La décision d’Anil Gayan de remplacer la méthadone par d’autres traitements de substitution continue de soulever des questions au sein du Parlement. Hier, c’était au tour de Zouberr Joomaye d’aborder ce sujet. Le député mauve estime que l’introduction d’un traitement alternatif à base de Suboxone facilitera, entre autres, le trafic de Subutex sur Maurice. Le ministre de la Santé a tenu à rassurer que le gouvernement renforcera les contrôles à ce sujet. Il a également rappelé que le nouveau traitement concerne les nouveaux adhérents au programme de substitution et ceux qui sont « motivés pour mettre fin à leur dépendance aux drogues ». Ceux qui sont déjà inscrits au programme de substitution continueront leur traitement à la base de méthadone, a précisé Anil Gayan, vivement défendu plus tôt dans la matinée par le Premier ministre.

Osman Mahomed a, pour sa part, indiqué avoir suivi les conseils d’Anil Gayan du 22 septembre dernier et effectué des recherches sur Google. Selon les informations obtenues par le député rouge, le traitement à base de Suboxone serait pire que celui à base de méthadone. En Australie, d’où Gayan a fait venir un médecin pour conseiller son ministère, le traitement n’a pas un « clean sheet », insiste le parlementaire. Le ministère de la Santé maintient, pour sa part, que le traitement à dose fixe de Suboxone destiné aux toxicomanes dépendants aux opiacés est approuvé et utilisé dans plus de 30 pays. Tout en déplorant l’inefficacité du traitement actuel à la base de méthadone. Gayan note ainsi que depuis les débuts du programme en 2006, seuls 40 patients sur 6 000 inscrits ont pu « décrocher ».

Pourquoi ne pas attendre des recommandations solides de l’Onu sur ce sujet « grave » avant de passer à un autre traitement ? interroge alors le leader de l’opposition Paul Bérenger. Celui-ci a, de nouveau, mis en avant le fait que la confidentialité des patients inscrits au programme de substitution n’est plus respectée. « Je suis conscient qu’il y a un problème », concède alors le ministre de la Santé. C’est pourquoi, dit-il, il a rencontré et fait appel au directeur exécutif d’Onusida, Michel Sidibé, lors du 2e Forum ministériel Chine-Afrique sur le développement de la Santé qui s’est tenu à Cape Town, début octobre.

Le député de Rodrigues Joseph Buisson Leopold a souhaité savoir s’il existe des traitements qui permettraient aux toxicomanes séropositifs de mettre fin à leur dépendance. Anil Gayan a répondu que « c’était effectivement le but ultime » du gouvernement mais qu’il faut « commencer quelque part » pour l’atteindre éventuellement.

Anil Gayan a, par ailleurs, fait état d’une hausse « considérable » du nombre de seringues requises par les ONG dans le cadre du programme d’échange. Ce chiffre, dit-il, est passé de 10 000 à 60 000 en neuf ans alors que le nombre requis pour le programme d’échange géré par le gouvernement est resté le même. Il annonce qu’une étude sera faite afin de mieux comprendre la raison derrière cette augmentation et d’évaluer la situation.

Photo d’illustration (lessorbonnenouvelles.wordpress.com)

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