Accident ? Manque de vigilance ? Business as usual ? On s’est, en tout cas, débarrassé de plusieurs tonnes de farine ce mardi 28 avril. L’aliment, stocké dans des sacs de 25 kg, a été évacué dans une dizaine de camions-poubelles d’une société spécialisée dans la gestion des déchets. Direction un centre d’enfouissement.

« Durant toute la journée d’hier, nous avons vu défiler les camions », confirme Roshan*, un chauffeur de camion qui transporte quotidiennement des sacs de farine à partir de l’entrepôt de la State Trading Corporation (STC), situé à quelques mètres des silos des Moulins de la Concorde (LMLC). « Saki monn konpran, zot finn al fer enn erer kan zot finn fer fogging dan warehouse-la », raconte notre interlocuteur. C’est effectivement une partie de la vérité.

La farine et le riz font partie des aliments qui souffrent de la présence intempestive d’insectes et de leurs larves. Les petits hannetons [« gon » en kreol] profitent en effet de la chaleur et de l’humidité pour se reproduire et croître. Or, dans un entrepôt comme celui de la STC à Mer Rouge, une vigilance permanente doit être exercée pour éviter la prolifération de ces bestioles dans les sacs de farine. Une des manières les plus efficaces d’y arriver est de procéder à une gestion des stocks à travers la méthode First in, first out (FIFO). C’est-à-dire que la première cargaison de farine reçue à la STC doit obligatoirement être celle qui part en premier pour être livrée sur le marché. « Il apparaît que le principe FIFO n’a pas été suivi et qu’une gestion rigoureuse du stock n’a pas été effectuée », confirme une source proche du STC.

Dans ce cas-ci, comme dans d’autres, ce sont des boulangers qui ont donné l’alerte. Quelques-uns ont, en effet, signalé la présence anormalement élevée de gon dans leur farine. Deux scénarios existent dans ce type de cas. Si l’infestation est sévère, la STC peut se débarrasser d’un lot de farine déjà reçu. « Cela arrive quelques fois dans l’année. On sacrifie une petite quantité de farine pour préserver la qualité de l’ensemble du stock », explique une source autorisée.

Dans d’autres cas, quand l’infestation est légère, les techniciens de la STC décident parfois de fumiger le lot incriminé. Or, ces derniers jours, au lieu de détruire le lot contaminé, on a tenté de procéder à une fumigation. De toute évidence, cela n’a pas marché. « On a tué les hannetons mais pas leurs larves, trop nombreuses. Celles-ci ont éclos dans les sacs de farine fumigés mais aussi dans d’autres qui auraient déjà dû sortir de l’entrepôt », commente la source proche de la STC. « C’est l’excès de zèle de quelqu’un qui a cru pouvoir sauver la mise qui a probablement conduit à cette situation. »

ION News a sollicité à plusieurs reprises Ashit Gungah, le ministre du Commerce et de l’Industrie, pour des précisions sur cette affaire. Notamment pour confirmer les circonstances entourant la contamination de ce stock, l’importance de celui-ci ainsi que les mesures prises à court et à long termes. Nous n’avons pas obtenu de réponse.

*prénom modifié

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