Les esprits ont chauffé ce matin au Parlement. Cela après une altercation entre Rajesh Bhagwan et la Speaker Maya Hanoomanjee, qui finira par expulser le député mauve. « Par solidarité », ces camarades de parti le suivent, de même que les deux seuls députés du Parti travailliste présent.

Ce qui a mis le feu aux poudres ? Aadil Ameer Meea qui n’a pu poser qu’une question supplémentaire à son interrogation initiale sur la relocalisation du poste de police de Trou-Fanfaron, en piteux état. Le député mauve souhaitait demander une deuxième question au Premier ministre, sauf que la Speaker était déjà passée à la suivante.

Aadil Ameer Meea a alors interrompu la séance, tandis que sir Anerood Jugnauth abordait la Commission sur la démocratisation, pour faire comprendre qu’il n’avait pas fini. Maya Hanoomanjee lui a alors rappelé que selon les Standing Orders, c’est elle l’autorité suprême au sein du Parlement et qu’il lui revient donc d’autoriser les questions supplémentaires ou non. « J’essaie seulement de faire mon travail », a contré le député de la circonscription no 3.

Les commentaires de fuser de part et d’autres des travées, les mauves, visiblement irrités, prenant la défense de leur camarade, les membres du gouvernement leur répliquant. Mais le plus vocal a été le Chief Whip de l’opposition, qui s’est fendu, au plus fort du chahut, d’un : « Ou ti backbencher, ou bliye ou lepok ou ti poz kestion ! »

Interpellé par Maya Hanoomanjee qui lui demande de retirer ses propos, le « Bulldozer » les maintient, et finit par être expulsé de l’Assemblée nationale. Ses camarades le suivent, en lancant « Shame ! », Paul Bérenger balancant même au Speaker : « Agent ! Agent politique ! » Ils sont suivis des députés rouges Osman Mohamed et Ezra Jhuboo, les démissionnaires du MMM étant les seuls membres de l’opposition à demeurer sur leurs sièges.

« Partisane »

Des termes que le leader de l’opposition reprendra quelques minutes plus tard, lors de la conférence de presse improvisée du MMM. Pour Paul Bérenger, l’attitude de Hanoomanjee est « unfair », « inacceptable ». « C’est honteux… mesquin », dira-t-il. A sa nomination en tant que première femme Speaker, « nous lui avons laissé le bénéfice du doute », a insisté le leader du MMM, alors qu’elle était un candidat battu aux élections. « Aujourd’hui, elle s’est comportée de manière partisane. »

Selon Bérenger, le Speaker doit avoir « un sens de l’humour », comme sir Harilal Vaghjee à l’époque, il doit pouvoir faire preuve de « tact ». Et non être « nerveuse » et « enfantin », affirme le leader de l’opposition, comme l’a été Maya Hanoomanjee lors de cette séance. Elle s’est conduite « kouma enn profeser lekol ». Si elle maintient la même conduite, dit Bérenger, le MMM se réserve le droit de recourir à une Motion of no confidence contre la Speaker. Qui, en outre, ne connaît pas bien ses Standing Orders, ajoute le leader mauve.

« Mais il faut dire que la Question time, qui portait sur la collaboration de l’Inde aux travaux sur Agalega, avait mal démarré », assure Bérenger. Qui se désole que le Premier ministre ait passé le relais de la Private Notice Question sur Agalega à Prem Koonjoo, ministre de l’Economie océanique et des Outer islands. « C’était une question sacrée, une occasion en or de clear the air, d’éliminer palabres et sous-entendus » sur ce projet, poursuit Bérenger. Et ainsi de renforcer les relations Maurice-Inde.

Au lieu de cela, dit-il, on a eu droit, plus d’une fois, à un « As far as I know, I don’t know » de la part de Koonjoo, qui rappelle une réplique similaire de feu sir Seewoosagur Ramgoolam. Le ministre de l’Economie océanique n’a, en effet, pas pu confirmer s’il y a eu un accord portant sur l’installation d’une Coastal Surveillance Radar Station à Agalega ou sur l’aspect sécurité à Agalega. L’aspect sécurité, rappellant Koonjoo, relevant du bureau du Premier ministre. « C’est bien pour cela que j’avais adressé ma question au Premier ministre », a lancé un Paul Bérenger exaspéré. Qui a alors préféré couper court à cette question, « pour ne faire perdre son temps à l’Assemblée ».

Si Rajesh Bhagwan a été suspendu pour la journée, ses camarades de parti ont, eux, rejoint l’hémicycle pour le début des débats budgétaires.

Photo d’archives

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