Ses excuses n’auront pas suffi. Le président ultraconservateur de la chambre basse du Parlement polonais a présenté sa démission ce vendredi 9 août. Suivant le scandale soulevé par ses nombreux voyages, Marek Kuchcinski a préféré quitter son siège à la Diète à cause de «l’opinion publique évaluant négativement [sa] conduite». Même s’il n’a rien fait d’illégal, a-t-il souligné lors d’un point de presse le jeudi 8 août.

«De plus, le nombre de vols, source de controverse, a été dicté par le grand nombre de réunions avec les résidents, souvent des petites villes que j’ai visitées durant mon travail. J’ai adopté le modèle du président qui travaille non seulement dans le Sejm et à Varsovie, mais aussi dans le pays tout entier et à l’étranger», a déclaré Kuchcinski selon une traduction de RTBF.be.

Durant les déplacements à bord d’avions gouvernementaux, des membres de la famille de Kuchcinski étaient du voyage en 23 occasions, selon RFI.fr. Kuchcinski a admis que dans un cas, son épouse a voyagé seule, sans lui.

Le départ de Kuchcinski, 63 ans, intervient à deux mois des élections législatives en Pologne, et après une longue réunion, mercredi, des dirigeants du parti ultraconservateur Droit et justice.

Les critiques se sont élevées quand il est ressorti que Kuchcinski a voyagé une centaine de fois en un peu plus d’un an (de mars 2018 à mai 2019). Gulfstream, hélicoptères et avions militaires ont été mis à la disposition de celui qui était jusqu’ici le deuxième personnage de l’Etat selon la Constitution, à en croire l’opposition qui réclamait sa démission, et une partie des médias.

Ces derniers, s’appuyant sur plusieurs documents pour étayer leurs propos, avancent que Kuchcinski a voyagé en plusieurs occasions à bords d’appareils de l’Etat en compagnie de membres de sa famille, d’amis et de collègues du parti. La majorité de ces voyages est intervenue en week-end, «entre Varsovie et la région de Rzeszow, dont il est originaire et député», écrit LeMonde.fr. Kuchcinski s’était excusé et justifié, affirmant que ses déplacements s’expliquaient de par sa fonction de président du Parlement. Il s’est engagé à verser des sommes – jugées insuffisantes par les critiques – à des œuvres caritatives ou encore liées à l’armée pour compenser les déplacements impliquant sa famille,

«Le président du Parlement n’a violé ni la loi ni les usages dans ce domaine. Je tiens à le souligner», a déclaré Jaroslaw Kaczynski, président du parti ultraconservateur Droit et justice (PiS), qui a gagné les élections en 2015, lors du même point de presse.

«Mais comme vous [journalistes], tout comme une importante partie de l’opinion publique, êtes apparemment d’un avis différent, je peux dire que la décision du président [du Parlement] témoigne de son attitude conforme à notre mot d’ordre ‘Ecouter les Polonais et servir la Pologne’», a insisté celui qui est considéré comme le no 1 de la scène politique de ce pays alors qu’il n’est ni président, ni Premier ministre, ni ministre, ni même député.

Kaczynski a, dans la foulée, critiqué l’ex-Premier ministre Donald Tusk qui, selon lui, a aussi utilisé des avions officiels à des fins personnelles.

Des questions subsistent, au niveau de l’opposition, sur les voyages d’autres dirigeants du parti au pouvoir, celui-ci ayant pris les rênes du gouvernement en s’engageant à mettre un terme aux abus de pouvoir.

Photo : © JANEK SKARZYNSKI – AFP via rtbf.be

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