Quelque part, quelqu’un veut absolument faire croire qu’une alliance MSM-MMM est aussi inévitable qu’imminente. Les dénégations hebdomadaires de Paul Bérenger n’y ont rien fait. Au sein même de son bureau politique, certains l’affirment la main sur le cœur : «Si Paul fer sa, sa kout-la mo ale». Mais à défaut d’envie, le besoin d’un nouveau partenaire – synonyme de nouveau départ – doit probablement se faire sentir au MSM plus qu’ailleurs.

Car il est bien difficile d’affirmer que le gouvernement de Pravind Jugnauth se porte bien. Les épisodes de «soy» s’enchaînent – la pile de boulets atteint une hauteur vertigineuse. Des calamités communicationnelles comme Etienne Sinatambou s’expriment librement. Des résultats économiques et sociaux d’envergure sont toujours introuvables. Si les alliances électorales se concrétisent au dernier moment… on commence à y penser bien en avance. Vu le contexte, l’idée doit tarauder quelques-uns.

Malgré l’adage «tout est possible en politique», quelques incompatibilités fondamentales demeurent toutefois. Une alliance MSM-Parti travailliste ou encore un MMM-PTr font partie du champ de l’impossible. Tout comme une grande bataille qui verrait le MSM-ML, le MMM, le PTr et le PMSD s’affronter en rangs dispersés. Car cela impliquera un résultat calamiteux pour au moins deux de ces formations.

C’est dans ce contexte que Pravind Jugnauth et les principaux responsables politiques du pays abordent leur semaine de Divali. Ne soyons ni dupes ni hypocrites. Les nombreuses célébrations de fête de la lumière sont autant d’occasions pour les leaders politiques hindous d’accroître leur rayonnement, de se maintenir en selle ou alors de revenir à l’avant-scène. La semaine écoulée et les quelques jours qui suivront seront autant d’occasions pour Pravind Jugnauth et Navin Ramgoolam de se jauger. La tournée de Divali n’est pas terminée. Mais nous arrivons déjà à deux conclusions.

La première. Pravind Jugnauth est loin d’avoir le même rayonnement auprès des organisations socioculturelles hindoues que Navin Ramgoolam à la même période de son mandat de chef du gouvernement. A mi-mandat, un Premier ministre est une bête que tous les opportunistes des associations socioculturelles se font un devoir de caresser dans le sens du poil… le plus souvent possible.

Or, en deux occasions, les célébrations de Divali ont été l’occasion de constater que Pravind Jugnauth ne rayonne pas auprès des organisations socioculturelles de la manière dont certains de ses conseillers l’auraient souhaité. Dimanche dernier, la célébration de Divali par la Hindu House nous en a fourni un exemple. Cette association socioculturelle est connue pour son tropisme envers le parti soleil. Un penchant que Navin Ramgoolam avait dûment puni alors qu’il était chef du gouvernement.  Alors comment expliquer que ceux qui n’auraient jamais prononcé une remarque de travers contre sir Anerood Jugnauth, questionnent ouvertement la méthode de l’actuel Premier ministre ? En lui faisant le mauvais coup de comparer sa manière de faire à la célérité légendaire de son mentor de père.

Là où Veerendra Ramdhun s’est laissé aller à un style «gro fey», Rajendrah Ramdhean a été plus subtil lors des célébrations de Divali de la Mauritius Sanatam Dharma Temples Federation (MSDTF). Loin de chercher à déifier, comme son prédécesseur, le Premier ministre du jour, le nouveau président de la MSDTF a réussi un étonnant numéro de funambule. S’arrangeant pour louer l’action de tous les Premier ministres du pays. Tout en ne proposant l’appui de son association à Jugnauth que sur des sujets spécifiques comme la question de la drogue. Dans son discours, Ramdhean a même davantage traité Jugnauth comme un ministre des Finances à qui on demande un appui budgétaire plutôt qu’un chef politique «enn ti pe pli tipti ki bondie» à qui on jure allégeance.

La seconde. Navin Ramoolam ne se retient plus. L’abandon de l’essentiel des charges provisoires contre lui aidant,  l’ancien Premier ministre se fait désormais plus visible et audible. Quitte à trop en faire – un travers habituel qu’Arvin Boolell connaît déjà bien. Que ce soit fin septembre lors de l’inauguration de la statue géante de la divinité hindoue Durga à Ganga Talao ou à la demi-douzaine de célébrations de Divali auxquelles il est convié, Navin Ramgoolam ne rase pas les murs.

Le leader du PTr est même en plein effort de consolidation de ses relations avec le milieu socioculturel de la communauté majoritaire. Vendredi, l’attitude extrêmement chaleureuse de la direction de la MSDTF mais aussi de diplomates influents envers le chef des rouges donne une indication claire sur la place que celui-ci compte reconquérir auprès d’une frange de l’électorat.

La Hindu House, l’Arya Ravived Pracharini Sabha, la MSDTF, le Gahlot Rajput Maha Sabha et les associations hindoues dites influentes mentent toutes quand elles prétendent être des faiseuses de rois. La réalité, c’est qu’elles disposent d’un vaste réseau sur le terrain et arrivent souvent à humer l’atmosphère et prévoir à l’avance la direction des vents politiques. Ce qui leur permet de soutenir opportunément ceux que le terrain désigne déjà comme les prochains occupants de l’Hôtel du gouvernement. Qu’ont humé les Ramdhun et Ramdhean du pays ?

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