«Nous voulons une révolution», soutient Pravind Jugnauth. Car «nous avons perdu beaucoup de temps» à mettre en place une politique nationale sur le sport et l’activité physique, estime le Premier ministre. Ce plan, le premier pour Maurice, a été lancé officiellement le dimanche 14 octobre au complexe Roland Delaître, à Quatre-Bornes. Une telle politique, espère le chef du gouvernement, fera prendre conscience à tout un chacun de «l’urgence de changer de style de vie».

Les conséquences de la sédentarité – seuls 23% des Mauriciens déclarent faire une activité régulière – sont visibles sur le plan de la santé, ont tour à tour fait ressortir Jugnauth et son ministre des Sports Stéphan Toussaint. L’Organisation mondiale de la santé préconise 150 minutes par semaine, a souligné ce dernier. Le pays compte ainsi quelque 20 000 personnes prédiabétiques et plus de 40 000 sont atteints de diabète. «C’est plus qu’effrayant», a déclaré le Premier ministre.

Or, des maladies non transmissibles pourraient être évitées ou mieux contrôlées, à l’instar du diabète de type 2, avec une pratique physique régulière. Et réduire le poids de la prise en charge sur les finances publiques. Pravind Jugnauth prévoit ainsi, sur les prochains dix ans, des économies de Rs 4 milliards en termes de santé publique si la politique nationale est adoptée par tous. Mais aussi que 35% des Mauriciens soient plus actifs d’ici là.

Il faudra pour cela développer «une culture du sport et de l’activité physique», a déclaré le Premier ministre en lançant un «call to action». C’est d’ailleurs le premier axe de la «National Sport and Physical Activity Policy 2018-2028» [document complet en fin d’article], qui prévoit de rendre obligatoire le sport et l’activité physique dans le cursus scolaire. Sans pour autant sacrifier les matières académiques plus classiques. Comme l’a fait remarquer Jugnauth : «Bien sûr, il faut savoir garder l’équilibre.» (suite de l’article plus bas)

Capture d’écran : Divers ministres étaient au lancement, mais aussi des athlètes, des dirigeants d’organismes ou encore Sarah Rawat-Currimjee, conseillère en sport auprès du Premier ministre, et Charles Cartier, président de l’Economic Development Board.

Les recherches à l’international l’attestent : «la pratique du sport ne diminue pas la performance académique», a souligné Jugnauth, en baskets, polo shirt de circonstance et survêtement. Bien au contraire : les enfants sont mieux concentrés car en meilleure forme, et donc travaillent mieux. Sans compter que le taux d’absentéisme accuse aussi une baisse et que les jeunes se voient inculquer de «vraies valeurs» telles le courage, l’esprit d’équipe et la persévérance.

Le deuxième axe vise à «consolider le sport d’élite». En augmentant le nombre d’adhérents aux fédérations – ce qui permettra une détection précoce des talents – et en plaçant l’athlète au centre. Sur ce dernier point, il ne s’agit pas que d’infrastructures comme le complexe sportif en construction à Côte d’or, a indiqué le Premier ministre. Outre des académies, un centre national de performance sera mis sur pied, de même qu’un institut national du coaching. Basé à Côte d’or, cet organisme aura pour tâche de créer un réseau d’entraîneurs de tous niveaux. L’objectif : présenter 20 athlètes aux Jeux olympiques et paralympiques de Los Angeles en 2028.

Le troisième axe est de «développer une économie vibrante autour du sport», avance Jugnauth. Nos ressources naturelles et hôtelières ne sont pas suffisamment exploitées par rapport au sport, que ce soit pour les locaux ou les visiteurs, estime le chef du gouvernement. L’attente est que le sport contribuera à hauteur de 1,8% au produit intérieur brut d’ici l’horizon 2028. (suite de l’article plus bas)

Capture d’écran

Le Premier ministre a rassuré Toussaint : la dotation budgétaire pour les sports, qui a connu une hausse pour la période 2018-2019, «continuera d’augmenter». Jugnauth attend également une «collaboration sans faille» au niveau de tous les ministères concernés. Ils qui dévoileront dans les semaines à venir leurs activités cadrant avec la politique nationale pour le sport : des clubs de marches pour l’Egalité des genres et l’Environnement ; un atelier sur la prescription d’activité physique par des médecins en complément des traitements classiques au niveau de la Santé ; un nouveau «After School Programme» pour les élèves du primaire…

S’il salue le travail du secteur privé, qui est «en avance» au vu du nombre d’entreprises qui ont intégré l’élément sport et activité physique en leur sein, Jugnauth déclare toutefois qu’«on peut faire plus et mieux». Le secteur privé sera ainsi «fortement représenté» au sein de la Task Force qui sera mise sur pied pour assurer la coordination des différentes actions. «Cette politique est la première étape dans une course de relais. Maintenant, je passe le bâton à chaque citoyen», a conclu le Premier ministre. Des changements législatifs sont attendus en 2019.

Photo principale (capture d’écran) : Pravind Jugnauth, Premier ministre, s’essaie au tir à l’arc, l’une des nombreuses activités organisées ce 14 octobre à Qautre-Bornes

L’exemple de l’Islande

Moins de 340 000 habitants. Soit environ un tiers de celui de Maurice. Et pourtant, l’Islande a réussi l’exploit de se qualifier pour la Coupe du monde de football et d’être finaliste cette année. Pourquoi ce pays en exemple pour Maurice ? Maurice est à peu près au même niveau que ce pays il y a moins d’une dizaine d’années au classement de la Fifa, a expliqué Guillaume Dufond. Soit 179e actuellement ; l’Islande était 112en 2010.

Or, à travers une «politique réfléchie», ce pays nordique «s’est efforcée de combler ses faiblesses». Et d’atteindre les sommets, explique le chef de projet pour la société qui a élaboré la «National Sport and Physical Activity Policy 2018-2028». Les Seychelles comptaient un peu plus de 94 000 habitants l’année dernière et autant d’athlètes que Maurice qualifiés aux Jeux olympiques et paralympiques.

Atteindre les objectifs fixés avec une échéance de dix ans est donc réalisable, estime Guillaume Dufond. A condition de recruter plus de coachs de qualité, de créer un environnement ludique pour encourager grands et petits, de favoriser le sport en communauté, et de créer plus d’événements et d’emplois liés au domaine sportif.

 

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