«L’exemple doit venir d’en haut», soutient Rajesh Bhagwan du MMM. Qui réclame la tête de Mario Nobin. «Il n’y a rien», a vivement soutenu sir Anerood Jugnauth (SAJ), qui justifie que le Commissaire de police soit blâmé, voire renvoyé. Un peu plus tôt, Xavier Duval énumérait les récents cas de policiers pris en faute, notamment dans l’affaire Lutchigadoo.
SAJ le concède : «Il y a quelques personnes corrompues au sein de la police.» La complicité d’au moins trois policiers dans l’affaire Lutchigadoo en atteste, a-t-il poursuivi. Même si le ministre de la Défense récuse les allégations d’«infiltration» par la mafia que brandit Xavier Duval.
«I don’t see anything wrong with a Police des polices.» Sir Anerood Jugnauth préfère toutefois attendre les conclusions de l’enquête sur l’escapade de Kusraj Lutchigadoo avant de se prononcer plus avant. «Je suis d’accord, nous devons corriger de nombreuses choses», notamment au niveau du recrutement, a-t-il répondu à Xavier Duval, qui l’interrogeait sur la nécessité de réformer la police.
«Traitement VIP»
SAJ le concède : les images des caméras de surveillance du centre de détention de Vacoas n’étaient pas visionnées au quotidien. Le leader de l’opposition Xavier Duval l’a souligné durant la Private Notice Question : l’escapade de Lutchigadoo le 23 avril et la fête d’anniversaire en son honneur le 4 mai n’ont été rapportées au Central Criminal Investigation Department que le 10 mai.
Le ministre de la Défense a d’ailleurs donné des instructions au Commissaire de police pour que le visionnage des images CCTV soit effectué tous les jours.
Kusraj Lutchigadoo a bénéficié d’un «traitement VIP» au centre de détention de Vacoas, selon Duval. Celui-ci avait plutôt des allures de «guest house», a ironisé le leader du PMSD. Où Lutchigadoo et le prévenu Ashish Dayal, impliqué dans une autre affaire de drogue, avaient droit à nombre de faveurs : visites de proches, fête d’anniversaire, accès à des cellulaires… Les deux hommes dormaient, en outre, dans une «salle commune» et non dans leurs cellule, soutient Duval. «La police enquête sur ces manquements», a soutenu SAJ.
Il n’y a pas de caméras dans toutes les pièces de centre de détention, dont la cuisine, a fait remarquer le leader de l’opposition. «Je demanderai au Commissaire de police de faire le nécessaire», a répondu SAJ. Et d’ajouter : «On attend les résultats de l’enquête pour identifier les lacunes.»
S’agissant du portable de Lutchigadoo dont les données ont été effacées, il se pourrait que le prévenu en soit l’auteur. Lorsqu’il avait réussi à s’enfuir lors de la perquisition à Triolet, le 30 mars, qui avait mené à son arrestation.
L’enquête sur l’escapade de Lutchigadoo porte aussi sur le rôle d’Ashish Dayal, a assuré SAJ. Mêlé à l’affaire Gro Derek puis celle du constable Arvind Hurreechurn, le prévenu serait celui qui aurait indiqué à Lutchigadoo comment «prendre le contrôle» du centre de détention et «recruter des policiers», à en croire Duval. Ce qui amène le leader de l’opposition s’il n’y a pas eu «infiltration» au Moka Detention Centre, d’un niveau de sécurité inférieur, dans l’affaire de mort par pendaison du constable Hurreechurn en octobre 2016.
La police enquête toujours, a répliqué SAJ, mais aucun lien n’a été établi entre ces deux affaires.
Suivant son arrestation le 30 mars, Kusraj Lutchigadoo fait face à trois charges provisoires : trafic de drogue avec circonstances aggravantes, possession de matériel à être utilisé pour la fabrication de drogues ; et blanchiment d’argent. Il répond également d’une charge provisoire de complot relative à son escapade.
Sept autres personnes ont été arrêtés dans cette affaire, dont trois policiers pour complot. L’Independent Commission against Corruption enquête également.
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