Sir Anerood Jugnauth (SAJ) arrive les bras ballants, sans son garde du corps, et va s’asseoir. Il ne reste pas seul longtemps car à peine arrivé dans l’hémicycle, Nando Bodha prend place à côté du ministre mentor. Les deux hommes conversent un moment et dès que le ministre des Infrastructures publiques regagne sa place, c’est Bobby Hurreeram qui vient parler à SAJ.

Pendant que Yogida Sawmynaden prend des nouvelles de Sunil Bholah, à qui la Private Notice Question (PNQ) du jour est adressée, Showkutally Soodhun fait son entrée. Absent de l’Assemblée nationale la semaine dernière, il attire l’attention.

Fazila Jeewa-Dauwreeawoo prend de ses nouvelles pendant que le président du MSM descend saluer le ministre mentor qui l’accueille avec un large sourire et un peu d’étonnement. Rajesh Bhagwan est aussi surpris de voir l’ancien ministre MSM. Ce dernier s’en amuse : «Koumsa fan club ena pou mwa?»

Quelques minutes avant que la séance parlementaire du jour ne débute, la grande majorité des députés se ruent dans l’hémicycle. Alain Wong est toutefois en retard, il attend patiemment la fin de l’hymne national pour se faufiler jusqu’à sa place. Shakeel Mohamed est encore moins ponctuel, il arrive au moment où Sunil Bholah répond déjà à la PNQ de Xavier Duval.

La réponse du ministre des Coopératives a un effet très différent dépendant de l’identité de la personne qui l’écoute. Nando Bodha, pas très excité par le verbe de son collègue, peine à garder les yeux ouverts. Duval hoche régulièrement de la tête pour signifier son désaccord.

Le leader de l’opposition enchaîne les questions supplémentaires auxquelles Bholah répond avec une certaine assurance. Pendant qu’Adrien Duval gribouille frénétiquement sur des petits bouts de papier qu’il fait transmettre au chef de l’opposition.

Le chef du PMSD essaie d’acculer Bholah par rapport à son conseiller, qui siège sur le conseil d’administration de la coopérative de Vacoas. Mais le ministre tient bon. Ravi Rutnah ne peut toutefois s’empêcher de rejoindre la mêlée. Il est toutefois immédiatement rabroué par la Speaker. «Met li deor mo dir, mwa», s’enflamme Shakeel Mohamed.

Bholah n’en a cure, il répond méticuleusement aux questions supplémentaires. «Madam, time is going», lance Duval en direction de Maya Hanoomanjee en guise de timide protestation. Mais Mahen Jhugroo ne l’entend pas du tout ainsi. «Inn poz li kestion, les li reponn», tance-t-il. L’ardeur à l’ouvrage de Bholah amuse ses camarades de la majorité gouvernementale. Sandhya Boygah semble, elle, particulièrement impressionnée par la capacité du ministre des Coopératives à maîtriser son dossier.

Bholah tient tête jusqu’à la fin de la PNQ, même quand Duval l’accuse d’interventionnisme dans la coopérative de Vacoas. La Speaker accepte une ultime question supplémentaire mais une fois la réponse de Bholah terminée, le leader de l’opposition tente un coup de poker et se lève pour poser une nouvelle dernière question. Maya Hanoomanjee le coupe. «Time is up!»

Pravind Jugnauth étant toujours à l’étranger, c’est à son adjoint Ivan Collendavelloo que revient la tâche de répondre aux questions adressées au Premier ministre. Si le Deputy Prime minister est un ténor du barreau, il semble bien moins sûr de lui en matière macroéconomique. Voyant les hésitations de Collendavelloo, Arvin Boolell se lance en accusant ce dernier d’induire le Parlement en erreur. «Eh!» proteste Pradeep Roopun.

La Speaker rappelle au député du Parti travailliste qu’il doit poser sa question ou alors déposer une motion s’il estime que le Deputy Prime minister répond de manière erronée. Shakeel Mohamed tente de justifier la longue introduction de l’élu de Belle-Rose/Quatre-Bornes. Le ministre de la Culture a un conseil à donner à Boolell plutôt qu’à Mohamed : «Kalme twa.» Peu importe, c’est Ivan Collendavelloo qui agace l’élu rouge de Port-Louis Maritime/Est : «Pe deklar boss, al Royal Park.»

Le Deputy Prime minister semble toutefois plus occupé à tenter de répondre à des questions techniques plutôt qu’à contrer ses adversaires. Ainsi, entre deux questions et avant de donner sa réponse, il attend patiemment que les techniciens du ministère des Finances lui envoient un petit papier pour lui permettre de donner certains chiffres.

La même chose se produit lors d’une autre question, sur la Maubank, cette fois-ci. Les réponses approximatives de Collendavelloo agacent Duval et Bhagwan. Qui reprend un de ses dossiers de prédilection : les prêts contractés par Rakesh Gooljaury, ancien proche de Navin Ramgoolam et fervent supporter du gouvernement actuel à partir de fin 2014.

Le numéro 2 du gouvernement hésite. Puis trouve une voie de sortie quand un petit papier lui arrive de ses techniciens. Mais l’élu mauve le prévient : «Mo pa pou kit zot. Mo enn pis mwa.» Bhagwan eructe quand Collendavelloo lui demande d’adresser une question spécifique à ce sujet. «Li zot proteze! Ki zot pou reponn!? Li pe finans zot», s’emporte l’élu de Beau-Bassin/Petite-Rivière avant de se calmer.

La question sur le corridor aérien Maurice-Singapour achevée, Ritesh Ramful se lève pour poser sa question. On le regarde avec de gros yeux. Pour cause, la Speaker a annoncé plus tôt que sa question a été retirée. L’élu rouge semble toutefois n’avoir pas retenu. «To ti pe dormi!», nargue Ravi Rutnah.

Le Prime minister’s question time achevé, Bodha répond à une interpellation sur les travaux sur l’autoroute Terre-Rouge/Verdun. Comme d’habitude, le ministre déroule sa réponse avec conviction. Mais pour Osman Mahomed, c’est la longue durée des réparations qui demeure préoccupante. Le commentaire passe mal dans les travées de la majorité. «Akoz zot mem sa!», accuse Mahen Jhugroo. «Zot mem ki’nn fane», reprend Maneesh Gobin. «Inn vinn Ring Road partou ! Bachoo Ring Road», s’exalte le ministre du Logement et des Terres.

On passe à une autre question, c’est Mahen Seeruttun qui est sur le gril par rapport au secteur sucre. Le ministre de l’Agro-industrie semble légèrement intimidé quand Paul Bérenger se lève pour lui poser une question supplémentaire. Après tout, le leader du MMM n’a pas posé de question au Parlement depuis des mois.

Seeruttun dit ne pas être au courant d’une proposition évoquée par le leader du MMM, soit celle d’un comité qui se penche sur une éventuelle hausse des tarifs d’électricité pour financer des subsides aux planteurs. De bonne humeur jusqu’ici, SAJ s’agace de voir Bérenger à l’œuvre. Le ministre mentor ne se calme d’ailleurs pas quand Bérenger se lève à nouveau pour tancer le ministre de l’Agro-industrie.

La Speaker accorde une nouvelle question supplémentaire à Arvin Boolell qui a aussi occupé ce portefeuille ministériel dans le passé. Celui-ci suggère certaines actions à Seeruttun qui rétorque que c’est ce que fait son administration. L’élu rouge estime toutefois que ces mesures ne sont pas «valides». Mahen Jhugroo digère mal qu’on s’en prenne au ministre de l’Agro-industrie. «Nanye to pa’nn fer twa», accuse-t-il en regardant Boolell.

«To kone avek travayis», commence l’élu rouge, avant d’accuser le gouvernement d’avoir cédé des terrains de l’Etat pour qu’on y construise un golf. «It’s all about balls. Play with balls», s’amuse Mohamed. Jhugroo et Rutnah donnent tous les deux de la voix pour soutenir leur camarade. Tandis que la Speaker suspend les travaux pour la pause déjeuner.

SAJ se retourne pour parler à un Seeruttun quelque peu secoué et agacé par la salve de questions et d’accusations, concernant parfois ses proches. Le ministre Mentor n’en a cure, il se lève et poursuit sa discussion avec son collègue tandis que les autres députés quittent l’Assemblée nationale. L’ancien Premier ministre quitte à son tour l’hémicycle en bavardant avec Bobby Hurreeram et Ravi Rutnah.

Seul, Mahen Seeruttun rassemble encore ses dossiers, quelque peu perdu dans ses pensées…

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