Photo (Adam Ferguson/Bloomberg News via ThePrint.in) : Pervez Musharraf, alors président du Pakistan, en conférence de presse à Islamabad, Pakistan, le 11 novembre 2007.

 

Il n’était pas au tribunal lors du verdict. Pervez Musharraf a été condamné par contumace à la peine capitale ce mardi 17 décembre. Exilé à Dubayy, l’ex-président du Pakistan a été reconnu coupable de «haute trahison», ayant imposé l’état d’urgence en 2007, en violation de la Constitution.

Deux des trois magistrats siégeant sur le tribunal antiterroriste spécial mis sur pied pour juger Musharraf se sont prononcés en faveur de sa condamnation, indique Le.Figaro.fr.

La nouvelle a été diffusée sur Radio Pakistan, un média d’Etat. Cette condamnation est inédite, selon LeMonde.fr, l’armée étant «souvent considérée comme à l’abri des poursuites». Pour Akhtar Shah, qui défend le général aujourd’hui âgé de 76 ans, celui-ci «n’a rien fait de mal». L’avocat, dans une déclaration à l’AFP, a souligné que : «Il avait l’immunité. Il était le chef d’état-major, il était le président du Pakistan et le commandant suprême des forces armées.»

Musharraf n’a pas assisté à son procès alors qu’il «voulait rentrer au Pakistan pour témoigner», a observé son homme de loi. Et d’ajouter que le général craignait toutefois pour sa sécurité et s’attendait à des garanties à ce sujet.

La décision d’imposer l’état d’urgence a été prise le 3 novembre 2007 (pour être levé le mois suivant). Pervez Musharraf s’était justifié en invoquant «la défense de l’unité nationale face au terrorisme islamiste et l’opposition de la Cour suprême, qui devait se prononcer sur la légalité de sa réélection un mois plus tôt, pour suspendre la Constitution», selon Le Monde dans son édition en ligne.

Cette mesure, qui s’est révélée impopulaire, était nécessaire car «le terrorisme et l’extrémisme sont à leur apogée», avait alors affirmé Musharraf. Tout en s’attaquant au «militantisme judiciaire».

Pervez Musharraf est «malade», a affirmé son avocat ce mardi. Le général, arrivé au pouvoir en octobre 1999 suivant un coup d’Etat, s’était autoproclamé président en juin 2001. Durant son mandat, le Pakistan a vu décoller sa croissance économique et sa classe moyenne se développer. Et alors que les relations avec l’Inde rivale étaient tendues, l’armée a «jou[é] la carte de l’apaisement», note Le Monde.

Il a subi de virulentes critiques, ses adversaires lui reprochant une dérive «dictatoriale», «le renvoi ‘illégal’ de juges de la Cour suprême qui lui faisaient front, l’imposition de l’état d’urgence et l’assaut sanglant contre des islamistes lourdement armés réfugiés dans la mosquée Rouge d’Islamabad à l’été 2007».

Musharraf avait démissionné en août 2008, face à une impopularité et une pression croissante de la part de l’opposition et de la justice. Avant de s’exiler à l’étranger, se partageant entre Londres et Dubayy.

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