Malgré certaines mesures budgétaires « intéressantes », c’est un avenir très sombre qu’entrevoit le leader de l’opposition. Paul Bérenger invite le gouvernement à se ressaisir. Et d’arrêter de promettre au peuple, et aux jeunes en particulier, « des miracles économiques qui ne sont que du bluff dangereux ».

Le pays a déjà perdu un an, a souligné le chef des mauves, à cause des « prévisions farfelues » de Vishnu Lutchmeenaraidoo, qui relevaient plutôt du « surréalisme » et du « délire ». Sir Anerood Jugnauth a d’ailleurs admis, aujourd’hui au Parlement, que le Budget piloté par son premier Grand argentier « n’était pas réaliste ».

« Notre économie est en panne, affirme Bérenger, et il n’y a pas de choix facile. C’est pourquoi je dis, ‘bizin aret badine’. »

Il faudrait revoir notre modèle économique et d’affaires, estime le chef des mauves. Et que « nous ne négligions aucun créneau exploitable, comme en 2000-2005 ». Tout en s’appuyant sur les secteurs existants.

«Bluff»

Car s’il y a bien un point sur lequel pèche ce Budget présenté par Pravind Jugnauth, il y a deux semaines, c’est la relance économique, souligne le leader de l’opposition. « Ce n’est ni un Budget de relance économique, ni de création d’emploi, ni de rupture » est revenu comme un leitmotiv à divers moments de son intervention.

Pas de rupture, pour Bérenger, « avec le bluff de l’année dernière ». La tendance baissière de l’investissement privé, prévoit-il, s’accentuera et passera en-dessous des 12,9% affichés en 2015. Tandis que les chiffres pour l’investissement pèchent par « excès d’optimisme, comme par le passé, et seront bien plus bas ». Et que les investissements directs étrangers devraient rester « au-dessous des Rs 10 milliards ».

La dette publique, malgré des prévisions à la baisse (63% à juin 2017, 61% à juin 2018), demeure au-delà du niveau critique des 60%, poursuit le leader du MMM. Tandis que la dette publique est « sous-estimée » car ne prenant pas en compte les « différentes réclamations devant les tribunaux » auxquelles fait face l’Etat (Betamax, CT Power, BAI, important projet immobilier au Morne).

C’est d’ailleurs l’Inde et sa subvention de Rs 12,7 milliards qui a « sauvé le Budget, y compris le déficit budgétaire ».

«Hérité du chaos»

A revoir complètement, selon Bérenger : l’économie océanique. Tout comme il est nécessaire de se recentrer sur des marchés d’exports à plus forte valeur ajoutée et de donner un coup de nerf à l’investissement et à la croissance. Pour ce qui est du secteur des petites et moyennes entreprises, « tout est à refaire ».

Bérenger note avec inquiétude le fait que cet exercice budgétaire fasse l’impasse sur le déficit du compte courant et sur l’impact, « dans les années à venir », de la révision du traité fiscal Inde-Maurice.

Une note positive, cependant, touche les enfants handicapés et leur éducation, avec notamment une révision du plafond d’éligibilité de la pension d’invalidité, ce qui permet aux enfants de moins de 15 ans d’en bénéficier. « Bravo aux ministres des Finances et de la Sécurité sociale », a lancé le leader de l’opposition. Qui promet d’en suivre de près la mise en œuvre.

Autre mesure « importante » : l’instauration de l’allocation de subsistance pour éradiquer la pauvreté absolue, avec toutefois une « déception » puisque le ministre a annoncé un nouvel exercice de recensement pour le registre social alors que le nombre de bénéficiaires avait été indiqué dans le Budget et la réalisation du registre social inscrite, dans les Budget Estimates, au rang des réussites pour l’année passée. « Nous y reviendrons de même que sur le plan Marshall », promet Bérenger.

Pour ce qui est du Corporate Social Responsibility, note-t-il, Pravind Jugnauth a « hérité du chaos causé par son prédécesseur ». Les mesures annoncées pour 2016-2017 viennent « seulement ouvrir un chantier sur lequel il faudra beaucoup travailler ».

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