Osman Mahomed et Yogida Sawmynaden prennent les nouvelles l’un de l’autre. Le brin de causette est bref entre le député travailliste et le ministre MSM. «Ena enn kestion la», taquine l’élu rouge en faisant référence à une question au sujet de l’ancien ministère de ce dernier : celui du Sport.

Ivan Collendavelloo, le Premier ministre par intérim, arrive entre-temps. Une pile de dossiers sous le bras, et visiblement de bonne humeur, il file à sa place de numéro deux du front bench du gouvernement. A peine assis, il est rejoint par Eddy Boissézon, qui s’installe dans le fauteuil du Premier ministre. Les deux hommes discutent quelques instants. Le ministre de la Fonction Publique reparti, voilà que c’est Bashir Jahangeer qui s’installe à côté de Collendavelloo. Habitué des questions gênantes et des petites phrases assassines à l’égard du leader du Muvman Liberater, le député de Rivière-des-Anguilles/Souillac rigole avec celui-ci.

Le leader de l’opposition n’est, lui, pas d’humeur badine. La mine renfrognée, il file à sa place avec ses dossiers sous le bras. Les députés du PMSD n’ont pas raté la scène et se lancent dans quelques blagues pour arracher un rire à leur leader. Ils réussissent assez vite dans leur tâche. Une autre députée bleue attire toutefois l’attention avec son pull jaune. «E Malini ? Reform Party!» s’amuse Yogida Sawmynaden. Malini Sewocksingh suit son chemin, sourire aux lèvres.

La sonnerie annonçant le début de la séance du jour va bientôt retentir. Mais Showkutally Soodhun n’est pas d’humeur studieuse. Sa discussion animée avec Collendavelloo est entrecoupée de rires. Mahen Seeruttun est beaucoup plus concentré. Il arrive avec une grande enveloppe sous le bras, contenant tous ses dossiers. Dans quelques minutes, il répondra à la Private Notice Question du leader de l’opposition sur le marché de gros de Belle-Rive.

La sonnerie retentit pendant que Paul Bérenger et les autres députés du MMM gagnent leurs places. Ils sont suivis quelques instants plus tard par Maya Hanoomanjee. Dont l’arrivée est royalement ignorée par le leader des mauves.

La PNQ débute. Le ministre de l’Agro-industrie déroule ses réponses et les questions supplémentaires s’enchaînent dans une ambiance studieuse et bon enfant des deux côtés de l’hémicycle. Mais la crispation gagne les rangs de l’opposition, surtout chez les travaillistes, quand Mahen Seeruttun fait référence aux infrastructures déjà en place. «Gras a travayis sa. Tou sa semin-la nou’nn ranze», corrige Shakeel Mohamed.

Cette remarque déclenche quelques protestations dans les travées du gouvernement. Les ministres Etienne Sinatambou, Stephan Toussaint et Pradeep Roopun donnent de la voix. Le ton monte encore un peu quand Seeruttun fait référence aux décisions de Xavier Duval alors qu’il était ministre des Finances du gouvernement de Navin Ramgoolam.

Shakeel Mohamed sort de ses gonds. «To enn kapon! Idio! Vinn deor!» balance-t-il à Pradeep Roopun. Le ministre des Arts et de la Culture semble tout à fait prêt à suivre l’élu travailliste. «Nou ale», renchérit-t-il. Mais voyant Mohamed rester assis, il se cale à nouveau dans son fauteuil.

L’élu de Port-Louis Maritime/Est (no 3) est déjà passé à autre chose. C’est à Etienne Sinatambou qu’il s’en prend désormais. «To enn idio. Get to latet!» tonne le chef de file des rouges au Parlement. «Twa to idio, to mama, to papa!» réplique le ministre de la Sécurité sociale. La réponse déclenche la colère du travailliste qui demande l’intervention de la Speaker pour contraindre Sinatambou à retirer ses mots.

Le ministre se rebiffe et reste calé dans son fauteuil. Ce qui agace encore plus Mohamed. Face à la situation qui dégénère, Maya Hanoomanjee tente de raisonner les excités des deux côtés de l’hémicycle. En vain. «Latet porno!» lâche Mohamed en direction de Sinatambou. L’expression arrache un sourire à quelques membres de la majorité. Pendant que les députés de l’opposition se tordent de rire.

Maya Hanoomanjee a fort à faire pour ramener le calme. Mais Sinatambou refuse toujours de retirer ses propos. «He will have to withdraw or else I will kick him», menace désormais l’élu rouge. La Speaker parlemente. Expliquant qu’elle demande au ministre de retirer ses propos. Mais cela ne calme toujours pas Mohamed. «Li pou kone zordi», balance-t-il en regardant le porte-parole du gouvernement.

Celui-ci n’entend pas céder. Il part même à l’attaque. Après s’être levé, Sinatambou affirme désormais que le député travailliste lui a montré ses «private parts». L’incrédulité gagne les travées. La Speaker fait d’ailleurs partie de ceux qui ne comprennent pas le sens de l’accusation du ministre de la Sécurité sociale. Elle dit n’avoir pas vu les «private parts» de Mohamed mais promet d’aller vérifier les enregistrements des caméras du Parlement.

L’élu du no 3 ne cache pas sa surprise. Il regarde ses voisins de travées pour confirmer qu’ils ont bien entendu la même accusation. «Shame! Liar! Liar!» s’emporte-t-il. La Speaker ne lâchant pas l’affaire, Sinatambou se lève pour retirer ses propos. «But the honourable member cannot show his private parts», persiste-t-il. «To pe fantasme, mo krwar», se moque Mohamed.

Le calme à peine revenu, ce sont Aadil Ameer Meea et Ravi Rutnah qui s’invectivent désormais copieusement. «Amenn to bodyguard», lance l’élu mauve au député du ML en lui suggérant de régler leur différend en dehors de l’Assemblée nationale. Maya Hanoomanjee perd patience et ramène bruyamment à l’ordre les deux élus. Qui finissent par obtempérer.

La PNQ se termine sur des nouvelles attaques et allusions, moins intenses. Laissant la place à la première question adressée au Premier ministre par intérim par Shakeel Mohamed. Stoïque, Ivan Collendavelloo répondra aux questions du député rouge calmement et brièvement.

Showkutally Soodhun résume bien l’humeur du Leader of the House du jour. A une allusion de Mohamed à la Freedom of Information Act, mise en avant par le ML à sa création, alors que son leader refuse de répondre aujourd’hui, le ministre du Logement et des Terres répond : «Li pa pou donn repons», nargue Soodhun. Pendant que Collendavelloo, resté assis, regarde passer le commentaire de son opposant.

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