Le suicide peut être évité. Pourtant, toutes les 40 secondes, une personne se suicide quelque part dans le monde et bien plus tentent de mettre fin à leurs jours. Aucune région ni aucune tranche d’âge ne sont épargnés. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS, 2014), dans le monde, le suicide représente 50 % des morts violentes chez les hommes et 71 % chez les femmes. Il touche toutefois particulièrement les jeunes de 15 à 29 ans, et constitue la deuxième cause de mortalité à l’échelle mondiale.

L’impact et la souffrance d’un suicide sur les familles, les proches et les communautés sont profondément dévastateurs, y compris longtemps après la perte de l’être cher.

Une personne qui pense à se donner la mort ne VEUT PAS MOURIR mais ARRÊTER DE SOUFFRIR. Mourir est souvent perçu comme l’unique solution pour mettre fin à sa souffrance.

Facteurs à risque

Aucun facteur ne peut expliquer à lui seul pourquoi des personnes mettent fin à leurs jours. Certains médias ou communautés associent le suicide à un seul facteur, ex. : affaire de cœur, manque de communication au sein de la famille, endettement. Selon l’OMS (2014), il existe plusieurs facteurs interdépendants.

  1. Facteurs liés au système de santé
  • difficultés d’accès aux soins de santé et à la prise en charge
  • accès facile aux moyens de suicide
  • les descriptions inappropriées ou sensationnalistes du suicide dans les médias, ex. : elle se suicide pour forcer sa famille à vivre en paix, elle se pend à son domicile
  • stigmatisation des personnes qui recherchent de l’aide pour faire face à leur comportement suicidaire
  1. Facteurs liés à la communauté et aux relations
  • guerre et catastrophes naturelles
  • stress
  • discrimination
  • sentiment d’isolement
  • maltraitance
  • violence
  • relations conflictuelles
  1. Facteurs individuels
  • antécédents de tentative de suicide (individuel ou familial)
  • troubles mentaux
  • consommation nocive d’alcool
  • pertes financières
  • douleur chronique
  • antécédents familiaux de suicide

Facteurs de protection

Certains facteurs auraient un impact dans le non-recours au comportement suicidaire :

  • relations personnelles solides
  • croyances religieuses/spirituelles
  • état d’esprit axé sur les stratégies d’adaptation positives et le bien-être

Signaux d’alarme

Sur 10 personnes qui se donnent la mort, 8 montrent des signes de leur intention. Selon Pommereau (2005), ces signes peuvent être :

  1. Verbaux

– Allusions directes, ex. : « Je veux mourir, ça ne vaut pas la peine de se battre… »

Catégorie des signes les plus sérieux. Plan suicidaire élaboré (la personne a identifié quand, comment et où il/elle va se donner la mort.)

– Allusions indirectes. Ex. : « Vous seriez mieux sans moi …»

Pensées suicidaires fréquentes. Début de l’élaboration d’un plan suicidaire.

  1. Comportementaux
  • Changements radicaux dans l’attitude/l’apparence
  • Isolement
  • Consommation excessive d’alcool/de drogues/de médicaments
  • Baisse du rendement et des résultats scolaires
  • Démotivation pour les loisirs
  • Maux de tête/ventre
  1. Affectifs
  • Faible estime de soi
  • Irritabilité
  • Apathie
  • Brusques changements d’humeur
  • Anxiété accrue
  • Hyperactivité

Evaluer le risque suicidaire et que faire

Lorsqu’une personne de son entourage montre les signes ci-dessus, il est important d’oser parler du suicide. Parler de suicide et/ou poser des questions n’augmente pas le risque de suicide. Cela permet à la personne de pouvoir partager ce qui l’habite, et d’identifier ensemble les sources d’aide possibles. Il importe de lui poser des questions sur

  • l’intensité des pensées suicidaires,
  • quand, comment et il/elle pense se donner la mort.

Selon Brandibas (2006), le niveau d’urgence peut être faible ou élevé. Si les pensées suicidaires sont fréquentes, et le scenario pour se donner la mort est précis, il est capital de rechercher l’aide des professionnels de la santé mentale urgemment (psychologique ET psychiatrique). S’il s’agit d’un adolescent, il est impératif d’informer les personnes responsables que l’adolescent est très à risque.

Prévention du suicide

Selon l’OMS (2014) et Cyrulnik (2011), une stratégie multisectorielle globale est essentielle. Quelques pistes :

  • dépister et prendre en charge des troubles mentaux
  • limiter l’accès aux moyens de suicide
  • mettre en œuvre une politique visant à réduire la consommation nocive d’alcool
  • encourager les médias à appliquer des pratiques responsables de couverture du suicide
  • intervenir auprès des personnes avec des antécédents de tentative
  • mettre en place des programmes de postvention pour les familles/proches endeuillés/amis à la suite d’un suicide
  • favoriser les liens précoces mère-enfant
  • sensibiliser aux troubles mentaux/troubles liés à l’utilisation de substances psychoactives et au suicide

lutter contre la stigmatisation des personnes qui recherchent de l’aide face à leur comportement suicidaire.

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