« Angaze. Edike. Dibout lor to lipie. » C’est le thème choisi cette année pour l’International AIDS Candlelight Memorial. La cérémonie nationale en mémoire des personnes mortes du sida aura lieu ce dimanche, au Caudan Waterfront.

Les diverses associations partenaires de l’événement seront sur le front de mer pour des activités de prévention et d’information. Le public pourra aussi connaître son statut sérologique à travers un dépistage rapide qui sera effectué sur place. Un test jugé nécessaire, que l’on ait eu ou non des comportements à risque. Les acteurs dans ce domaine estiment qu’il y a « environ 2 000 cas des PVVIH [personnes vivant avec le VIH] qui ignorent leur séropositivité ». Pourquoi ? Ils ne se font pas tester, par « crainte d’être jugé par ses proches et la société ».

La campagne de cette année est donc articulée autour de la stigmatisation et de la discrimination. Des questions douloureuses auxquelles Nicolas Manbode n’est pas étranger. Le nouveau coordinateur national de l’événement ne s’en cache pas : « Je suis un ex-toxicomane, j’ai arrêté depuis environ six ans. J’ai aussi révélé publiquement ma séropositivité pour le ‘Candlelight Memorial’ de l’année dernière », raconte celui qui remplace Danny Philippe. Celui-ci passe la main au bout de dix ans.

« Je connais donc la stigmatisation dont sont victimes les toxicomanes et les séropositifs pour l’avoir vécu », confie Nicolas Manbode. « J’ai subi des discriminations directes suite à mon ‘disclosure’ l’année dernière. Je travaillais à mon compte, j’ai perdu des contrats. » Une affaire en Cour le rattrape au même moment, il est condamné. « J’ai fait des bêtises, cela date de 2008. Je reconnais et j’accepte ce que j’ai fait », déclare simplement le jeune homme.

Il ne perd cependant pas espoir. Grâce au soutien de sa famille et de ses proches, il reprend pied. Actif dans le travail social depuis 2011, il a aussi été membre du réseau Vivre+. C’est donc toute naturellement qu’il rejoint le Collectif Urgence Toxida et s’engage dans la réduction des risques. Sa condamnation ? « Elle n’affecte pas ma conviction à continuer le combat au nom des séropositifs et des toxicomanes », dit Nicolas Manbode.

Il est aujourd’hui engagé, en tant qu’Outreach Worker, dans le programme de distribution de seringues. Les chiffres disponibles, indique un communiqué de la branche, montrent « depuis un an une hausse de la prévalence du VIH parmi les personnes qui s’injectent des drogues ». Ainsi qu’une baisse dans le nombre de tests de dépistage effectués en 2015, comparé à 2014. « Une situation qui peut être jugée préoccupante », note le communiqué.

Il faudrait « évaluer les effets des programmes VIH mis en œuvre au niveau national », estime le comité de coordination locale du Candlelight Memorial. Notamment au vu des « mauvaises politiques renforçant l’épidémie », des « soins et traitements (…) dans le service public [qui] demeurent sans grande amélioration », et du suivi médical des PVVIH qui « reste insatisfaisant ».

La thématique choisie cette année pour le Candlelight Memorial – « Angaze. Edike. Dibout lor to lipie » – veut mettre en lumière les droits des PVVIH. Elle met aussi l’accent sur la nécessité de tout un chacun – au niveau des quartiers, de l’Etat, des partenaires – de s’engager dans la lutte contre la maladie et de continuer à informer sur le VIH.

Rendez-vous est donc pris au Caudan Waterfront à partir de 16h30. La cérémonie de commémoration démarrera vers 18h30 et sera animée par Marie-Michèle Etienne. Divers artistes y participeront, dont Eric Triton, Ludmila Ono, Mika Ramsamy, Panthère noire, le Collectif SWAT, Les Inkonus et le slammeur Yvan Lafleur.

La région de Mangalkhan, à Curepipe, tiendra aussi sa veillée à la bougie, de 17h à 19h, ce soir.

Photo (Aids Candlelight Memorial MORIS/Facebook) : Nicolas Manbode à la cérémonie de Candlelight Memorial qui a eu lieu au Morne, il y a deux jours. Des cérémonies similaires se sont tenues à Pointe-aux-Piments et Baie-du-Tombeau, hier.

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