La séance parlementaire va commencer dans quelques minutes. Le ministre mentor entre dans l’hémicycle et va à sa place. Pendant que le travailliste Shakeel Mohamed et le député du Muvman Liberater Sangeet Fowdar discutent. Anwar Husnoo, le camarade de parti de ce dernier, fait son entrée et reçoit un accueil chaleureux de Rajesh Bhagwan. « Hey ! Bhai Husnoo, ou ti vinn dan Rose-Hill yer, ou pa dir mwa. » Gêné par tant d’attention, le ministre de la Santé sourit timidement, va à sa place et se plonge immédiatement dans ses dossiers.

Le Premier ministre arrive d’un pas décidé et file directement à sa place. Mais Pravind Jugnauth est intercepté par Sudesh Rughoobar qui semble avoir quelque chose d’urgent à discuter avec son leader. Reprenant son chemin, le chef du gouvernement s’assied à sa place, sans un regard en direction de sir Anerood Jugnauth qui est assis deux places plus loin, sur la même travée.

SAJ regarde son fils, mais celui-ci est plongé dans ses notes. Pravind Jugnauth relève la tête deux minutes plus tard quand Showkutally Soodhun fait son entrée bruyamment. Le Premier ministre lui serre la main avant de saluer SAJ et retourne immédiatement à ses dossiers.

Les membres de l’opposition arrivent quelques instants avant le début de la séance prévu à 11h30. Xavier Duval est suivi par sa troupe bleue. Immédiatement, il tient un petit conciliabule en compagnie de Roshi Bhadain et Shakeel Mohamed.

L’arrivée d’Anil Gayan fait s’arrêter quelques conversations à peine avant l’arrivée de Maya Hanoomanjee. Le ministre du Tourisme s’assied à côté de son voisin, Anwar Husnoo. Mais le ministre de la Santé reste plongé dans ses notes et ne lui adresse même pas un regard. Les deux hommes ne se parleront d’ailleurs pas de toute la séance. Gayan serre toutefois la main à Mahen Jhugroo et Eddy Boissezon.

La Speaker entre dans l’hémicycle. Une nouvelle fois, tous les députés se lèvent sauf ceux du PMSD, du PTr, Roshi Bhadain ainsi que l’autre député de Belle-Rose/Quatre-Bornes (no 18), Kavy Ramano. La Private Notice Question de Xavier Duval débute. Le leader de l’opposition lit sa question. Pendant que Pravind Jugnauth le toise, incapable de retenir le mouvement nerveux de sa jambe.

La lecture de la question est terminée, Pravind Jugnauth redresse ses lunettes pour répondre et remercie le leader de l’opposition de l’opportunité qui lui est donnée de clarifier la situation. En face, Duval le regarde, impassible.

La réponse du Premier ministre traînant en longueur, l’impatience gagne les rangs de l’opposition. « Pe lir zournal la ? » lance-t-on depuis l’opposition. « Res trankil! » ordonne SAJ. Avant que Soodhun ne s’énerve en direction de Shakeel Mohamed. « Aret koz ninport, Shakeel. » Mais calmé, SAJ frappe doucement le bras du ministre du Logement et des Terres. « Les li. »

Le Premier ministre n’accélère toutefois pas la cadence. Devant la longueur de sa réponse, Maya Hanoomanjee vient d’informer les députés que la PNQ durera plus longtemps que les 30 minutes habituelles, ce mardi. Paul Bérenger, Reza Uteem et Rajesh Bhagwan discutent et rigolent. Notamment que le Premier ministre offre des explications détaillées sur les banking licenses. « Li pe lir definision la ? » se moque Uteem. Ce qui fait bien rire son leader. Mais pas Pravind Jugnauth qui accuse : « Nek zot konn fer tapaz. »

Mais les choses s’enveniment dès que Pravind Jugnauth évoque l’achat d’une villa dans le Nord par Álvaro Sobrinho. « Pinocchio! » lance Bérenger en se moquant de l’expression du Premier ministre. Ce qui ne fait pas rire celui-ci. Le leader du MMM renchérit : « Ki to get mwa dan zanr » ?

C’est désormais au tour de Xavier Duval d’avoir des reproches sur son manque de concision. « Poz to kestion! », lui lancent des membres de la majorité en le voyant digresser alors qu’il interroge son interlocuteur.  Les questions supplémentaires fusent, les députés de l’opposition s’offusquent des 21 fois où Sobrinho a eu accès au salon VIP de l’aéroport. Ils se trompent. Pravind Jugnauth rectifie quelques minutes plus tard, son bureau a approuvé l’utilisation du salon VIP par Sobrinho en 31 occasions.

De l’opposition, l’axe ML-Sobrinho est régulièrement évoqué. « Chihuahua! » lance-t-on à un moment. Pendant que Duval fait un parallèle entre l’affaire Sobrinho et l’affaire Sumputh, ce qui n’amuse nullement Ivan Collendavelloo. « Al aprann ar Bhadain!» Le leader du Reform Party lève régulièrement la main pour pouvoir poser une question supplémentaire. En vain.

Le brouhaha s’installe de plus en plus souvent pendant que la PNQ traîne en longueur et les interruptions et interventions de la speaker s’accumulent. Ce qui a le don d’agacer le ministre mentor. « Les li reponn do foutour! » lance SAJ à la cantonade.

Ce n’est pas à SAJ mais à Maya Hanoomanjee que Xavier Duval porte attention. Le leader de l’opposition remarque, en effet, que la Speaker l’interrompt régulièrement alors que ce n’est pas le cas pour les membres du gouvernement. Cette observation est accueillie par des « deor! » venant des travées de la majorité. « Malelve », dit Soodhun à Duval. Pendant que SAJ en rajoute une couche en demandant à Aurore Perraud de « al souy so lagel » en faisant allusion à son leader. « L’exemple vient d’en haut, zot enn model zot mem », rétorque la députée de Port-Louis Nord/Montagne-Longue (no 4).

L’attention revient à nouveau sur Collendavelloo. Quand Xavier Duval mentionne un ministre qui aurait régulièrement rendu visite à Sobrinho. « Mwa sa ? » questionne le deputy Prime minister. C’est Soodhun qui répond. « Bhadain sa, mo ena li la », dit-il en pointant du doigt une feuille sur son pupitre. Pendant ce temps, Pravind Jugnauth évoque des décisions et politiques suggérées par Roshi Bhadain, alors ministre des Services financiers. « Pa ti dir twa amenn voler », proteste l’ancien ministre du MSM.

Pendant que Pravind Jugnauth poursuit, irrité, SAJ regarde en direction de Bhadain. « Laont li pena. » Ce qui conduit Soodhun à surenchérir. « Le 15 janvier, Bhadain met Sobrinho » affirme-t-il. Bhadain s’emporte. « Malprop, al retourn Iframac so loto. Mo pou vinn lor twa-la. Malonet ! » Soodhun n’en démord pas « To enn dernie batiara ». Menaçant, Roshi Bhadain prévient. « To krwar to pe gagn zafer ar ninport la. Tonn grat ledo maler, to pou kone. »

Les invectives se poursuivent alors que la Speaker s’est mis debout pour ramener le calme. Bhadain ne semble pas lui prêter attention. Le doigt pointé vers Soodhun, il menace à nouveau : « To pou kone ar mwa! » Si Bhadain se fait entendre à travers ses échanges avec d’autres députés mais pas à travers ses questions, s’il lève régulièrement la main pour pouvoir poser des questions supplémentaires, Maya Hanoomanjee ne lui donne pas la parole. Ce qui conduit le député à lui lancer : « Kiete sa ? Monn lev lame avan li! », lorsque Veda Baloomoody obtient la permission de poser sa question. Dépité, Bhadain plaisante un peu plus tard sur le « torticolis » de la Speaker qui l’empêche de tourner la tête de son côté.

La fin de la PNQ est marquée par une chaude séance de tap latab des députés de la majorité. L’opposition surenchérit en applaudissant aussi, les applaudissements sonores de Bhadain se font particulièrement entendre. D’autant plus qu’il les accompagne d’un « Bravo Pinocchio! » sonore.

Photo (capture d’écran) : Pravind Jugnauth durant la tranche dédiée à la Private Notice Question

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