Le chef de l’Église catholique mauricienne appele à l’appaisement. Dans un message publié sur le site du Diocèse de Port-Louis, le Cardinal Maurice Piat fait connaître sa position sur la demande du Comité diocésain 1er Février quant à un recensement ethnique. «Personnellement, je ne suis pas pour un recensement ethnique dont on se servirait pour les élections», fait-il ressortir.

Mené par le vicaire-général du diocèse de Port-Louis, le Comité diocésain 1er Février plaide pour un nouveau recensement ethnique censé démontrer que la majorité n’est plus ce que l’on croit. « Mais il ne précise pas si ce recensement doit être la base d’un futur calcul qui remplacera celui du Best Loser System, ou bien s’il doit seulement être un instrument pour mesurer la représentativité ethnique dans les administrations publiques, paraétatiques etc », remarque Mgr Piat.

«Si les Nations Unies demandent à l’Etat mauricien d’abolir le Best Loser System (et son corollaire qui stipule que chaque candidat, en s’enregistrant, doit déclarer la communauté à laquelle il appartient), c’est pour une raison importante que je partage entièrement : le BLS est fondé sur la conviction que seul un musulman peut protéger les intérêts des musulmans, que seul un créole peut protéger les intérêts de la population générale, que seul un hindou peut protéger les intérêts des hindous, que seul un Chinois peut protéger les intérêts desChinois», ajoute le chef de l’église catholique.

Il nuance cependant ses propos en rappelant que le pays, après 50 ans d’Indépendance, doit avoir mûri. «Même si à la veille de l’indépendance, on peut comprendre qu’on a adopté le BLS pour calmer les peurs des uns et des autres, je pense qu’après 50 ans d’indépendance, notre pays doit devenir plus adulte. Chaque Mauricien élu doit pouvoir comprendre que, peu importe sa communauté, sa responsabilité consiste à s’engager à défendre les intérêts des Mauriciens de toutes les communautés », fait-il ressortir.

« S’il est vrai que beaucoup le font déjà, il est vrai aussi que certains se servent de leur position d’élus au Parlement pour protéger les leurs seulement, aux dépens des autres. Des lois avec des pénalités très sévères doivent être adoptées pour prévenir cela. Et ce qui est plus important encore, les Mauriciens après 50 ans d’indépendance doivent avoir la volonté de se faire confiance mutuellement. Sans cette confiance, nous ne deviendrons jamais un peuple », poursuit le Cardinal.

Il évoque cependant les recrutements sur des bases ethniques qui ont toujours cours au sein de la Fonction publique et du secteur privé. «En ce qui concerne la discrimination ethnique dans les administrations publiques et paraétatiques, elle existe, mais c’est une discrimination qui est très difficile à prouver, mais parce qu’elle prend soin de ne jamais laisser de trace écrite», dit-il.

«Elle prend des formes déguisées qui ont pour but de décourager des personnes de certaines communautés à rester dans les emplois, écoles, administrations où ils été employés ou admis légalement. Les hautes autorités de l’Etat peuvent ne pas être au courant de cela et insister que les critères sont respectés. Mais beaucoup de ceux qui travaillent à un échelon moyen peuvent croire qu’ils font plaisir aux princes en écartant certains subtilement», soutient le Cardinal.

«La vérité oblige à dire aussi que dans beaucoup d’administrations, des personnes compétentes de diverses communautés aiment à travailler ensemble et font du bon travail. C’est cela qu’il faut souligner, encourager, honorer. Dans ce domaine, un recensement ethnique pourrait aider à vérifier qu’il y ait, dans des lieux sensibles comme dans les hôpitaux, la police, les écoles, les prisons, des personnes de communautés diverses pour sécuriser tout le monde», plaide Maurice Piat.

Facebook Comments