C’est dans une vaste mission que s’est lancé le Premier ministre indien. Celle de réformer le système sanitaire de la Grande péninsule et, par là même, tenter de changer les mentalités. Hier, il a ordonné aux quelque quatre millions de fonctionnaires mais aussi à ses ministres de se rendre au bureau en ce jour férié pour célébrer le 145anniversaire de la naissance du Mahatma Gandhi. Pour se mettre à l’ouvrage, oui, en nettoyant leurs bureaux et même les WC.

« N’est-ce pas notre devoir à tous de nettoyer le pays ? », s’est interrogé Narendra Modi. Lui-même s’est armé d’un balai pour débarrasser les rues d’un quartier de Delhi des ordures dont les habitants appartiennent à la caste des Valmiki, considérée comme inférieure. C’est là, entouré de ceux qui, traditionnellement, n’obtiennent pas d’autres emplois que dans le nettoyage – notamment des toilettes – que le PM indien a donné le coup d’envoi de sa campagne Swachh Bharat Campaign (Mission : Une Inde propre).

Quelle meilleure façon d’honorer le Mahatma qu’en lançant, le jour anniversaire de sa naissance, un plan pour nettoyer l’Inde, a dit Narendra Modi. (Gandhi était très pointilleux sur l’hygiène et la propreté.) Modi s’est engagé à ce que le pays soit entièrement propre à 2019. « Nous aurons un pays où il n’y aura même pas un grain de poussière dans nos villages, nos villes, nos rues, nos quartiers, nos temples et nos hôpitaux », a déclaré le Premier ministre.

Fonctionnaires mais aussi écoliers ont juré un « cleanliness pledge » par lequel ils s’engagent à passer au moins 100 heures par an – environ deux heures par semaine – au nettoyage de lieux publics. La population a également été invitée à se joindre au mouvement.

smriti irani

 Photo : Smriti Irani, ministre de l’Education, a suivi l’exemple de son Premier ministre.

Par ce vaste plan nettoyage qu’il tente de mettre en place, Modi veut mettre un terme à une pratique encore trop courante dans la Grande péninsule : celle de faire ses besoins à l’air libre. Près de la moitié de la population – qui s’élève à 1,2 milliard de personnes – n’a pas accès à des sanitaires, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé datant de 2012.

La campagne sera-t-elle efficace pour autant ? Les Indiens vont-ils y adhérer ? La Grande péninsule est souvent décrite comme étant l’un des pays les plus sales au monde. Les détritus jonchent les rues et les murs peuvent être souillés par des crachats et de l’urine. Même les rivières, pas même le Gange, ne sont pas épargnées car utilisées comme des égouts. Selon une étude menée par la Banque mondiale, les décès prématurés et les maladies causées par le manque d’hygiène coûtent 50 milliards de dollars par an à l’Inde.

Modi s’est engagé à ce que chaque maison soit pourvue de sanitaires, et à ce que toutes les écoles soit dotées de toilettes séparées pour filles et garçons. Son programme, dont le coût est estimé à 620 milliards de roupies indiennes, prévoit également l’installation de systèmes d’assainissement, dont le tout-à-l’égout.

En tout cas, le gouvernement a déjà prévu un budget de 146 million de roupies indiennes pour la Mission : une Inde propre. Il compte sur le secteur privé et les organisations internationales pour financer le reste du budget dont le coût total qui est estimé à…. 620 milliards de roupies indiennes.

Sources : Reuters, BBC, The Guardian, Yahoo! News

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