Peu, trop peu de personnes semblent se soucier de protéger les enfants à  Maurice.

Quelques citoyens ou ONG, quelques parents.

C’est peu.

Violence dans les écoles

Tous les jours, dans les écoles à Maurice, publiques et privées, des enfants subissent de la violence physique, psychologique ou sexuelle. Des bizutages par les pairs, aux humiliations et coups des enseignants, la situation est inquiétante.

Toutes les recherches sur le plan international montrent les effets négatifs et graves de toute forme de violence sur les enfants.

Pour rappel, l’île Maurice a ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989. Selon l’Article 19, « les États prennent toutes les mesures appropriées pour protéger l’enfant contre toutes formes de violence […] ».

Les parents doivent protéger leurs enfants.

L’Etat aussi.

Signer une convention importe certes, mais la respecter est primordial.

Il existe des lois à Maurice qui malheureusement ne sont pas souvent appliquées.

Selon la section 13 de la Child Protection Act (1994, 1998, 2005), “Any person who ill-treats or otherwise exposes a child to harm shall commit an offence.” Le terme incluant diverses formes de violence et négligence.

Les châtiments corporels sont interdits dans les institutions scolaires, selon l’article 13(4) de l’Education Regulations Act de 1957. Or la violence tient encore une place importante…

A quand plus de considération des enseignants, directeurs d’école pour respecter la loi, accroître la surveillance et mieux considérer et protéger les enfants ?

Quelques pistes étaient mentionnées en 2014 pour agir en milieu scolaire.

Situation dans les shelters

Le rapport de l’Audit 2015 sur la situation des shelters, supposés être des lieux de protection des enfants, est alarmant.

Surnombre des enfants placés ; violences physiques, psychologiques et sexuelles subies ; manque de nourriture, absence de contact avec des membres de leur famille… pour ne mentionner que cela.

Et c’est déjà trop pour des enfants placés, déjà victimes de traumatismes.

Boris Cyrulnik, psychiatre, décrit les traumatismes successifs subis par les enfants victimes de violence :

– Premier trauma subi : la violence, souvent commise par un proche.

– Le 2: être enlevé de sa famille, car tout enfant aussi maltraité qu’il puisse être, aime ses parents et veut rester avec eux.

– Le 3: être mis dans un shelter en surpopulation, sans qualité de soins et d’attention.

Voilà la situation à Maurice.

Qu’est-ce qui est fait pour pallier ces graves manquements à ce jour ?

Un shelter serait surveillé de près selon un article de presse, cela suffit-il ?

Certains gérants de ces shelters incriminés pour violence sont toujours en poste.

Quid des enfants ?

Ce placement, de surcroit, dans ces conditions, est inquiétant.

Idem pour le Rehabilitation Youth Centre.

De plus, « ce qui va permettre à l’enfant d’intégrer le social, c’est l’amour et la disponibilité qu’on va lui accorder. Et des limites évidement. […]. Si un enfant grandit dans un environnement […] où on ne lui donne pas le sentiment qu’il est une personne importante, qu’il peut avoir une place à jouer dans le social, qu’il peut partager un système de valeurs, quand il va grandir, il va se construire en faux face à cela », selon Dr Samuel Lemitre, psychologue clinicien et criminologue, invité par l’ONG Pedostop, en avril 2016.

Il poursuit que les enfants victimes de diverses formes de violence, grandissant avec des carences affectives, avec le  sentiment de ne pas être aimés, « deviennent potentiellement une menace pour le social ».

Investir la famille, aider les parents à développer leurs compétences parentales est primordial.

De nombreuses recommandations ont été effectuées à cet effet, depuis des années,  à divers ministères, par des experts de l’enfance.

A quand un accompagnement efficace et solide des parents, débutant dès la grossesse ?

Il est primordial de les outiller. De leur expliquer le développement de l’enfant et de l’adolescent. De partager l’importance d’une discipline sans violence, etc.

Pour 556 enfants placés en shelters, deux officiers du Ministère de l’Egalité des genres, du Développement de l’enfant et du Bien-être de la Famille  sont supposés faire le lien avec la famille. Deux officiers pour 556 enfants…

Les liens avec la famille, indispensables pour la construction de l’enfant, de son identité, sont trop rares ou absents. Comment penser à un développement harmonieux de ces enfants, adultes de demain, dans ces conditions ?

Déjà ils sont placés, dans des conditions qui laissent fortement à désirer et n’ont en plus pas de contact avec leur famille.

Aucune question parlementaire ne semble être soulevée pour les enfants en shelter ou au Rehabilitation Youth Centre. Pourtant la situation est grave.

Pourquoi ce manque d’intérêt ?

L’enfant importe-t-il trop peu ?

Certes les priorités sont loin d’être les mêmes pour tous, mais qui s’occupe de protéger l’enfant à Maurice ?

Photo  via Humanium.org

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