j’avais dit qu’on n’avait pas de mandat» pour enlever le BLS à l’époque, a rappelé Paul Bérenger. L’alliance cœur-soleil n’a donc pas persisté dans cette voie.

Il n’est pas d’accord avec sir Anerood Jugnauth qui a énuméré une série de pays où le principe du First Past the Post serait appliqué. Le ministre mentor fait erreur, le reprend tranquillement Bérenger : il y a partout une dose de proportionnelle. Maurice, poursuit-il, est le seul pays au monde où on introduit une dose de proportionnelle «trop basse» et «un autre machin» pour corriger la proportionnelle. Et de renchérir : «si on fait une réforme, c’est pour corriger, on ne peut pas défaire ce qu’on vient de faire.»

«Je sais que je ne pourrai pas convaincre sir Anerood» mais Bérenger insistera tout de même : aucun système électoral ne garantit la stabilité politique. Et si le ministre mentor semble avoir une hantise envers la dose de proportionnelle, peut-être devrait-il se rendre moins souvent à Rodrigues, a plaisanté le leader du MMM. L’exemple rodriguais, «obsession» que SAJ reprend pour démontrer les risques inhérents à la proportionnelle, n’en est pas un, assène Bérenger.

Il y a «un vrai problème» avec le BLS, a déclaré le leader du MMM. Celui-ci maintient cependant son opposition au recensement ethnique, qui serait un «recul dramatique», tout en faisant la distinction avec le population census décennal. Il reprenait sur ce point certains arguments avancés plus tôt par Adrien Duval du PMSD.

Du reste, le recensement ethnique est «contesté» et «dépassé» : les quatre catégories actuellement reconnues par la Constitution ne sont plus applicables. «Mais si on divise, où va-t-on s’arrêter ?» La peur, l’angoisse sont réelles au sein de «certaines sections» de la population, estime Bérenger, au sein desquelles le spectre de l’année 1948, quand aucun musulman ni sino-mauricien n’avait été élu, est encore vivace.

Ce qui est proposé pour remplacer le BLS ne rassure personne. Il faut «écouter la population», a plaidé Bérenger. Qui trouve regrettable que la représentativité féminine et la mesure antitransfuge soient parties intégrantes d’une réforme qui ne passera pas. Alors qu’elles auraient pu être présentées séparément.

Et comme Adrien Duval plus tôt, le chef des mauves s’est étonné que le gouvernement ne veuille pas rendre public le rapport de l’Electoral Supervisory Commission sur la réforme.

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