A Belle-Rose/Quatre-Bornes, des partisans MSM sont remontés contre Roshi Bhadain. Et les critiques pleuvent. Des activistes assistaient, ce 30 janvier, à une réunion de la régionale no 18 à la municipalité de Quatre-Bornes. Certains d’entre eux n’ont pas mâché leurs mots en parlant de celui qui avait été, il y a une semaine encore, l’un des cadres du parti soleil.

D’autres ont été, sous couvert de l’anonymat, aussi critiques envers leur leader Pravind Jugnauth. Sans pour autant entrer dans les détails. Ils se désolent aussi de la démission de Samad Gunny, conseiller municipal à Quatre-Bornes, du MSM. Celle-ci est intervenue, la semaine dernière, dans le sillage de celui de Roshi Bhadain.

Le conseiller municipal, élu sous la bannière de l’Alliance Lepep à Quatre-Bornes, était, ce matin encore, employé chez MT Services Ltd. Jusqu’à ce qu’il reçoive un courrier [voir la lettre ici], peu avant 16h, l’informant que la filiale de Mauritius Telecom (MT) met fin à son contrat « avec effet immédiat ». Avec un mois de salaire en lieu de préavis.

Politique active

Selon la missive, Samad Gunny contrevient à la clause 13 du code de conduite rattaché à son contrat. Celle-ci précise notamment que les salariés de MT ne peuvent pas faire de politique active. Ni participer aux élections générales ou locales.

La lettre poursuit : le département des ressources humaines (RH) a « contacté [Gunny] à plusieurs reprises » car celui-ci devait « choisir entre son emploi chez MT Services Ltd ou son poste de conseiller municipal ». Et c’est à travers de récents articles de presse, est-il écrit, que la compagnie a appris que cet employé était toujours conseiller municipal.

Samad Gunny affirme, lui, que la compagnie « était au courant depuis le début » de ses responsabilités à la mairie de Quatre-Bornes et c’est d’ailleurs son engagement au MSM qui lui a valu d’être employé par MT. Employé à compter du 15 juin 2016 en Channel Development, il soutient qu’il avait évoqué ce fait dès son entretien. Le trentenaire renchérit : le CEO de Mauritius Telecom (MT) l’aurait même encouragé dans ses activités politiques.

Sherry Singh aurait, entre autres, dit à Gunny qu’il devait travailler pour Pravind Jugnauth et lui aurait demandé de grossir les rangs des fidèles à la Place d’armes, lundi dernier, jour de la prestation de serment du nouveau Premier ministre et de son Cabinet.

Il aurait aussi été soutenu par Siven Seelloy, agent du MSM à Belle-Rose/Quatre-Bornes et membre du département des ressources humaines chez MT.

«Vendetta»

Aujourd’hui, le père de deux enfants se sent « persécuté ». « C’est une vendetta. On m’avait prévenu la semaine dernière : ‘Mo pou ras to travay.’ » Tout cela, dit Gunny, 30 ans, parce qu’il a démissionné du MSM et rejoint Roshi Bhadain, « quelqu’un d’honnête, de droit, de sincère ». Gunny dit croire que Roshi Bhadain « pa interese ar larzan » mais veut d’un avenir meilleur pour ses enfants où prime la méritocratie.

Gunny reconnaît que son contrat stipule qu’il ne peut faire de politique active. Mais le timing de son licenciement le laisse soupçonneux. « Si cela gênait vraiment, pourquoi ne m’a-t-on pas révoqué dans l’immédiat ? Pourquoi maintenant ? » s’interroge-t-il. D’autant, affirme-t-il, qu’il n’a jamais caché son implication et que des images de lui en politique, notamment lors de la récente réunion du conseil qui a élu l’adjointe au maire en remplacement de la conseillère PMSD Arline Koenig, abondent sur son profil Facebook et dans les médias.

Il aurait pu, fait observer Gunny, discuter pour faire enlever cette clause de son contrat, à l’instar d’autres collègues chez MT. Mais il ne l’a pas fait, explique-t-il, car Sherry Singh l’avait vivement assuré de son soutien. Or, soutient Gunny, le CEO de MT de même que Siven Seelloy lui ont intimé récemment que « zis dimoun Pravind Jugnauth ki kapav travay MT ».

Et contrairement à ce que stipule sa lettre, Gunny maintient qu’il n’a « jamais, jamais, jamais » reçu d’avertissements. « Il n’y a pas eu, non plus, de comité disciplinaire. »

Question d’éthique 

Des propos que conteste vigoureusement une source autorisée chez MT. Samad Gunny, fait-on valoir, a été notifié lors d’une réunion, dès septembre dernier, par Siven Seelloy et un autre membre des RH que ses activités politiques contreviennent au code de conduite du groupe. Rencontre qui a été suivie par un appel de Siven Seelloy, un mois plus tard.

Notre interlocuteur souligne le fait que depuis les amendements apportés à la Local Government Act, qui prévoient la rémunération des conseillers [voir p. 33 de la loi ici], le code de conduite en vigueur chez MT stipule qu’un employé ne peut être engagé dans des activités politiques rémunérées. « Il est conseiller municipal, il est payé pour cela et employé chez MT : ce n’est pas éthique. »

Le code de conduite précise que toute infraction sera sanctionnée par des actions disciplinaires, pouvant aller jusqu’au licenciement immédiat.

Si notre source ne confirme ni ne nie l’engagement politique de Siven Seelloy, elle fait toutefois ressortir que ce dernier n’occupe, sur le plan politique, aucun poste « officiel payant ».

Qu’en est-il des allégations à l’effet que Sherry Singh aurait activement encouragé Samad Gunny, notamment à participer à la mobilisation du 23 janvier dernier ? « Sherry Singh ne répondra pas aux faussetés de M. Gunny », déclare notre interlocuteur à MT.

Responsabilité fiscale

Dans l’entourage de Roshi Bhadain, on maintient aussi les accusations de représailles à l’encontre des proches du fondateur du Reform Party. Et de s’interroger sur le timing d’un autre courrier [voir la lettre ici] adressé le 27 janvier à Yash Bhadain, cousin de ce dernier. La Mauritius Revenue Authority l’informe d’une Compliance Review Visit prévue pour ce jeudi 2 février au domicile, et non à l’étude, de l’avocat.

Le fisc mauricien précise que cela fait partie de la stratégie de conformité révisée. Des efforts sont faits pour mieux éduquer les contribuables sur leurs obligations fiscales et les aider à s’en acquitter.

Une unité dédiée à cela a été mise en place depuis moins d’un an à la MRA. Celle-ci voulant agir en facilitateur au lieu d’être seulement perçue comme law enforcing agency. Cela cadre avec le changement d’approche au niveau international. L’Organisation de coopération et de développement économiques préconise ainsi d’inculquer au contribuable de bonnes habitudes dès le départ.

Le contribuable est prévenu par courrier de la visite, qui n’est pas un exercice d’audit. La Compliance Review Visit passe en revue les dispositions en vigueur chez la VAT registered person. Ensuite, elle signale par courrier les manquements notés, s’il y en a. Une visite de contrôle est effectuée environ trois mois plus tard pour s’assurer que tout est conforme.

«Bastion MMM»

Samad Gunny est, lui, très amer. Elu au Ward 1 de la ville de Quatre-Bornes, il note que le MSM l’a présenté comme candidat aux municipales de 2015 contre un membre aguerri du MMM dans sa zone. Cela alors qu’il venait officiellement d’intégrer le parti soleil. Et qu’il était actif depuis décembre 2014.

« Je croyais au programme de l’Alliance Lepep. Il y avait aussi ce dégoût total » face au régime travailliste.

Que compte-t-il faire maintenant ? « Je vais en discuter avec ma famille et, éventuellement, avec un conseil légal. » Sur le terrain politique, en revanche, le jeune homme ne compte pas lâcher l’affaire. Lors des municipales de 2015, fait-il valoir, « enn bastion MMM net ki’nn vire, pa nek mwa » au Ward 1, grâce notamment au travail abattu par Roshi Bhadain. « J’attends de pied ferme le candidat que le MSM compte présenter contre moi au Ward 1. Nous les attendons de pied ferme. »

Phoro : Koomaren Chetty (chemise bleue) et des membres du MSM au sortir d’une réunion, le 30 janvier, à la municipalité de Quatre-Bornes.

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