« Je ne suis personnellement pas satisfait », a dit sir Anerood Jugnauth au Parlement aujourd’hui. Le Premier ministre (PM), lors de la Private Notice Question, faisait référence aux circonstances entourant la libération sous caution des cinq policiers accusés d’avoir « torturé » Iqbal Toofany. Ce Vacoassien est décédé, le lundi 2 mars, alors qu’il était en détention policière.

Cette « insatisfaction », le Premier ministre (PM) affirme l’avoir communiqué au Commissaire de police. Tout comme il a insisté pour « une enquête juste et impartiale ». Aucun abus de la part de policiers, aucune « brebis galeuse » ne seront tolérés, a-t-il insisté.

Les raisons invoquées par la police pour ne pas avoir émis d’objection : les policiers incriminés, qui ont entre-temps été suspendus de leurs fonctions, ont nié les accusations portées contre eux. Et ils ont été accusés de « torture by public officials ».

Paul Bérenger a souligné qu’il peut y avoir, dans cette affaire, une perception de justice à deux vitesses. SAJ a réaffirmé qu’il trouvait « étrange » que la police n’ait pas objecté, « comme si dans ce pays, il y avait deux catégories de citoyens ».

Sir Anerood Jugnauth a fait état de la rencontre entre le père d’Iqbal Toofany, son homme de loi Erickson Mooneeapillay et le directeur des poursuites publiques (DPP),  le 5 mars dernier. Ce dernier a expliqué qu’il n’y avait pas de « grounds for appeal » pour contester la remise en liberté conditionnelle des 5 policiers suspects dans cette affaire. Or, a noté Bérenger, le DPP est déjà intervenu dans certains cas pour faire incarcérer de nouveau des suspects.

A Shakeel Mohamed qui voulait savoir pourquoi les policiers n’ont pas été accusés de « murder » ou, du moins, de « manslaughter ». Ce à quoi SAJ a répondu que les charges seront modifiées si un prima facie case dans ce sens est établi. Le député rouge est revenu à la charge pour demander au PM s’il était courant qu’Iqbal Toofany était au poste de police de Rose-Hill et non de Rivière-Noire. Et que si cela s’avérait, cela signifie que des personnes, des policiers responsables de la mort de cet homme sont toujours libres. Information que SAJ a dit devoir confirmer.

SAJ a assuré que les interrogatoires seront enregistrés avec les caméras et systèmes audio disponibles aux Divisional Headquarters. Le Commissaire de police, dit SAJ, a aussi pris les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des personnes en détention.

Reza Uteem a, lui, suggéré que soit introduit le principe d’un custodian police officer, indépendant, chargé de veiller au respect des droits des détenus.

Chronologie des événements (selon les éléments fournis par la police)

  • 2 mars, 1h du matin : Iqbal Toofany subit une fouille de routine à Rivière-Noire. La police constate que la vignette d’assurance de la voiture qu’il conduit ne correspond pas aux plaques d’immatriculation du véhicule. L’homme est fouillé et divers objets sont trouvés sur lui.
  • 1h45 : L’homme arrive au poste de police de Rivière-Noire et remis à la CID. Pourquoi ? Le Premier ministre explique qu’il était soupçonné d’être impliqué dans des cas de vol de véhicules dans la région.
  • 10h : Alors qu’il est emmené à la Cour de district de Bambous où une charge provisoire de « rogue and bagabond » doit être logé contre lui, Toofany se plaint de douleurs à l’estomac. Emmené à l’hôpital Victoria pour des soins, il s’effondre et malgré les efforts pour le réanimer.
  • 10h50 : Le médecin constate le décès d’Iqbal Toofany.
  • 17h : Le Chief Police Medical Officer procède à l’autopsie d’Iqbal Toofany. Qui révèle que l’homme est mort d’un œdème pulmonaire sévère mais aussi qu’il porte des blessures au corps. Le Commissaire de police décide donc de référer l’affaire au CCID.
  • 3 mars : Cinq policiers affectés à la CID Western Division sont arrêtés. Le lendemain, ils sont inculpés de « torture by public officials ».

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