Cela s’annonçait comme un tournoi de poker grandiose. Réunissant des dizaines de joueurs venus d’Inde au Casino de Grand-Baie. Si les règles entourant ce Teen Patti n’auraient pas été respectées dans un premier temps, « tout serait rentré dans l’ordre » au dernier jour du tournoi, fait-on ressortir à la Gambling Regulatory Authority (GRA).

L’organisateur Raj Badshah, rencontré le samedi 9 avril, affirmait pourtant « ne pas être là pour des problèmes », mais pour des « solutions ». Son but étant, dit-il, de « booster le secteur du casino », voire de « créer un casino hub » à Maurice, avec ce type de tournoi de poker indien.

A l’écouter, il n’en serait pas à son coup d’essai. Industriel de formation – il se décrit comme un « expert de l’eau » –, Raj Badshah amorce un virage vers les jeux du casino il y a environ trois ans. Maurice est la cinquième escale de ce tournoi de Teen Patti, après le Népal, le Sri Lanka, l’Inde et le Cambodge.

L’homme, originaire du Rajasthan, est venu accompagné de son équipe d’une soixantaine de personnes qui comprend croupiers, superviseurs et managers d’Inde et du Népal. Cela afin d’encadrer au mieux cet événement non-stop qui a démarré officiellement le 7 avril à midi et a pris fin dans la soirée du 11.

Infractions constatées

L’organisation de ce tournoi est soumise à des conditions strictes. Raj Badshah, qui ne souhaite pas s’étendre sur le sujet, a seulement déclaré : « Nous avons rencontré des problèmes concernant certains mécanismes. » Des mécanismes qui, selon lui, devraient être rectifiés.

Si Badshah déclare vouloir faire de ce tournoi un événement annuel, la GRA précise, pour sa part, que le permis était « occasionnel » et pour une durée de cinq jours « uniquement ». C’est toutefois au niveau de la « clause d’exclusivité », dit Raouf Gulbul, que des problèmes ont surgi. « Les conditions rattachées au permis ad hoc octroyé stipulent que les Mauriciens ne participeraient pas au tournoi », affirme le président du conseil d’administration du régulateur des jeux. Or, les inspecteurs dépêchés sur les lieux « tous les soirs » ont constaté des infractions à cette clause, dit Gulbul. Ce qui a été signalé à la direction du Casino de Grand-Baie.

C’est, en effet, la maison de jeux qui a soumis la requête pour ce tournoi, explique le chairman. « Il revient au casino de veiller à ce que les organisateurs respectent les conditions », poursuit-il. Les inspecteurs ont donc « insisté pour qu’il y ait ʻstrict complianceʼ » pendant toute la durée du tournoi. Dans l’après-midi du 11 avril, Raoulf Gulbul était en mesure de dire que : « De ce que j’apprends, tout est rentré dans l’ordre. »

«Problèmes de mise en route»

« Aucun Mauricien n’a participé au tournoi. » Kurt Peter, qui a personnellement supervisé une partie du tournoi, insiste fortement sur ce point. Le General Manager (GM) de la State Investment Corporation Management Services (SICMS), qui supervise le Casino de Grand-Baie, explique que de par l’organisation de ce Teen Patti, les résidents locaux ne pouvaient « en aucun cas » en faire partie.

Le tournoi de poker indien, dit Kurt Peter, « s’est très bien passé ». Certes, concède-t-il, il y a eu quelques « petits problèmes de mise en route », comme cela arrive pour ce genre d’événement. « Mais j’ai été impressionné par le fait que tout le monde du Raj Badshah Group était axé sur les solutions », note le directeur des Casinos. La GRA, ajoute-t-il, a attiré l’attention sur « des points d’ordre mineur qui ont été tout de suite rectifiés ». Il n’y a d’ailleurs pas eu, relève le General Manager, « d’amendes ni de sanctions ». Les Casinos de Maurice, fait ressortir le General Manager, ont de bonnes relations avec le régulateur.

Les retombées de ce tournoi sont très positifs pour les Casinos de Maurice, laisse entendre Kurt Peter. Si celui-ci indique ne pas être autorisé à fournir un bilan chiffré, il souligne toutefois que le groupe dirigé par Raj Badshah a « honoré tous ses engagements » vis-à-vis des Casinos. Les cinq jours de tournoi, détaille-t-il, ont vu la participation de plus de 270 ressortissants étrangers. Ceux-ci ont loué plus d’une centaine de voitures et logé dans quelque 150 chambres. « Beaucoup d’argent a été investi » dans l’organisation mais aussi dans des sorties à travers l’île, note le GM de SICMS.

Il faudra tout de même attendre le rapport final des inspecteurs de la GRA pour savoir s’il y a eu des manquements, indique le chairman de la GRA. Qui dit toutefois ne pas être en mesure de préciser le type de sanctions auxquelles s’expose le Casino de Grand-Baie. « Le board décidera en fonction du rapport », avance Raouf Gulbul. Qui ajoute que « cela sera pris en considération pour une prochaine demande de permis ad hoc ».

Durant son interview, Raj Badshah a indiqué vouloir organiser ce tournoi de poker indien au moins une fois l’an. Au Casino, selon Kurt Peter, il a déclaré souhaiter en faire un « événement mensuel ».

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