Alors que la communauté internationale a les yeux braqués sur les Talibans au Pakistan, il y existe un problème tout aussi grave : le travail forcé. Andrew Forrest, ponte du secteur minier en Australie, propose, lui, une solution. Qui permettra au Pakistan de « libérer son potentiel économique » en échange de réformes sur la main-d’œuvre, a-t-il déclaré à The Australian. L’annonce a été faite au récent Forum économique mondial de Davos.

Le magazine Time explique que l’Asian Development Bank estime à 1,8 million le nombre de personnes employées dans la fabrication de briques, cela pour un salaire de misère et des conditions de travails inhumaines. Pieds nus, les ouvriers cassent des pierres, empruntent des planches précaires pour alimenter les fours. Les insultes et les abus sont chose courante.

Le Pakistan est classé 3au Global Slavery Index 2013, indique Time. En d’autres mots, ce serait l’un des pires lieux en ce qui concerne la servitude pour dettes et le travail forcé. Le rapport d’ajouter que les efforts du Pakistan pour régler ce problème ont été, « au mieux, de bonne foi, au pire, inexistants ».

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Photo (via Econews.com.au) : Andrew Forest est chairman de Fortescue Metals Group et fondateur de la Fondation Walk Free, engagée dans la lutte contre l’esclavage.

Andrew Forrest, à l’origine de cet indice et également connu pour sa philanthropie, espère ainsi mettre fin à ce qu’il surnomme les « briques de sang ». Il a signé un accord avec le Pakistan pour une étude de faisabilité, à partir d’une nouvelle technologie développée par l’université de Curtin : la « gazéification de la biomasse ». Elle permettra la conversion en diesel du charbon de lignite, jusqu’ici économiquement non viable mais disponible en abondance au Pakistan.

« Le but est l’indépendance énergétique du Pendjab et l’éradication de l’esclavage dans cette province de 100 million d’habitants », a déclaré le philanthrope australien à The Australian.

« Quand quelqu’un meurt, le reste de la famille doit couvrir ses dettes. »

En contrepartie, indique le site du Time, le Chief minister du Pendjab, Shahbaz Sharif, a promis d’introduire des lois plus sévères garantissant un salaire minimum obligatoire et l’abolition de la main-d’œuvre infantile. « Je suis heureux d’annoncer que le Pendjab s’engage à être la première province du Pakistan et à venir à bout de l’esclavage », a-t-il affirmé selon News.com.au.

Shakira Hussein, d’origine pakistanaise et chercheure au National Centre of Excellence for Islamic Studies de l’Université de Melbourne, est cependant sceptique. « L’esclavage, au Pakistan, est générationnel », explique-t-elle au site du Time. « Quand quelqu’un meurt, le reste de la famille doit couvrir ses dettes. Beaucoup d’enfants naissent dans l’esclavage. » Et de citer une série de lois anti-esclavage promulguées dans les années 1990, qui n’ont cependant rien donné.

Andrew Forrest concède que la tâche sera ardue. D’autant que jusqu’à présent, aucune condamnation en cour n’a été enregistrée par rapport aux lois criminalisant le travail forcé. « Je ne peux les empêcher d’avoir recours à des esclaves. Cela relève de la responsabilité des organismes chargés de l’application de la loi », précise-t-il au Time.

« Mais les choses doivent changer. Et le changement a toujours besoin d’un catalyseur. »

Photo principale (Agence France-Presse – Tariq Mahmood) : Au Pakistan, des enfants participent aussi à la fabrication de briques.

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