Les derniers témoins dans le procès intenté à l’ancien ministre du Logement et des Terres, Showkutally Soodhun, ont été contre-interrogés en cour intermédiaire, ce 31 juillet. Parmi eux, le Chief Executive Officer de la National Housing and Development Corporation (NHDC), Gilles l’Entêté. Celui-ci a dû expliquer comment la décision de construire des logements sociaux est prise.

«Est-ce le gouvernement qui décide où les maisons doivent être construites ?» lui a demandé le représentant du parquet, Me Mehdi Manrakhan. «Les compagnies sucrières donnent une portion de leurs terrains au gouvernement», a répondu l’Entêté.

L’avocat a alors voulu que le CEO de le NHDC précise comment le gouvernement prend ses décisions. Le témoin a insisté que ce sont les compagnies sucrières qui déterminent l’emplacement des logements sociaux. Agacé par la réponse du témoin, Me Manrakhan a d’abord lancé : «E! ekout mwa». Avant d’inviter la magistrate Meenakshi Gayan Jaulimsingh à rappeler l’Entêté à l’ordre.

Se référant à un document téléchargé du site web de la NHDC, l’avocat a souligné que l’institution est chargée d’appliquer les décisions du gouvernement. «If you know the answer, why are you asking me?» a répliqué sèchement le témoin. Contrarié, l’avocat de la poursuite s’est alors retourné vers la salle d’audience pour lâcher : «Li pe fer boufon ar mwa.» Forçant la magistrate à intervenir pour calmer les esprits.

Clôturant le procès, Me Ravin Chetty, l’avocat de l’ancien ministre, a d’abord soumis ses propositions à la Cour. Selon lui, son client ne peut être poursuivi en vertu de l’article 77 «Abuse of authority by public officer» du code pénal. Car son client, nommé par le Président de la République et non par le Premier ministre, n’est pas, de ce fait, un agent du gouvernement.

Selon le Senior Counsel, le Parquet n’a pu prouver qu’il y a eu un élément de discrimination, soulignant que la vidéo où l’on entend Soodhun parler «doesn’t bear any form of discrimination». D’autant plus que personne ne s’est présenté devant la justice pour se déclarer victime de discrimination.

Répliquant aux propos de Me Ravin Chetty, le représentant du bureau du Directeur des poursuites publiques a argué que c’est sur les conseils du Premier ministre que le chef de l’Etat nomme les ministres. Ce qui implique, selon la poursuite, que c’est le Premier ministre qui a nommé Soodhun son numéro 3. «Honorable Soodhun was an agent of the government and he has committed an arbitrary act», a alors insisté Me Manrakhan.

La magistrate rendra son verdict le 25 septembre prochain.

La vidéo montrant l’ex-ministre du Logement et des Terres, Showkutally Soodhun, en train de tenir des propos racistes à l’encontre d’une communauté a fait le buzz en novembre 2017.

La vidéo en question a été enregistrée par un habitant de Bassin, Quatre-Bornes. Celui-ci faisait partie d’un groupe de personnes s’opposant à la construction de logements sociaux dans la région et qui avait sollicité une rencontre avec Soodhun pour lui faire part de leurs doléances.

La police avait ouvert une enquête en novembre 2017 et Showkutally Soodhun avait plaidé non coupable.

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