L’exercice de conciliation sous l’égide du ministère du Travail s’est finalement soldé par un échec. Les discussions entre la Mauritius Sugar Producers Association (MSPA) et le Joint Negotiating Panel (JNP) n’ayant pu mener à un accord, Maurice connaîtra sa première grève légale depuis 1937 dans le secteur sucre à partir de demain.

« La grève est inévitable », constate Serge Jauffret, président du JNP. Et ce malgré la « bonne foi » des syndicalistes, avance celui qui préside également la Union of Artisans of Sugar Industry. « Nous l’avons vu de nombreuses fois par le passé, et cela se répète encore aujourd’hui : bann sikriye panse ki nou bizin done pou zot kapav gagne. » Mais il est hors de question, insiste le syndicaliste, que « les artisans et les laboureurs cèdent sur leurs droits acquis ».

Le JNP a pourtant fait des concessions, déclare Ashok Subron, négociateur pour cette instance. Notamment sur le taux d’augmentation salariale qui a été ramené de 40% à 30%. « Nous avons fait preuve de beaucoup de flexibilité », affirme le syndicaliste. « Nou ti’nn pare pou fer ankor zefor. »

La MSPA affirme, pour sa part, que le JNP a tenté d’imposer des « conditions sine qua none, toutes aussi déraisonnables les unes que les autres », aux négociations entamées cette année. Celles-ci, est-il précisé dans un communiqué émis cet après-midi, concernent la hausse salariale et des fringe benefits, mais aussi l’emploi des saisonniers et l’inclusion des employés de raffineries et des centrales thermiques dans le collective bargaining, de même qu’une révision de la compensation pour les employés qui prennent leur retraite.

Pour la MSPA, qui maintient sa proposition d’augmentation salariale à 11% et le recours à l’Employment Relations Tribunal pour régler ce litige, ces propositions sont « irréalistes » au vu de la conjoncture économique actuelle. Un avis que ne partage pas Serge Jauffret pour qui « li kler ki zot ena kapasite peye. » Et de citer les « deux réformes qui ont profité aux employeurs du secteur sucre, les dividendes payés, les contrats IPP ». Ashok Subron, qui le seconde dans son propos, de s’interroger : « En quoi demander un meilleur salaire et de meilleures conditions de travail est-il déraisonnable ? Au contraire, cela aidera à accroître leur productivité. »

Travailleurs et membres de la MSPA se préparent donc à faire face à ce qui sera sans doute une longue grève. Car les syndicats ne comptent pas lâcher du lest tant que leurs demandes n’auront pas été entendues, préviennent Jauffret et Subron. Dès demain, artisans et laboureurs de même que les travailleurs saisonniers sont appelés à se mobiliser devant leurs lieux de travail, en signe de protestation.

La balle, dit Subron, est désormais « dans le camp des sucriers, de Ramgoolam et de Bérenger ». Si, dans une semaine, aucune issue n’est trouvée, le JNP compte organiser une grande mobilisation dans la capitale. Devant les locaux de la MSPA. Les employés des centrales thermiques et des raffineries, bien que non représentés au sein du JNP, seront aussi appelés à se joindre au mouvement de grève.

Photo : Artisans et laboureurs étaient réunis, ce dimanche au centre social Marie Reine de la Paix, à Port-Louis, pour finaliser les préparatifs de la greve qui démarre demain dans le secteur sucre.

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