Une bonne vingtaine de minutes avant le début de la séance du jour, les élèves de Pamplemousses SSS ont déjà pris place dans la galerie publique de l’Assemblée nationale. Elles regardent les parlementaires arriver au compte-gouttes. Sir Bhinod Bacha va s’asseoir dans la travée réservée aux conseillers du gouvernement. Amoordalingum Pather, ancien directeur de la Mauritius Broadcasting Corporation, l’accompagne.

Arrivé quelques instants plus tard, Nando Bodha et Soodesh Callichurn sont en grande conversation. Raj Dayal les remarque en arrivant dans l’hémicycle et s’arrête un moment auprès d’eux, tout disposé à rejoindre la conversation. Mais les deux ministres ne prêtent pas attention à l’élu du MSM, qui finit par regagner sa place.

A peine arrivé, le Deputy Prime minister remarque les collégiennes de Pamplemousses SSS. Ivan Collendavelloo va au pied de la galerie publique pour leur faire brièvement la conversation. Plus loin, sir Anerood Jugnauth consulte ses notes, la mine renfrognée. Le ministre mentor salue toutefois Fazila Jeewa-Daureeawoo avec un sourire franc dès qu’elle arrive.

Ce n’est pas le cas avec Pravind Jugnauth, arrivé quelques secondes plus tard. Le Premier ministre regarde droit devant lui, il n’a ni salué SAJ ni prêté attention à lui. Celui-ci toise son fils, mais le chef du gouvernement semble perdu dans ses notes.

Ravi Rutnah le sort de sa préparation, l’élu de Piton/Rivière-du-Rempart tend un document au Premier ministre et se lance dans une explication passionnée qui ne semble pas toutefois convaincre Pravind Jugnauth. L’élu du ML parti, le Premier ministre cherche l’avis de SAJ qui ne paraît pas non plus convaincu par les propos de l’avocat.

Anil Gayan se hâte d’aller à sa place dès la fin de la sonnerie signifiant le début de travaux du jour. Sandhya Boygah et Dan Baboo se faufilent, eux, dans l’hémicycle pendant que la Speaker fait son entrée. L’hymne nationale retentit et dès la note finale, une bande de retardataires se manifeste. Pradeep Roopun et plusieurs membres du PMSD se pressent pour aller s’asseoir.

Xavier Duval étant en déplacement à l’étranger, il n’y a pas de Private Notice Question du jour. Pravind Jugnauth répond donc directement à la première question d’Osman Mahomed sur les finances publiques.

A peine la première question supplémentaire de l’élu travailliste posée, Paul Bérenger demande à intervenir. Maya Hanoomanjee acquiesce. Etienne Sinatambou et Pradeep Roopun, tout sourire, observent le leader du MMM, bien calés dans leur fauteuil. L’échange est loin d’être tendu. Pravind Jugnauth poursuit ses réponses. Ponctués par les «exactement» que lance Mahen Jhugroo à intervalles réguliers.

Arvin Boolell pose une nouvelle question supplémentaire et se fait chahuter à cause de la manière dont il formule ses propos. Maya Hanoomanjee veille au grain et demande à l’élu de Belle-Rose/Quatre-Bornes de poser sa question précisément. Toujours volontaire, le ministre du Logement et des Terres rappelle : «Question ! Question !»

Pravind Jugnauth continue à répondre à des questions sur l’économie. Et s’étonne qu’on questionne aussi bien l’analyse du Fonds monétaire international que celle de l’agence de notation Moody’s. La boutade déclenche un tap labab dans les rangs du gouvernement. Le bruit est bien utile car il empêche Nando Bodha de s’assoupir. Mais pas très bien réveillé non plus, le ministre des Infrastructures publiques frappe son accoudoir au lieu de taper sur son pupitre.

Les questions s’enchaînent et c’est désormais à Osman Mahomed de faire les frais de l’attitude intraitable de la Speaker ce mardi. D’habitude assez avenante envers l’élu de Port-Louis Sud/Central, Maya Hanoomanjee lui enjoint de ne pas faire de déclaration et de poser directement sa question.

Le député rouge insiste, disant ne pas vouloir en faire une polémique au sujet de l’Inde. «Exactement !», acquiesce Aadil Ameer Meea. «Talerla to pa’nn dir sa», interrompt Jhugroo. Mais c’est la Speaker qui a de nouveau le dernier mot : «Ask your question!» tance-t-elle. Quelques instants plus tard, c’est Arvin Boolell, qui se fait lui aussi rappelé à l’ordre pour la longueur de ses propos.

Plus loin, Malini Sewocksingh boude. La Speaker ne lui donne pas la possibilité de poser une question supplémentaire sur la Cargo Handling Corporation malgré ses demandes répétées. Dépitée, elle envoie balader la feuille qu’elle tenait à la main.

C’est SAJ qui a désormais le micro. Comme à son habitude, les réponses du ministre mentor ressemblent à des télégrammes. Mais Aurore Perraud veut des compléments d’information. Elle ne les obtient pas car la Speaker précise que le ministre mentor n’a pas à être d’accord avec ce que formule l’élue bleu.

Un bon trois quarts d’heure après le début de la séance, Alain Wong arrive sur la pointe des pieds. Et perturbe visiblement son voisin, le ministre du Travail, affairé sur son ordinateur portable. Callichurn, la mine pas vraiment réjouie, se lève pour laisser passer le ministre de l’Intégration sociale.

Entre-temps, on est déjà passé à une question de Bashir Jahangeer. A la lecture du numéro de la question, Rajesh Bhagwan cache mal sa surprise. «Han, zot pann retire?» La question ne crée pas de remous, toutefois.

Quelques minutes plus tard, c’est à l’élu du MMM de poser une question. Avec son bagout habituel, Bhagwan commence par une déclaration. «No statement!» gronde la Speaker pour la énième fois. Pas le moins décontenancé, le député de Beau-Bassin/Petite-Rivière poursuit sur sa lancée : «Madam, one second.» Le culot de Bhagwan fait rire un bon coup tous les députés.

Paul Bérenger ne semble toutefois pas intéressé par les joutes verbales, continuant à lire avec attention un magazine. Il relève seulement la tête en entendant SAJ commencer à répondre à une autre question. Le ministre mentor multiplie les réponses laconiques jusqu’à ce qu’on passe à la prochaine question.

C’est Mahen Jhugroo qui est sur la brèche. Mais le style inimitable du ministre lui vaut quelques railleries. Sa prononciation spéciale du mot «as» en anglais et du nom de Bobby Hurreeram, déclenche de nombreux rires dans les rangs de l’opposition. «Ki’nn arive?» proteste, le ministre agacé.

Histoire de mieux le chahuter, Aadil Ameer Meea, Salim Abbas Mamode et Patrice Armance jouent à dire le nom de Bobby Hurreeram à tout bout de champ pour complémenter les réponses du ministre du Logement et des Terres.

Quelques minutes plus tard, la séance est levée pour la pause déjeuner. L’hémicyle se vide. Alors qu’elle quitte sa place, Aurore Perraud est rejointe par un membre du personnel de l’Assemblée nationale qui lui souhaite bon anniversaire. Tous les députés sont partis, sauf un. Resté à sa place, Adrien Duval s’affaire toujours sur son ordinateur portable.

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